Finistère Smart Connect : 1er territoire connecté à l’échelle d’un département

Si l’Internet des Objets (IoT) et les projets de Smart Cities émergent, principalement dans les métropoles, les territoires ruraux et les villes moyennes restent encore trop peu engagés. Pourtant, le Syndicat départemental d’énergie et d’équipement du Finistère, en partenariat avec Eiffage Énergie Systèmes, prouvent que ces expérimentations leur sont aussi accessibles. Antoine Corolleur, président du SDEF1, nous explique le déploiement du projet novateur Finistère Smart Connect, structurant, hors Brest Métropole, le premier territoire connecté à l’échelle d’un département.

L’ambition portée par le projet Finistère Smart Connect doit permettre aux 269 communes et à l’EPCI2 adhérentes au SDEF, d’entrer dans l’ère des villes connectées ou smart-cities », estime Antoine Corolleur. Jusqu’à présent, ce sont essentiellement les métropoles qui se sont lancées dans le développement des applications numériques leur permettant de disposer de nouveaux services. « Faire bénéficier de cette avancée à toutes les collectivités adhérentes au syndicat départemental en leur déployant un réseau public, tel est notre objectif », poursuit le président du SDEF, soucieux de lutter contre la fracture numérique entre métropoles et territoires ruraux. À terme, ce réseau IoT, qui restera propriété du Syndicat, couvrira l’ensemble du territoire finistérien.

Dans la commune d’Audierne, bornes « passage piétons » LED SPass Haute Visibilité, fabriquées par Abel et installées par Ineo Atlantique, sous la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise d’œuvre du SDEF.

Dans la commune d’Audierne, bornes « passage piétons » LED SPass Haute Visibilité, fabriquées par Abel et installées par Ineo Atlantique, sous la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise d’œuvre du SDEF.


Ne pas être dépendant de technologies propriétaires desquelles les collectivités ne pourraient plus se défaire.

4 ANS DE DÉPLOIEMENT

Dans un premier  temps,  le  déploiement du réseau débutera sur l’île d’Ouessant (835 habitants) et dans le périmètre de la communauté de communes du Pays d’Iroise, cette EPCI située au nord-ouest du Finistère, comptant 19 communes et plus de 48 000 habitants. Cette première phase permettra de valider les choix  techniques, de tester le fonctionnement des différentes briques technologiques et logicielles concernant l’éclairage public et la gestion énergétique de certains bâtiments (écoles, salles socioculturelles, mairies…). De plus, seront validées les expérimentations de relève des compteurs d’eau et de détection de fuite, du remplissage des conteneurs de déchets en apports volontaires, et, ultérieurement, de la gestion des stationnements. des panneaux à messages variables… « À l’issue de cette première phase de déploiement et de la confirmation du bon fonctionnement de l’ensemble de la chaîne de transmission des données, ainsi que des choix techniques nous étendrons le réseau sur l’ensemble du département », poursuit Antoine Corolleur. Notamment au niveau de l’éclairage public, le SDEF gérant plus de 75 700 points lumineux et 3 500 armoires de commande, dans les communes ayant transféré leur compétence. Enfin, lorsque ce déploiement sera terminé, seront proposées, aux collectivités adhérant au SDEF, les applications testées dans le Pays d’Iroise. « Nous avons considéré qu’une période de 4 ans permettrait “d’asseoir” la pertinence de ce réseau et de conforter son fonctionnement auprès des collectivités. »

POURQUOI CHOISIR LORAWAN ?

« Le choix d’un réseau de communication LoRaWAN répond à la volonté du SDEF d’être propriétaire de son réseau et de s’affranchir de tout abonnement ou lien avec un opérateur », explique Romain Fourny, responsable de projets chez Eiffage Energie Systèmes (direction régionale ouest). À la différence, estime-t-il, de la technologie propriétaire Sigfox fonctionnant sur un principe d’abonnement en fonction du nombre d’objets connectés. « La souveraineté obtenue par le SDEF avec un réseau LoRa lui assure, après l’investissement initial, de bénéficier d’un coût de fonctionnement fixe et d’une autonomie dans ses choix de gestion », précise Romain Fourny. Et d’ajouter que la couverture Sigfox ou LoRa est disparate en fonction des zones géographiques et du niveau de performance à atteindre (Indoor, Outdoor, DeepIndoor).
À ce propos, la réalisation
d’une étude de couverture, dédiée aux quatre types de métiers déployés (éclairage public, télé-relevés des compteurs, gestion énergétique des bâtiments, gestion et optimisation des déchets), déployés sur les communes de gérés par le SDEF, permet de mailler le territoire et de dimensionner efficacement le nombre d’antennes en fonction des performances et de la fiabilité recherchée, « sans être contraint par le niveau de couverture d’un réseau existant ».
Enfin, le dimensionnement du réseau LoRaWAN permet notamment la «diversité», chaque capteur étant couvert, au minimum, par deux antennes. « Ce choix fiabilise l’architecture du projet », conclut Romain Fourny.

UN RÉSEAU OUVERT

Actuellement unique en France, d’autres syndicats s’intéressant à cette solution et certains ayant même entrepris de premières expérimentations, le projet finistérien repose d’abord sur « la création d’un réseau d’objets connectés à l’usage de services publics traditionnels destinés aux collectivités », répète Antoine Corolleur, pour qui, ensuite, « d’autres applications, portées par ce réseau, se développeront inéluctablement ».

Dès la création de ce projet, une volonté politique a clairement été affichée : « Ne pas être dépendant de technologies propriétaires desquelles les collectivités ne pourraient plus se défaire, au risque d’être contraintes à payer le prix fort. » Par exemple, les compteurs d’eau connectés et leur système logiciel restent souvent la propriété de fermiers qui, lors de renouvellement d’un affermage ou d’une concession, brident le choix des élus. D’où le développement d’une infrastructure ouverte LoRaWAN comme réseau de communication (voir encadré ci-contre).

Avec un réseau public, cette dépendance disparaît puisque les collectivités restent propriétaire des réseaux de collecte ainsi que des systèmes informatiques et logiciels, tout en mettant à disposition des collectivités et des entreprises partenaires les données recueillies.

POUR LE QUOTIDIEN DES HABITANTS

« Le premier intérêt de ce réseau IoT bénéficiera d’abord aux collectivités qui mesureront l’avantage apporté par l’indépendance de la maîtrise de ces données », considère le président du SDEF. Les services concernés visent le quotidien des habitants, notamment pour :

  • la gestion de l’éclairage public, ajustement aux besoins de chaque collectivité et de leurs habitants : extinction nocturne, abaissement de puissance, détection des dysfonctionnements, adaptation de l’allumage nocturne aux événements festifs ou autres… ;
  • la gestion des compteurs d’eau, suppression de la relève par agents souvent confrontés à des difficultés d’accès, détection de fuites et meilleure maîtrise de l’usage de l’eau ;
  • la gestion énergétique des bâtiments collectifs, les alertes transmises par les capteurs, (températures, pollution de l’air, présences, hygrométrie…) permettent de maîtriser les coûts liés aux dysfonctionnements, à la maîtrise des dépenses énergétiques, à la sécurité des lieux… ;
  • la gestion des conteneurs de déchets en apports volontaires, les informations de remplissage, transmises par des capteurs, permettent d’optimiser les circuits de collecte ;
  • enfin, la gestion des parkings en zones denses assure de mieux organiser les stationnements (affichage des places disponibles, gestion du trafic à distance…).
Commune du Plourin, la maison communale place An Ty Kear.

AU-DELÀ DE L’ÉCLAIRAGE PUBLIC

Le SDEF exerce la gestion de l’éclairage public dans plus de 220 communes finistériennes, plusieurs autres réfléchissant à lui transférer cette compétence exigeant de plus en plus d’expertises. Au-delà de l’éclairage public, la gestion énergétique des bâtiments représente, aussi, l’une des applications bénéfiques aux communes, surtout celles ne possédant pas la compétence technique suffisante, alors qu’existe un gisement d’économies d’énergie potentiel dans les bâtiments publics. « Au fur et à mesure du déploiement de la mutualisation de services, des économies substantielles pourront ainsi profiter aux collectivités qui disposeront d’un service public plus réactif et moins dispendieux », conclut Antoine Corolleur.

1 Rappelons qu’Antoine Corolleur occupe également la fonction de secrétaire au sein du bureau de la FNCCR (Fédération nationale des collectivités concédantes et régies).

2 EPCI, Établissement public de coopération intercommunale.

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