Opportunités sanitaires et bonnes pratiques

DÉSINFECTION PAR LA LUMIÈRE UV-C

Une originalité marque cette présente édition : le pluriel de cette rubrique qui réunit deux pionniers de la désinfection par la lumière UV-C. À savoir, la multinationale Signify et la PME auvergnate Dietal. « L’heure des technologies d’éclairage UV-C a sonné », considèrent, conjointement, François Darsy et Jean-Pierre Cercley1. Tous deux sont prêts à répondre à la demande impétueuse de nouvelles applications sanitaires… tout en insistant sur l’importance de bonnes pratiques.

Le rayonnement UV-C représente une technologie mature dont l’efficacité pour la désinfection n’est plus à démontrer. » En effet, rappelle François Darsy, cette catégorie de rayonnement ultraviolet, dont les longueurs d’onde sont comprises entre 100 et 280 nanomètres (avec un pic d’efficacité germicide à 265 Nm)2 est utilisée, depuis 1910, lorsqu’il a été découvert qu’elle constituait un outil efficace pour prévenir la propagation de maladies. En effet, la lumière UV-C inactive les virus et les micro-organismes tels que les bactéries, les moisissures, les spores, les champignons et les levures, en détruisant leur ADN (acide désoxyribonucléique) ou leur ARN (acide ribonucléique). Largement utilisés pour désinfecter rapidement et efficacement l’eau, les surfaces et l’air, les UV-C sont mis en œuvre, « de façon plus durable et plus respectueuse de l’environnement », que la majorité des autres moyens de désinfection (ozone, ionisation, agents bactériologiques et chimiques…). Par ailleurs, souligne François Darsy, « l’atténuation de la propagation de toute maladie infectieuse se traduit par un impact positif tant au niveau de la santé de chacun qu’à celui des intérêts sociaux et financiers ».

© Signify
© Signify

Les luminaires Philips UpperAir émettent un étroit mais puissant faisceau UVC dans la partie supérieure de la pièce, permettant de désinfecter l’air en continu, alors que l’espace est occupé sans danger pour les personnes.

UNE EFFICACITÉ CONFIRMÉE
Le 16 juin 2020, le National Emerging Infectious Diseases Laboratories de l’université de Boston et Signify ont confirmé les résultats de recherches validant l’efficacité des sources de lumière UV-C sur l’inactivation du SRAS-CoV-2.
D’autres preuves de cette efficacité, ainsi que des résultats de recherches portant sur le dosage nécessaire pour atteindre le niveau de désinfection souhaité, se multiplient. Par ailleurs, plusieurs scientifiques et experts confirment le potentiel des UV-C pour lutter contre l’actuelle pandémie.
Jean-Pierre Cercley précise, quant à lui, que les tests effectués, sous le contrôle du laboratoire indépendant marseillais Eurofins Biotech-Germande (l’un des leaders mondiaux des services bio-analytiques), font état de l’élimination de 99,9 % de tous les coronavirus (Covid-19, SRAS, MERS)… en une heure.

POUR QUELLES APPLICATIONS ?

Les technologies de désinfection par la lumière UV-C sont appliquées à 3 principales solutions de mise en œuvre :

  • la désinfection de surfaces par des luminaires fixes tel l’Optimo UV-C hybride développé par Dietal ;
  • la désinfection d’objets à l’aide d’un caisson de désinfection tel le Bioshift de Signify ;
  • la désinfection de l’air via, par exemple, le plafonnier de désinfection aérienne, installé au niveau de faux plafond, proposé par Signify.

Mais prudence ! Ces trois solutions imposent d’indispensables précautions d’usage car, prévient Jean-Pierre Cercley, « ces dispositifs produisent des irradiances supérieures aux limites d’exposition humaine, classées groupe 3 parmi les risques ». En conséquence, poursuit-il, « il est impératif de ne pas pouvoir activer ces dispositifs si des personnes sont présentes dans les locaux… a fortiori s’il s’agit d’établissements recevant du public ».

© Dietal
© Dietal
© Dietal
© Dietal

Le 12 octobre dernier, Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, a lancé un plan d’investissement de 10 millions d’euros pour équiper les lycées et écoles de systèmes de purification de l’air. Trois innovations, uniquement développées par 9 entreprises de la région, ont été sélectionnées : ozone, photocatalyse et rayonnement UV-C, solution proposée par Dietal, actuellement testée dans les locaux du lycée polyvalent Lafayette de Clermont-Ferrand.


LA FILIÈRE SE STRUCTURE

Pour répondre, tout à la fois, à l’enjeu sanitaire et à la maîtrise de la mise en œuvre en toute sécurité, la filière éclairage se structure. Citons principalement :

  • au sein du Syndicat de l’éclairage, la création d’un groupe de travail spécifique, animé par Sébastien Flet Reitz, par ailleurs directeur technique du syndicat ;
  • la mondiale GLA (Global Lighting Association), travaille à des directives de sécurité UV-C, tandis que Lighting Europe invite à intégrer la désinfection UV-C dans la politique européenne de rénovation des bâtiments ;
  • le Cluster Lumière se mobilise après avoir lancé un groupe de travail collaboratif « lumières non visibles, applications des UV-C » ;
  • le LGE (Lighting Grand Est), en partenariat avec le Cluster Lumière, organisera son 2e Webinaire a« l’expérience UV-C », le 2 décembre prochain (de 10 h 30 à 11 h 30).

Enfin, dans un communiqué publié en mai dernier, l’AFE souligne une réflexion du Dr Peter Blattner, président de la CIE (Commission internationale de l’éclairage) : « Le rayonnement UV a un grand rôle à jouer dans la désinfection de l’eau, de l’air intérieur et des surfaces. » Toutefois, prévient-il, « il peut être dangereux s’il est utilisé de manière inappropriée ».

POUR UNE MISE EN ŒUVRE SÉCURISÉE DES PRODUITS QUI PEUVENT EXPOSER LES PERSONNES

Deux méthodes permettent de garantir une mise en œuvre sécurisée :

  • passive, consistant en une consignation des locaux équipés de dispositifs UV-C, supposant un verrouillage d’accès physique et un contrôle systématique d’absence préalable à la désinfection. Cette méthode nécessite un protocole strict d’information et de gestion des accès, ces derniers ne devant pas être trop complexes à gérer (exemple, plusieurs portes). La mise en route ne doit être possible que depuis un interrupteur à clef ;
  • active, portant, pour les zones complexes, sur l’utilisation d’au moins deux méthodes complémentaires de coupure des UV-C par les dispositifs eux-mêmes. Ces méthodes peuvent, par exemple, être des capteurs de présence (au moins deux en série), un capteur et des horloges, etc., afin de garantir que les utilisateurs ne puissent être exposés accidentellement lors d’une intrusion. Le réglage de ces dispositifs ne doit pas être possible sans mot de passe.

En complément de ces méthodes de protection, il est impératif, pour les fabricants et les installateurs, d’avertir et de former leurs clients et les utilisateurs finaux aux risques induits par ces techniques de désinfection. Il est également indispensable qu’un signalement de mise en route des dispositifs soit clairement visible par les utilisateurs, le rayonnement UV-C n’étant pas visible (ajout de LED de couleur, de panneau « danger UV-C », etc.). À noter que ces informations, en grande partie, présentes sur les documentations et notices des fabricants, ne sont pas toujours prises en compte par les utilisateurs finaux.

« En conséquence, ces précautions, indispensables aux usages des sources UV-C, impliquent qu’elles ne sont pas destinées, par nature, au marché grand public. Elles sont exclusivement réservées à des marchés professionnels, installés par des personnels avertis et formés aux risques et usages des ultraviolets », conclut Jean-Pierre Cercley.

Jacques Darmon

1 Respectivement chef des marchés « bureaux et industries » chez Signify-France et responsable « développement technique » chez Dietal.

2 Dans la plage 100 nm-280 Nm, le plus souvent à un niveau de longueur d’onde centrées sur 265 Nm (pic d’absorption des nucléolites).

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