Mutation accélérée vers l’éclairage LED

PARIS-ORLY, CHARLES DE GAULLE, LE BOURGET

En février 2017 (voir LUX 290), Aurélien Rodon, responsable du pôle Équipements électriques au sein du département Infrastructures du Groupe ADP, nous présentait les premiers déploiements d’éclairage LED sur les aires de stationnement avions. Deux années plus tard, où en est-on sur les plateformes aéroportuaires ?

L’aéroport du sud parisien est le plus avancé au niveau des éclairages LED. En effet, entre 2016 et 2018, les aires éloignées ont été traitées, avec un gain de puissance conforme aux attentes : à savoir une économie de 50 % par rapport aux anciens projecteurs SHP. Cela contribue à l’atteinte des objectifs élevés du Groupe ADP en termes de réduction d’émission de CO2. Par ailleurs, la technologie LED a également permis d’autres améliorations de la qualité de lumière. Le remplacement des luminaires équipés de lampes SHP génère une lumière blanc neutre avec un IRC >70. En rappelant que l’IRC minimum de 20 exigé par la normalisation et que les luminaires SHP atteignent un IRC de 25, on perçoit l’avancée apportée par la technologie LED.

PARIS-ORLY, BIENTÔT 100 % LED

Le déploiement s’est  poursuivi,  sur les dernières infrastructures mises en service, avec l’installation de 30 projecteurs Optivision LED fournis par Signify. Mise en service en avril dernier, la nouvelle aérogare Orly 3 est équipée de 45 projecteurs Guell 4 fournis par Per- formance In Lighting. Dans quelques semaines vont débuter les travaux de rénovation sur les aires d’Orly 2 (anciennement halls 2 et 3 du terminal Ouest) avec la dernière génération des projecteurs Optivision LED Gen3 (voir p.18) offrant une meilleure efficacité énergétique. « Avec l’engagement des équipes du Groupe, tant côté exploitation que côté maîtrise d’œuvre, l’ambitieux objectif annoncé il y a trois ans porte sur 80 % des postes avions éclairés en LED d’ici fin 2020, sera dépassé, pour atteindre plus de 90 % », se plait à souligner Aurélien Rodon. Les projecteurs sont équipés du système DALI, permettant un pilotage automatique de la gradation (réduction à 30 % pendant les heures de couvre-feu) et un retour immédiat sur les éventuelles pannes. La supervision mise en œuvre (par automate et liaison fibre optique) permet également une adaptation de la consigne d’éclairage (niveaux d’éclaire- ment « normal » et « réduit » à 10 lux).

PARIS-CHARLES DE GAULLE : LANCEMENT DU DÉPLOIEMENT LED

Le déploiement de l’éclairage LED sur CDG, moins avancé, va connaître une nette accélération d’ici 2025 avec en ligne de mire un triplement du nombre de postes éclairés en LED. Par ailleurs, alors que les aires du Terminal 1 ont été rénovées en LED en 2018, les équipes du Groupe débutent les études du futur Terminal 4, dont les aires seront conçues suivant les derniers standards du Groupe.

ET LE BOURGET ?

La troisième plateforme parisienne a également débuté sa mue : une première aire de stationnement est éclairée en LED, et un projet sera me- né en 2020 pour une grande partie des parkings avions. De quoi apporter une réponse aux enjeux de sécurité aéronautique, une amélioration du confort et une économie de maintenance et de consommation.


ARRÊTÉ « NUISANCE LUMINEUSE » AIRES AÉRONAUTIQUES PAS CONCERNÉES

À la lecture du décret « Nuisances lumineuses » de décembre 2018, Groupe ADP a fait préciser, par le ministère de la Transition écologique et solidaire, au niveau du champ d’application de l’article premier, que les aires aéronautiques n’étaient pas concernées par le texte. Toutefois, les engagements environnementaux du Groupe ont poussé les concepteurs à en analyser l’impact : en effet, garantir la sécurité des pilotes et des passagers ne doit pas se faire à l’encontre de ces engagements.

40 LUX SHP = 20 LUX LED

Ne pouvant anticiper le ressenti des opérateurs avec le changement de technologie d’éclairage, les niveaux d’éclairement initialement demandés s’élevaient à 30 lux, alors que les niveaux classiques obtenus avec des lampes SHP (Sodium haute pression) atteignaient de l’ordre de 40 lux. Des niveaux qui restent toutefois supérieurs à ceux requis par la réglementation aéronautique, régie par l’Agence européenne de la sécurité aérienne et, plus particulièrement, selon l’article CS ADR-DSN.M.750.

Emmanuel Dovetta, responsable du pôle patrimoine et projets aéronautiques sur Orly, rapporte qu’à la mise en service des premiers nouveaux équipements d’éclairage, l’ensemble des opérateurs travaillant sur le tarmac ressentaient « une impression de jour en pleine nuit ! ». Dans ces conditions, le niveau réglementaire suffit pour assurer la sécurité et le confort des opérateurs.

Autrement dit, selon Aurélien Rodon, « le confort visuel est équivalent entre un “40 lux SHP” et un “20 lux LED”, et d’ajouter, cela incite à revoir les normes et décrets pour adapter les niveaux d’éclairement de la technologie LED, en lien avec l’impact du spectre lumineux des sources sur la vision ». Cette adaptation est source d’économie d’énergie importante « à côté de laquelle nous ne pouvons passer ! », conclut-il. C’est précisément l’axe de recherche du Club des clients finaux des LED (CCFL), qui ter- mine la rédaction d’un rapport « Qualité vs quantité », dont la sortie est prévue au cours du premier trimestre 2020.

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