Oodi, une ode à la lecture

Photos v2com © Tuomas Uusheimo
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L’étage supérieur est surnommé « le paradis du livre ». Les rayonnages ont été modifiés afin d’y intégrer l’éclairage sur-mesure contribuant à l’ambiance.

En plein cœur d’Helsinki, à deux pas de la gare, la nouvelle bibliothèque centrale, Oodi, ondule et déploie ses courbes pour mieux laisser entrer lecteurs et lumière naturelle. Signés par l’agence ALA, son architecture et son éclairage définissent des ambiances répondant à ses fonctions variées. La nuit, ce havre de lecture et de découverte diffuse une lumière douce qui anime son contexte immédiat et, telle une lanterne, fait signal dans la ville.

En Finlande, toutes les bibliothèques sont gratuites, ouvertes sur de longues plages horaires, souvent 7 jours sur 7, et très fréquentées. Oodi, « ode » en finnois, est le nom choisi par son personnel et les habitants d’Helsinki, consultés pour définir les usages du nouvel équipement, adaptés à l’ère numérique et à un climat rigoureux une bonne partie de l’année. Les choix en matière de lumière définis par les architectes de l’agence finlandaise ALA eux-mêmes mettent en avant ce qui se passe à l’intérieur plutôt que le bâtiment en soi. Aucun éclairage architectural n’illumine les façades, au contraire, l’édifice diffuse à la nuit tombée une lumière qui émane principalement de son rez-de-chaussée et du dernier niveau, entièrement vitré sur son pourtour. « De cette manière, l’apparence du bâtiment change de façon assez spectaculaire, à mesure que différents aspects sont accentués selon les heures claires et sombres de la journée, décrit Niklas Mahlberg, chef de projet pour ALA. Le soir, la canopée formée par le porte-à-faux au-dessus de l’entrée illumine la place abritée et se transforme en une scène. »

TROIS NIVEAUX, TROIS AMBIANCES

Inaugurée en décembre 2018, la bibliothèque s’organise sur trois niveaux, chacun ayant son ambiance propre. Au rez-de-chaussée, le vaste hall d’accueil peut accueillir et s’adapter à toutes sortes d’événements ; le premier niveau comprend des salles de jeux, des espaces de travail et un « atelier urbain », un lieu de rencontre qui se développe sur des plateformes formant de vastes marches. Le dernier niveau évoque plus une bibliothèque traditionnelle avec son immense salle de lecture, ses rayonnages et son café, le tout ouvert à 360° sur la ville. « Le schéma d’éclairage devait être en phase avec le concept architectural, décrit Niklas Mahlberg. Chaque espace disposait donc d’une solution d’éclairage spécifique. Comme nous avions le contrôle de la conception de l’éclairage et que nous étions également présents en continu sur le chantier, nous pouvions facilement faire le suivi de tous les problèmes et, si nécessaire, proposer des solutions qui étayaient notre concept initial. Dans la plupart des cas, les appareils d’éclairage sont subtils et se fondent parfaitement dans l’architecture, disparaissant dans l’arrière-plan. » Une intégration qui tient effectivement à la double compétence des concepteurs pour qui l’éclairage, naturel et artificiel, fait partie intégrante de la boîte à outils architecturale. C’est pourquoi les apports solaires sont privilégiés car ils permettent de réduire la consommation énergétique, et donc l’empreinte carbone de l’édifice (sur un cycle de vie estimé à 150 ans), tout en étant maîtrisés à l’étage supérieur, par le biais d’un filtre imprimé sur les vitrages et de stores intérieurs.

v2com © Iwan Baan
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Photos v2com © Iwan Baan
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En haut à gauche. Au troisième et dernier niveau, la vaste salle de lecture est naturellement éclairée par 14 puits de lumière et des baies vitrées allant du sol au plafond. L’éclairage indirect via des projecteurs fixés sur les piliers et dirigés vers le plafond amplifie l’ambiance éthérée.


En haut à droite. La bibliothèque se situe en plein coeur de la ville, entre la gare, le parlement ou encore le Kiasma, le musée d’art contemporain. Posé là tel un navire, ses façades translucides animent par la lumière les alentours.


Au centre. Le niveau central de la bibliothèque offre un tout autre visage avec le choix de couleurs sombres au plafond sur lesquels se détachent les suspensions.


En bas. Le vaste hall d’accueil se love sous la courbe de la canopée qui protège l’entrée. L’éclairage est directement intégré au lattis de bois, telle une constellation.

LANTERNE ET CINÉMA

Les choix en termes de températures de couleur (de 3 000 K à 4 000 K) ont été guidés par la fonction de l’espace à éclairer, mais aussi par le type de matériau utilisé. L’important par ailleurs était de pouvoir, au moment des heures de fermeture, faire en sorte que le bâtiment ne paraisse pas désert. « Faiblement éclairé, il participe à l’activation de l’espace urbain qui l’entoure », se félicite l’architecte.

Outre tous les services propres à une bibliothèque, Oodi accueille l’Institut audiovisuel national, la cinémathèque qui a quitté sa magnifique salle historique datant de 1927, l’Orion. Devenue le Kino Regina, la lumière y est mise à l’honneur par une enseigne en néon. Des lignes de points lumineux continus sur les murs et le plafond marquent chaque rangée de sièges. Godard peut dormir tranquille, le 7e art a encore de beaux jours devant lui.

Lucie Cluzan

 OODI, BIBLIOTHÈQUE CENTRALE D’HELSINKI, FINLANDE
CLIENT
Ville d’Helsinki
ARCHITECTURE
ET CONCEPTION LUMIÈRE
ALA Architects, Finlande
CHEF DE PROJET
Niklas Mahlberg
LIVRAISON
Décembre 2018
SURFACE
17 250 m2
BUDGET
98 000 000 €
MATÉRIEL
Bega, Erco, Finlight, GDS, iGuzzini, LED Linear,
LTS, Osram, Planlicht, Regent, Zumtobel

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