Les sciences de l’éclairage continuent à réinventer notre quotidien (1ère partie)

EEDAL ET LS:17 À TOULOUSE

Juin 2022, Toulouse succède en même temps à Sheffield en Angleterre et à Irvine, en Californie pour l’organisation conjointe de deux conférences internationales dont les précédentes cessions avaient eu lieu respectivement en 2018 et 2017. Il ne serait pas exagéré de qualifier d’exploit d’avoir ainsi pu rassembler simultanément deux conférences majeures du domaine de l’éclairage. Avec EEDAL (Energy Efficiency in Domestic Appliances and Lighting)1, sur « l’efficacité énergétique des appareils ménagers et de l’éclairage », et LS (Lighting Symposium), sur les « sciences et technologies d’éclairage », il a été ainsi possible de réunir plus de 150 chercheurs venus des cinq continents et partageant les mêmes domaines d’activité. Parmi eux, le Dr Laurent Canale, Ingénieur de Recherche au CNRS (laboratoire Laplace) nous présente, tout d’abord, ces deux institutions internationales essentielles aux connaissances des sciences de l’éclairage et de la lumière.

Améliorer l’efficacité énergétique des appareils du quotidien, des équipements de chauffage et de refroidissement, des équipements concernant les technologies de l’information et de la télécommunication (TIC) et de l’éclairage joue un rôle clé dans la réalisation d’un avenir énergétique et d’un développement socio-économique durables. À grande échelle, réduire notre consommation énergétique réduit notre impact carbone et, dans une certaine mesure, contribue à atténuer les effets sur le changement climatique dus à l’anthropisation.

Dans ce contexte, développer des appareils et un éclairage résidentiels efficaces est essentiel, notamment dans les pays en voie de développement pour réduire les coûts énergétiques des ménages, améliorer les conditions de vie tout en réduisant la pollution locale.

EEDAL ET LS : DEUX INSTITUTIONS DE STATURES INTERNATIONALES

Outre les progrès technologiques et techniques en matière d’efficacité énergétique, une réduction des émissions de carbone ne peut être réussie qu’avec un changement de comportement et d’habitude des consommateurs dans le contexte des modèles d’achat et d’utilisation des produits énergivores. Ces changements doivent être aidés par le développement et la conception de produits « intelligents » permettant une optimisation automatique de l’utilisation de l’énergie et des fluides.


UNE LONGUE PRÉPARATION

Une conférence internationale de cette envergure, c’est avant tout des femmes et des hommes, une équipe, un comité international et un comité local. Pour ne citer que les membres de ce dernier et qui ont œuvré durant des mois lors des préparatifs et durant ces trois jours de conférence : Pr Philippe Arguel, Dr David Buso, Dr Laurent Canale, Lorrain-Alisson Caumon, Pr Yann Cressault, Dr Pascal Dupuis, Jean-Pierre Gex, Dr Jean-Jacques Gonzalez, Dimitrios Kyrginas, Dr Alexandre Le Roche, Dr Gerald Ledru, Dr Dominique Mary, Marc-André Méquignon, Dr Alexandre Poutignat, Dr Émilie Robert, Antoine Salih Alj, Dr Marc Ternisien, Marie Tourneur-Silvain, Pr Georges Zissis.

Mais, pour contraindre le marché, il convient de prendre des directives. Les sujets sur les normes, réglementations et standards ont ainsi eu leur tribune internationale à Toulouse côtoyant aussi bien les derniers développements technologiques et scientifiques ou la protection de l’environnement et la santé humaine que des sujets traitant des climatiseurs, de la télévision ou du covid, le tout animé, présenté et débattu par des chercheurs kenyans, américains, suisses, anglais ou indiens. Tous réunis dans le cadre d’EEDAL, les thèmes de cette conférence internationale concernant nos objets du quotidien à toutes les phases de leur développement : depuis les normes et réglementations, leur conception, leur fabrication, jusqu’au recyclage en incluant également les analyses de cycles de vie (ACV) ainsi que l’impact environnemental. Une institution aussi prestigieuse qu’EEDAL ne pouvait être portée et présidée que par un personnage du même acabit : Dr Paolo Bertoldi. Né en Italie et pratiquant aussi bien la langue de Dante, de Shakespeare ou de Molière, Paolo Bertoldi est docteur en génie électrique de l’Université de Padoue et membre de la commission européenne depuis 1986 ainsi qu’administrateur en charge des programmes réglementaires et volontaires de l’UE pour l’utilisation rationnelle de l’énergie dans les équipements grand public, les bâtiments et l’industrie. Il est également Directeur Général « Énergie et Transport », expert senior en énergie durable, changement climatique et efficacité énergétique à la Commission européenne depuis plus de 26 ans.

En face et aux commandes des conférences « LS » depuis sa quatrième session en 1989, le Professeur Robin Devonshire de l’Université de Sheffield, rejoint dès 2004, et plus tard relayé, par le Professeur Georges Zissis de l’Université de Toulouse III. Ensemble, ils s’illustrent parmi les références scientifiques du monde de l’éclairage. Si la première session d’EEDAL organisée à Florence date de 1997, « LS:17 », avec ses 50 années d’existence fait figure de doyenne et cette grande Dame présente une couverture internationale à l’image de son envergure. Tantôt organisées au Japon (LS:15, Kyoto, 2016), aux USA (LS:13, Troy, 2012), ou en Europe, les conférences LS ont suivi toutes les évolutions et révolutions technologiques de l’éclairage depuis 1973.

UN DEMI-SIÈCLE D’ÉVOLUTIONS

Depuis près d’un demi-siècle, le monde de l’éclairage a vécu de multiples révolutions et des évolutions considérables. Si, pour le grand public, les grandes étapes visibles peuvent se résumer au passage de l’ampoule à incandescence à la lampe fluocompacte puis à celui de la lampe à LED en passant par le ballast électronique des tubes fluorescents, il faut y deviner les forêts de brevets que cachent chacun de ces arbres. Les applications non accessibles au grand public (développement des lampes UV pour le traitement de l’eau ou de l’air, développement des lasers, etc.) ainsi que celles qui ne lui sont pas perceptibles (augmentation de la fiabilité, réduction des coûts de fabrication, normes sur la compatibilité électromagnétique, augmentation de l’efficacité énergétique, amélioration du confort humain, protection de l’environnement, réduction du taux de mercure, etc.) constituent la partie immergée de l’iceberg des sciences de l’éclairage et de la lumière. Qu’il s’agisse de l’éclairage urbain ou de celui des zones aéroportuaires, de celui destiné à l’élevage, à l’agriculture ou l’horticulture, ou encore pour l’aviation comme pour les tunnels, dans le domaine médical ou pour les télécommunications par fibre optique… Les évolutions dans le domaine des sources de lumière et de l’éclairage n’ont jamais cessé d’évoluer et de se réinventer. Les conférences LS, carrefour international scientifique et technologique, en sont le témoin privilégié autant que l’outil car les idées de demain germent bien souvent dans ces terreaux riches de rencontres.

Dr Laurent Canale, Ingénieur de Recherche au CNRS, Laboratoire LAPLACE, Toulouse

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