LES INDUSTRIES DE L’ÉCLAIRAGE S’IMPLIQUENT POUR UNE LUMIERE DE QUALITE AU PROFIT DU BIEN-ÊTRE DES USAGERS

SYNDICAT DE L’ECLAIRAGE

À l’horizon 2030, l’objectif des émissions de gaz à effet de serre, fixé par l’Union européenne (incluant émissions et absorptions), doit s’élever à moins de 55 % par rapport à 1990. Les actions requises, pour y parvenir, concernent, notamment, l’augmentation de l’efficacité énergétique et celle des énergies renouvelables. Des propositions législatives sont attendues d’ici juin 2021 pour mettre en œuvre cette nouvelle ambition. Dans ce contexte, quelles conséquences attendre pour les installations d’éclairage ? Lionel Brunet, à la fois président de Lighting Europe et délégué général du Syndicat de l’éclairage, anticipe les évolutions convergeant vers un objectif fédérateur : la lumière de qualité pour le meilleur bien-être des usagers. Dans ce contexte, s’impose encore plus l’indispensable rénovation des installations, d’autant plus, qu’en septembre prochain, seront augmentés les objectifs d’efficacité de la réglementation énergétique spécifique aux sources lumineuses.


Proposition d’exigences minimales portant sur la qualité de la lumière

LIGHTING EUROPE

L’Union européenne milite largement pour des solutions plus efficaces et durables au niveau énergétique. Pour sa part, en matière d’initiatives environnementales, la France fait preuve d’un activisme exemplaire tandis que Lighting Europe avance des propositions, notamment au niveau de la qualité de la lumière à destination des usagers. Lionel Brunet en témoigne !

Lionel Brunet, pouvez-vous nous expliquer les priorités du Syndicat de l’éclairage, dont vous êtes le délégué général, et celles de Lighting Europe, dont vous venez d’être réélu à la présidence pour un deuxième mandat de deux ans ?

Ces derniers temps, on assiste à une accélération de la production législative et réglementaire en France avec une volonté à peine feinte non seulement d’être le leader européen en matière d’initiatives environnementales, mais aussi de décliner ces textes à Bruxelles lors de la présidence française du Conseil de l’Europe à partir du 1er  janvier 2022.

Sur le plan français, nous restons mobilisés dans l’écriture des décrets et arrêtés de la loi AGEC1, notamment la mise en place des fonds de réparation et de réemploi gérés par les éco-organismes. Sur le plan européen, la priorité reste le sujet « Sustainable Product Initiative », les équipements électroniques faisant partie de son champ d’application. Cette initiative de la Commission européenne révisera la directive sur l’écoconception, et proposera des mesures supplémentaires le cas échéant, visant à rendre les produits mis sur le marché de l’UE plus durables, réutilisables, réparables, recyclables avec la meilleure efficacité énergétique possible. Ces démarches sont parfaitement alignées avec le slogan commun qui rassemble les fabricants et les associations membres de Lighting Europe : « pas de rénovation énergétique sans rénovation d’éclairage », vu leur rythme insuffisant.

Et en matière d’économie circulaire où se situe l’industrie de l’éclairage ?

Les fabricants d’éclairage sont en avance sur la réglementation pour faire de la durabilité leur cheval de bataille : une lampe à incandescence fonctionnait 1000 heures et les halogènes 2 000 ; aujourd’hui les lampes LED durent au moins 15 000 heures ! Concernant la circularité, sur le plan réglementaire et pour la première fois, l’article 4 du règlement d’éco-conception, publié en 2019, introduit une  obligation sur la remplaçabilité des modules LED et drivers. Il faut justifier d’une contrainte technique pour s’y soustraire, par exemple si ce n’est pas approprié pour assurer la protection IP. À ce titre, afin de permettre à tous d’identifier les caractéristiques des luminaires, Lighting Europe a mis au point des symboles permettant d’indiquer sur l’emballage si les composants sont remplaçables, que cela soit réalisé par un professionnel ou par un utilisateur final.

Revenons au premier service délivré par l’éclairage : quid de la qualité de la lumière ? ; n’est-elle pas oubliée en ce moment ?

Selon l’OMS (Organisation mondiale de la santé), la population passe près de 90 % de son temps à l’intérieur d’un bâtiment. C’est même probablement davantage par ces temps de confinement. La qualité de l’éclairage est donc un enjeu critique.

Lighting Europe propose d’imposer des exigences minimales, en s’appuyant sur les normes reconnues comme la NF EN 12 464-1, et de conditionner le versement de certaines aides au respect de ces prescriptions afin d’enclencher un cercle vertueux. Il convient de se rappeler qu’il n’y a pas de solution standard, et que tout projet d’éclairage doit aussi être propre à la perception de chaque usager pour couvrir ses besoins visuels, biologiques et émotionnels. Confort et bien-être à travers l’accès à une lumière de qualité sont aujourd’hui les 2 premières exigences des salariés à leurs postes de travail.

1 Loi anti gaspillage pour une économie circulaire


Une nouvelle étiquette énergétique, pour quoi faire ?

REGLEMENTATION

Le 1er septembre 2021, entrera en vigueur le règlement délégué (UE) 2019/2015 de la commission. Il complète le règlement (UE) 2017/1369 du Parlement européen et du Conseil en ce qui concerne l’étiquetage énergétique des sources lumineuses, et abroge le règlement délégué (UE) 874/2012 de la Commission. Ce règlement modifie l’échelle permettant d’attribuer une classe de performance énergétique aux sources lumineuses. Auparavant classées de E à A++, elles seront désormais classées de G à A. Des réponses aux interrogations suscitées s’imposent.

Que se passera-t-il le 1er septembre 2021 ?

Dès cette date, tous les produits mis sur le marché devront porter la nouvelle étiquette, ceux déjà présents sur le marché pouvant garder leur ancienne étiquette pendant encore 18 mois. Cette période de transition s’achèvera donc le 1er avril 2023, date à laquelle l’ancienne étiquette devra avoir disparu : soit les anciens produits auront été vendus durant la période de transition ; soit il faudra les étiqueter à nouveau.

Quels produits doivent porter cette étiquette ?

Cette réglementation s’applique aux sources lumineuses. Sont donc concernés les lampes et les modules LED destinés à être mis sur le marché. Attention : ils sont également concernés s’ils sont vendus dans un autre équipement. Ce dernier vendu avec sa source de lumière, est aussi concerné.

Les luminaires sont-ils également concernés ?

Ce règlement concerne essentiellement les sources lumineuses. Toutefois, si les luminaires sont vendus avec leur source de lumière (intégrée ou pas), l’acheteur doit pouvoir disposer de la performance énergétique de la source. Le luminaire doit donc arborer une étiquette énergétique : on parle de « containing product ». Si la source est amovible, on affiche la performance de la source. Si la source n’est pas amovible, on considère alors que le luminaire (containing product) est lui-même une source lumineuse. C’est donc la performance du luminaire dans son ensemble qu’il faut afficher.

Une lampe classée « E » est-elle une mauvaise lampe ?

En matière de performance énergétique, il n’y a aujourd’hui plus de mauvaise lampe en raison des efforts constants des fabricants pour améliorer leurs produits. En effet, depuis l’invention de l’ampoule, on n’a de cesse d’optimiser le triptyque flux lumineux / puissance / durée de vie. Lorsqu’on revient à peine 10 ans en arrière,  on  voit les lampes incandescentes de 60 W que l’on vendait encore alors. Aujourd’hui les lampes LED offrent autant de lumière en consommant à peine 7 W. On a donc diminué la puissance consommée de presque 90 % en 10 ans, pour éclairer autant ! L’éclairage représente un secteur pionnier dans le domaine de l’écoconception : la durée de vie des produits est connue, leurs performances sont connues, et fiables. La réglementation n’a fait qu’accompagner une stratégie déjà en place et les lampes les plus énergivores ne sont déjà plus sur le marché depuis un moment. Une lampe classée “E” présente une efficacité lumineuse supérieure à 110 lm/W, ce qui est une très bonne performance !

Est-ce que la performance des lampes diminue ?

Il est essentiel de comprendre que c’est l’échelle de notation qui changera au 1er septembre. Les produits, eux, restent les mêmes ! Les tableaux ci- dessous indiquent les valeurs pour chaque classe, ainsi que les facteurs de correction à éventuellement utiliser.

Pourquoi donc changer d’échelle pour calculer la performance des lampes ?

Avec l’étiquette actuelle, les sources lumineuses sont tellement performantes  qu’elles se retrouvent toutes en tête du classement. Pour l’acheteur, il peut donc être compliqué de comparer leurs performances. La nouvelle étiquette, en permettant une  notation  plus fine, pourra redonner de la visibilité aux produits les plus performants, qui retrouveront le haut du classement. Par ailleurs, les meilleures classes énergétiques (A à C) seront, au début, vierges de produits, afin de laisser de la place  à  l’innovation et au progrès technologique : l’efficacité va encore évoluer, l’éclairage n’a pas fini d’être performant !


Charte LED : que cache-t-elle ?

EN EXCLUSIVITÉ POUR LUX

Sébastien Flet Reitz, porte-parole du Syndicat de l’éclairage, est le principal instigateur de la Charte LED. Il revient sur sa genèse et en explique l’intérêt.

Sébastien Flet Reitz, rappelez-nous la création de La Charte LED !

Au Syndicat de l’éclairage, nous réunissons les fabricants français pour évoquer les actualités de tous leurs métiers : sources lumineuses, éclairage intérieur, éclairage extérieur, ensemble des systèmes permettant le pilotage des installations. Depuis quelque temps, nous sentions l’agacement des industriels face à des allégations souvent très inégales portant sur les performances des produits, voire farfelues. Parallèlement, nous étions fréquemment interpellés par les acteurs de la filière : bureaux d’études, maîtres d’ouvrage et, bien sûr, installateurs électriciens. Ils s’inquiétaient de ne pouvoir comparer sereinement les propositions qui leur étaient faites, le secteur manquant  cruellement  d’une grille de lecture ! C’est la rencontre de ces impatiences, de ces envies communes de parler d’une même voix pour clarifier les critères de performance des luminaires, qui a suscité l’idée de la Charte LED. Je n’ai été qu’un facilitateur pour faire éclore un référentiel commun et normalisé pour la performance des produits LED.

S’agissant d’une charte, signifie-t-elle un engagement des signataires ?

– Assurément ! Tous les fabricants du Syndicat de l’éclairage s’engagent à respecter la Charte LED ; c’est ce qui les différencie des autres. Ils assurent pouvoir communiquer à leurs clients tous les critères référencés dans la Charte LED, dès lors qu’ils sont pertinents pour les projets correspondants. C’est un engagement très fort de transparence et de qualité des données permettant une saine concurrence ainsi qu’une montée en gamme des projets d’éclairage.

Charte Led
Syndicat de l'éclairage
Charte Led
Syndicat de l'éclairage
Mais les critères de la Charte LED sont-ils compréhensibles par tous ?

La Charte LED s’appuie sur des critères normatifs. C’est sa grande force : elle est intrinsèquement consensuelle et légitime, et tous ses critères sont mesurables, le cadre technique pour les évaluer est bien défini. Mais vous avez raison : le rôle du Syndicat de l’éclairage est aussi de rendre ces données compréhensibles par tous, car l’éclairage concerne tout le monde. Pour permettre aux électriciens ou aux architectes de s’emparer davantage du sujet, nous devons vulgariser ce savoir : faire de la pédagogie, voire de la formation. D’ailleurs, la Charte LED comporte déjà des explications simples de chacun de ses critères. Pour aller plus loin, nous avons conçu des visuels (vidéos, gifs) à destination des réseaux sociaux qui permettent d’attirer l’attention d’un public non averti  sur les critères de la Charte LED. Déployés depuis l’automne 2020, ces outils ont permis de faire connaître la charte.

Et demain, quel avenir pour la Charte LED ?

– La filière de l’éclairage dans son ensemble a intérêt à ce que les règles du jeu soient claires et compréhensibles par tous. C’est donc la raison d’être de laCharte LED. La Fédération des distributeurs de matériel électrique (FDME) a compris ces enjeux, d’où la naissance d’un partenariat avec le syndicat pour cette charte. La Fédération nationale des  collectivités concédantes et régies (FNCCR) en fait également la promotion sur son site. Cette vision commune nous permet de poursuivre ensemble un objectif de solutions d’éclairage performantes et à plus forte valeur ajoutée, tout en invitant les autres métiers, en particulier les installateurs électriciens, à nous rejoindre dans cette démarche vertueuse.


Rénover ou ne pas rénover, telle n’est plus la question !

Pourquoi le Syndicat de l’éclairage communique-t-il autant sur la rénovation? Dominique Ouvrard, délégué général adjoint, expert dans le domaine de l’éclairage professionnel, sait qu’un bon luminaire LED, capable de respecter la Charte LED, surpasse toutes les anciennes technologies. Et pourtant,le rythme des rénovations des installations manque d’entrain.

En matière de parc installé, la majorité des installations méritent d’être mises à niveau, avec, à la clef, « des gains rapides et un fort taux de retour » comme le dit France relance. Il n’y a plus de débat.

Pourquoi attendre ?

– En éclairage intérieur, le Guide « Rénover les installations d’éclairage des bâtiments tertiaires »1, rédigé par le Syndicat de l’éclairage avec l’ADEME, évoque, en avant-propos, les bénéfices d’une rénovation rapide de l’éclairage, sans attendre une rénovation globale. Ce qui fait dire à Philippe Pelletier, président du Plan Bâtiment durable, « Pourquoi attendre ? ». C’est évident! Dès que possible, il convient de remplacer ces luminaires fluorescents, équipés de ballasts ferromagnétiques, qui sont de vrais paniers percés énergétiques. « Et pourtant, ils équipent encore la moitié des espaces tertiaires »2, rappelle Dominique Ouvrard. En soulignant que « plus les installations sont anciennes, moins elles sont performantes : rénover permet de diviser par 2, 3 voire 4 la consommation d’énergie ! », il répond aux questions que vous vous posez :

Le décret obligeant certains maîtres d’ouvrage à la rénovation énergétique de leurs bâtiments va-t-il y aider ?

– Peut-être ! Veillons déjà à ne pas rénover n’importe comment. Le Syndicat de l’éclairage réfléchit à une initiative pour attester que l’éclairage rénové respecte les exigences attendues d’une rénovation: puissance maximale installée de 1,6 W/m2 par tranche de 100 lux pour l’éclairage général ; automatismes prenant en compte l’absence des personnes et la présence de lumière du jour. Il y a pléthore de labels pour le neuf et si peu pour la rénovation de l’existant, alors que la réussite de la transition énergétique se joue avec la Réglementation Thermique par éléments !

Et en extérieur, quelle suite est donnée à votre campagne « Éclairer pour avancer » ?

– En éclairage extérieur, la Cour des comptes vient de souligner cruellement qu’il est temps d’entrer dans une gestion plus rationnelle des deniers publics, et que les compétences, les moyens, les besoins se situent au minimum au niveau intercommunal. La gestion de l’éclairage public à l’ancienne a vécu. Et il ne s’agit pas de rénover : l’objectif, c’est de moderniser. Donc c’est le moment de viser juste et loin, car un sous-investissement aujourd’hui risque de coûter pendant 20 ans ou 30 ans.

Contrairement au décret obligeant à faire des économies dans le bâtiment, rien de tel en éclairage extérieur. Sauf pour les luminaires boules, d’ici 2025. L’arrêté nuisances lumineuses n’impose pas de rénover l’éclairage public. Il en avait été question, mais finalement, l’arrêté ne s’applique que si l’élu veut bien rénover. S’il ne fait rien, les nuisances perdureront et la commune continuera à payer des factures d’énergie et de maintenance 3 à 4 fois supérieures à une installation en LED… Avec ce texte en trompe l’œil, la transition n’est donc pas pour demain !

Pourtant, grâce aux usages du numérique, qu’elle peut accélérer, et grâce au réseau disponible qu’elle offre pour leurs déploiements, la rénovation de l’éclairage public peut représenter un outil essentiel de la modernisation et de la revitalisation des territoires. Au-delà des économies considérables, il y a un enjeu de rénovation sociétale.

C’est pourquoi la FNCCR, Le Syndicat de l’éclairage, et le SERCE ont élaboré un dossier de recommandations adressé au Gouvernement afin de démontrer que la rénovation de l’éclairage public est un manque du plan de relance alors qu’elle en relève tous les défis: réduction des consommations d’énergie, de l’impact carbone et des nuisances lumineuses, respect de la biodiversité, projets structurants d’éclairage et développement de nouveaux usages numériques dans les territoires…

1 Rénover l’éclairage des bâtiments tertiaires, guide gratuit réalisé en association avec les organisations représentatives de la distribution et de l’installation électrique (FDME, Serce, FFIE, UNA 3E CAPEB, Fédélec), l’AFE, Ignes et ecosystem.

2 Enquête CEREN2017 pour ADEME, Syndicat de l’éclairage, RTE, Recylum – Éclairage des bâtiments de bureaux.

Pour une interprétation officielle et à
jour de l’arrêté nuisances lumineuses :

www.ecologie.gouv.fr/arrete-du-27-decembre-
2018-relatif-prevention-reduction-et-limitationdes-nuisances-lumineuses

Objectif gains rapides : 1,6 W pour 100 lux par mètre carré. (Extrait du Guide Ademe Syndicat de l’éclairage et filière «Rénover l’éclairage des bâtiments tertiaires»)

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