« L’éclairage représente le réseau d’infrastructure idéal pour l’IoT »

JÜRG ZUMTOBEL (ZUMTOBEL GROUP)

« Ces dernières années, les industriels de l’éclairage ont trop privilégié les économies d’énergie en négligeant la qualité de la lumière. » On doit cette « autocritique » à un leader industriel lui-même lors de l’inauguration, en décembre dernier à Paris, du nouveau Centre des lumières de Zumtobel Group en France. Parmi les invités, le philosophe Raphaël Enthoven.

En proposant une interaction entre lumière et architecture, « nous sommes devenus leader international des solutions holistiques », se félicite le président du Conseil de surveillance de Zumtobel Groupe AG. Et de rappeler, qu’au niveau de l’être humain, cette approche prend en compte les dimensions physiques, mentales, familiales, sociales, culturelles et spirituelles. Ce rappel lui permet d’ajouter que « l’être humain et ses besoins doivent profiter des capacités des systèmes de gestion »1. Évolution que prolonge Thomas Moder, Segment Manager Controls & Connectivity chez Tridonic (filiale de Zumtobel Group) pour qui « l’éclairage représente le réseau d’infrastructure idéal pour l’IoT… et les services associés ».

©Takuji Shimmura
©Takuji Shimmura

Jeu d’ombres sur les murs du learning center du campus universitaire de Luminy à Marseille par Rémy Marciano Architecte.

L’ÊTRE DE LA LUMIÈRE ET L’ÊTRE DE L’OMBRE

Lors de l’inauguration du Centre lumière Zumtobel Group, à Paris, Marcel Masson, nouveau DG de la filiale française, avait convié le philosophe Raphaël Enthoven, régulièrement animateur d’un concert lecture, conduit en duo avec la violoniste Geneviève Laurenceau, intitulé À l’ombre… des lumières. Mais revenons, en extrait, à son intervention de décembre dernier. « L’un des paradoxes attachés à la question de la lumière c’est la question de l’ombre. Bien souvent, en termes de représentation morale de l’existence, on situe la lumière du côté du bien et l’ombre du côté du mal. On oppose ainsi lumière et ombre. Voilà un être lumineux, voilà un être sombre. Et nous faisons comme si c’étaient des qualités. Ce qui est au départ un phénomène physique, revêt une dimension morale. L’être de la lumière et l’être de l’ombre ; celui qui se cache, celui dont il faudrait se méfier. Or, les choses sont plus compliquées. Quand on raisonne ainsi, on oppose la lumière et l’ombre comme on oppose la vérité et le mensonge… et on devient spontanément platonicien. On fait comme s’il y avait la vérité lumineuse en attente d’être découverte, recouverte par de l’ombre, recouverte par le voile des apparences. En balayant le voile des apparences, on fait jaillir la lumière, comme on fait jaillir la vérité qui, comme la lumière, va s’imposer à nous. Sauf que, dit Nietzsche 2 200 ans plus tard, “si la lumière est derrière les apparences, quand tu les balayes, tu fais apparaître la vérité”. Autrement dit, tu ne sors pas des apparences. C’est tout le paradoxe de la lumière. Plus la lumière se répand, plus elle donne le sentiment qu’il y a des zones d’obscurité. C’est la raison pour laquelle, un théoricien du complot n’en aura jamais assez. Imaginez que quelqu’un pense que la vérité, comme la lumière, lui est dissimulée, cette personne verra immédiatement, dans la vérité qu’on lui présente, le parapet de la vérité qu’on lui cache. Croire que la lumière serait au terme de la dissipation de l’obscurité, ou que la vérité serait au terme de la dissipation des apparences, est illusion remontant à la naissance de l’humanité et avec laquelle on n’a pas fini de se battre. »

1 Dès la fin des années 1980, Zumtobel a lancé sa gamme « Luxmate Profesional », développée par Dr Walter Werner, considéré comme le « père » des commandes d’éclairage.

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