« Se pose la question du retrofit dans l’existant »

ÉTIENNE BÉNÉTEAU (ACTILED LIGHTING)

« L’émergence de la technologie LED représente une opportunité exceptionnelle pour le monde de l’éclairage afin de se moderniser et entrer pleinement dans l’ère de l’électronique et du numérique de plus en plus prégnante dans notre vie quotidienne. »

Pour le président d’Actiled Lighting, société qu’il a créée il y a 5 ans pour accompagner l’évolution de l’éclairage vers les Smart Lighting, la mutation vers la LED a d’abord été vue comme une opportunité économique, « réduction de la consommation obligeant ». En conséquence, le marché des sources à LED s’est fortement ouvert à l’Asie… et à sa logique « bas coût » en inondant le marché de produits standardisés.

En France, de nombreuses sociétés se sont créées pour distribuer ces produits made in China et les adapter aux besoins des clients locaux. Leur performance, leur fiabilité et globalement leur qualité n’ont malheureusement pas toujours été au rendez-vous.

« L’image des produits LED en a pâti et certaines de ces sociétés ayant rapidement disparu, le marché de la distribution est en train de se consolider.» Parallèlement, le marché des fonctionnalités intelligentes associées, encore émergent, peine à se déployer au-delà de projets pilotes. « Les modèles économiques doivent devenir matures et les acteurs évoluer dans leur pratique pour accélérer ce mouvement », considère Étienne Bénéteau.

Projet de rénovation d’une salle historique à Nantes : les salons Mauduit. L’éclairage de corniches et de plafonniers en ligne continue a été conçu et optimisé en réponse à des besoins liés à la puissance d’éclairement, à la facilité d’installation et à la mise en place d’un système de pilotage et de gradation économique et simple à utiliser.

Projet de rénovation d’une salle historique à Nantes : les salons Mauduit. L’éclairage de corniches et de plafonniers en ligne continue a été conçu et optimisé en réponse à des besoins liés à la puissance d’éclairement, à la facilité d’installation et à la mise en place d’un système de pilotage et de gradation économique et simple à utiliser.

FACILITER LA MIGRATION DU PARC INSTALLÉ

L’éclairage est encore trop souvent traité comme une fonction utilitaire basique. Toutefois, une partie significative du marché commence à évoluer vers une gestion plus qualitative. Les architectes et concepteurs lumière ont souvent des demandes spécifiques nécessitant une approche projet plutôt que la prescription de luminaires standard disponibles sur catalogues. « Les acteurs capables de traiter ces demandes et de gérer les contraintes d’un projet sur-mesure ne seront peut-être pas nombreux, mais ils devront rester très réactifs pour maintenir des services compétitifs dans un paysage qui va continuellement évoluer », poursuit-il.

Par ailleurs, le contrôle de la fonction éclairage devient également primordial pour bien gérer les niveaux et les périodes d’éclairement adaptés aux usages. Ces évolutions s’inscrivent dans la gestion des bâtiments où les réseaux mis en œuvre peuvent être complexes et coûteux. « C’est un frein au déploiement. Aussi importe-t-il de bien dimensionner les solutions de pilotage pour qu’elles restent simples à installer, à gérer et à un coût maîtrisé. Cette approche permet aussi d’accompagner au mieux la capacité des opérateurs à financer la migration. »

L’évolution du parc de luminaires installés est contrainte par des directives de bannissement de sources trop énergivores. Ces retraits progressifs au profit de la LED donnent le tempo. Toutefois, leur mise en œuvre reste très lente car limitée par les budgets alloués. Pour les éclairages grand public, les lampes LED viennent en remplacement naturel. En revanche, dans de nombreux usages plus spécifiques d’éclairage public, tertiaire ou industriel, la migration est techniquement plus complexe. « La question du retrofit de l’existant se pose alors. Dans certains cas, la valeur du luminaire (matériaux, style, etc.) est telle que remplacer uniquement la source (et son système de pilotage) est économiquement plus pertinent. »

Enfin, l’évolution du marché dépend également de la formation des acteurs de l’ensemble de la filière. La conception des bâtiments est en pleine transition. L’émergence du BIM, la convergence des réseaux, l’évolution des usages dans l’espace public et dans le tertiaire fixent de nouvelles exigences. L’installation, la gestion et la maintenance de systèmes d’éclairage obligent également à acquérir de nouvelles compétences. « C’est actuellement l’un des freins majeurs pour déployer des solutions innovantes », conclut Étienne Bénéteau.

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