Royal, le rétrofit

VERSAILLES

L’éclairage public de la ville de Versailles compte 5 850 luminaires dont, aujourd’hui, 37,4 % du parc utilisent la technologie LED, notamment grâce au rétrofit, solution vis-à-vis de laquelle Patrice Rouget, responsable EP de la ville, est favorable. Il explique pourquoi !

© ToucanWings

Bien sûr, la première motivation ayant milité pour la transition LED a été les gains énergétiques. Tout d’abord, il y a environ six ans, lors de la réalisation de travaux d’enfouissement des réseaux. Des luminaires LED neufs Scala, fournis par Comatelec Schréder, en haut de mâts de 6 à 7 mètres de hauteur ont alors été installés.

Rapidement, une deuxième motivation a animé Patrice Rouget. À savoir, le recours au rétrofit LED, une large part des luminaires constituant le parc d’éclairage public de Versailles étant en parfait état. Toutefois, au cours de la première moitié des années 2010, peu de fournisseurs répondaient à cette solution, bon nombre d’entre eux qualifiant le rétrofit, rappelle Patrice Rouget, de« coûteux bricolage, techniquement peu performant en termes optique et thermique ». C’est aujourd’hui oublié ! À Versailles, Comatelec Schréder, Ragni, Solycome (groupe Velum), Eclatec et Ewo Éclairage fournissent des modules LED rétrofit dont les « intérêts vertueux » se sont imposés.

En effet, cette solution permet de bénéficier de sensibles réductions de consommation et d’entretien tout en préservant les structures des luminaires installés, parfois coûteuses comme certaines lanternes de style, telle la Vence fournie par Ragni à Versailles.

Aujourd’hui, la solution rétrofit fonctionne parfaitement quand les luminaires sont en bon état.

Stéphane Ragni

AVANTAGE ET INCONVÉNIENT

Outre les gains énergétiques, Patrice Rouget trouve un autre intérêt au rétrofit. « J’évite ainsi d’avoir recours aux procédures imposées par les architectes des Bâtiments de France (ABF) qui interviennent lors de modification de tout équipement urbain. » Une occasion de rappeler que la loi du 23 février 1943 instaura l’avis d’un ABF au niveau de toute demande d’autorisation de travaux à l’intérieur d’un périmètre de protection de 500 mètres de rayon autour de monuments historiques, qu’ils soient classés ou inscrits. Ils sont nombreux à Versailles.

Toutefois, « le recours au rétrofit convient mal au Smart Lighting », souligne Patrice Rouget. Pour preuve, des essais d’utilisation du protocole réseau LoRaWan dans un luminaire Scala rétrofité n’ont pas été concluants, l’intégration de l’antenne radio s’avérant notamment difficile. À suivre donc…

Jacques Darmon

CHRISTIAN REMANDE : « DU POUR ET DU CONTRE »
Qui, dans l’univers de l’éclairage extérieur, ne connaît pas l’expertise de Christian Remande, dont il fait bénéficier l’AFE. C’est pourquoi son avis vis-à-vis du rétrofit est riche d’enseignements. Côté « réserve », il considère que cette solution « ouvre facilement l’accès au bricolage ». Il la décline en sept inconvénients :
– sont associés des luminaires vieillissants, équipés de lampes à décharge, à des sources LED pour lesquelles ils n’ont pas été conçus (mécaniquement et thermiquement) ;
– n’est pas prise en compte l’étude photométrique complète respectant, simultanément, espacements, hauteur de feu et inclinaison des luminaires en place ;
– sont modifiées les fixations internes du bloc optique ;
– ne peuvent plus être garanties, après modifications, les caractéristiques d’étanchéité imposées à l’origine ;
– est créé un coût supplémentaire élevé de main-d’œuvre de transformation de l’ancien matériel qui n’est plus sous garantie ;
– ne permet pas de bénéficier de toutes les économies réalisables avec les LED lorsque l’on peut augmenter les inter distances entre supports à changer ;
– enfin, son coût est finalement pratiquement aussi cher que le remplacement complet par des luminaires conçus pour des sources LED, dont les prix baissent aujourd’hui. En revanche, côté « positif », Christian Remande est favorable au rétrofit pour les luminaires dits d’ambiances lumineuses ou pour les luminaires de style réalisés en bronze ou en fonderie.
Cependant, il est souhaitable d’en confier la rénovation du luminaire à son fabricant initial afin de pouvoir exiger une garantie totale de l’ensemble modifié (photométrique, mécanique et électrique). Garanties qui, par ailleurs, peuvent être assorties de réserves formulées et acceptées lors de la commande. « Ces recommandations permettent d’assurer une ambiance lumineuse de qualité et de bénéficier d’économies d’énergie et de maintenance importantes », conclut-il.
GÉRARD LESAGE : « CONSERVER L’UNIFORMITÉ ESTHÉTIQUE »
Pour Gérard Lesage, DG de Comatelec Schréder, la solution rétrofit, aujourd’hui largement répandue, représente souvent la première motivation des villes souhaitant conserver une uniformité esthétique à leur parc d’éclairage.
Très souvent, les luminaires « rétrofités » sont des luminaires de style de centre-ville (type les luminaires quatre faces traditionnels) pouvant présenter des particularités esthétiques n’existant pas parmi les luminaires récents.
Dans ce cas, une ville peut allier les bénéfices d’une nouvelle technologie efficace avec la conservation de luminaires anciens. S’ils sont en bon état, tous peuvent être rétrofités, « mais ce n’est pas forcément toujours une solution économique comparée au remplacement complet par un luminaire neuf », conclut-il.

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