Pleins phares sur un projet pharaonique

Les superlatifs manquent à Fabrice Duprat, maître d’œuvre du projet, pour décrire le chantier de la piste 3 de l’aéroport Paris-Orly, qui, depuis le 29 juillet, bénéficie d’une rénovation complète couvrant une surface similaire à celle du Vatican ! « Généralement, nous rénovons seulement la couche de roulement de nos pistes tous les 8 à 10 ans. Mais, pour des raisons structurelles, cette piste construite à la sortie de la deuxième guerre mondiale, fait l’objet d’une démolition-reconstruction complète. »

Aéroport Paris-Orly

Les chiffres du marché « Colas / Colas Project / Valérian / JDC Airports / Cegelec » parlent d’eux-mêmes : 185 000 mètres carrés de dalles en béton démolies  en  un  mois, 210 000 tonnes d’enrobés utilisés pour recouvrir la nouvelle piste, 300 km de câbles… Au total, le chantier de la rénovation de la piste 3 qui s’étale sur une période de quatre mois représente un investissement d’environ 120 millions d’euros pour la piste en elle-même et l’ensemble des travaux préparatoires et connexes. « Lors du pic d’activité cet été, au mois d’août nous avons compté jusqu’à 1000 compagnons sur place, une rotation de près de 70 tombereaux et une dépense quotidienne avoisinant le million d’euros ! », souligne Sylvain Tailler, directeur du projet.

2 000 FEUX DE BALISAGE

Les lumières habillant toute piste de décollage-atterrissage sont celles du balisage dont Éric Volin, chargé d’affaires Balisage, précise le rôle : « La piste 3 d’Orly compte près de 2 000 feux de balisage, classés par type de guidage des avions : axial et latéral de piste, zone de toucher des roues, approche… » La rénovation structurelle de la piste s’accompagne d’une mise en conformité du balisage avec la réglementation de l’Agence européenne de la sécurité aérienne permettant une utilisation optimale, au décollage et à l’atterrissage, face à l’Est ou face à l’Ouest (les avions évoluant toujours face au vent), quelles que soient les conditions de visibilité (brouillard, nuit…).

Avant l’atterrissage, le pilote devine la piste comme un ticket de métro. Si les conditions climatiques sont difficiles (fort brouillard par exemple), il ne verra la piste qu’au dernier moment, à quelques dizaines de mètres de hauteur, c’est-à-dire moins de trente secondes avant que l’avion ne touche le sol ! Le balisage est ainsi aux avions ce que le phare est aux bateaux : indispensable en matière de guidage et de sécurité !

Aéroport Paris-Orly

UNE ALIMENTATION PARTICULIÈRE

Contrairement aux luminaires et à l’éclairage général, les feux de balisage se caractérisent par leur intensité lumineuse, l’angle d’émission et la colorimétrie, testés notamment dans le laboratoire des Services Techniques de l’Aviation Civile (STAC). L’intensité est de 5 000 cd pour les feux d’axe de piste, 10 000 cd pour les feux de latéral et atteignent 20 000 cd pour un faisceau de 10° pour les feux d’approche !

En outre, il est nécessaire d’avoir une émission homogène sur tous les feux d’une même fonction : c’est pourquoi le principe retenu sur la majorité des aéroports est celui d’une alimentation en courant, par régulateur, afin d’assurer une intensité identique sur chaque feu de balisage et, de fait, une diffusion de lumière parfaitement homogène d’un équipement à l’autre. Éric Volin explique « ce type d’alimentation répond également aux contraintes imposées par les longueurs des réseaux, qui peuvent atteindre 10 km pour les fonctions “axial” et “latéral” de la piste ».

LA NORMALISATION IEC MAL ADAPTÉE AUX LED

Ce système d’alimentation était notamment intéressant pour les anciennes technologies d’éclairage halogène. Arnaud Guihard, responsable des pôles Infrastructures et systèmes navigation aérienne pour les aires aéronautiques de l’aéroport Paris-Charles de Gaulle, rapporte que lors des premières mises en service, des éblouissements ont pu être signalés par les équipages en vol, permettant concomitamment de réduire les intensités lumineuses au sol et d’accroître ainsi les économies d’énergie. Il ajoute que certains dysfonctionnements d’alimentation avec les LED sont survenus, et que la norme IEC pour le balisage n’est pas totalement adaptée aux sources LED. Parfaitement conscient de ces enjeux, le Groupe ADP est engagé et œuvre, en lien notamment avec d’autres aéroports français et francophones, pour faire évoluer la réglementation dans un souci d’exigence renforcée quant au niveau de sécurité offert aux pilotes et aux passagers.

Diagramme chromatique avec les couleurs des feux de balisage. (Source: Agence européenne pour la sécurité aéronautique. www.easa.europa.eu).

Diagramme chromatique avec les couleurs des feux de balisage. (Source: Agence européenne pour la sécurité aéronautique. www.easa.europa.eu).

Top départ des travaux de la piste 3 d’Orly dans la nuit du 28 au 29 juillet. La rénovation structurelle de la piste s’accompagne d’une mise en conformité du balisage avec la réglementation de l’Agence européenne de la sécurité aérienne. 2 000 feux de balisage ont été installés.
Top départ des travaux de la piste 3 d’Orly dans la nuit du 28 au 29 juillet. La rénovation structurelle de la piste s’accompagne d’une mise en conformité du balisage avec la réglementation de l’Agence européenne de la sécurité aérienne. 2 000 feux de balisage ont été installés.

Top départ des travaux de la piste 3 d’Orly dans la nuit du 28 au 29 juillet. La rénovation structurelle de la piste s’accompagne d’une mise en conformité du balisage avec la réglementation de l’Agence européenne de la sécurité aérienne. 2 000 feux de balisage ont été installés.

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