EXPOSITION LÉONARD DE VINCI
À l’entrée de l’exposition, les visiteurs étaient « accueillis » par le Christ et saint Thomas, grand relief de bronze commandé, en 1467, à Andrea del Verrocchio, le maître de Léonard de Vinci. Voulue par la scénographe Victoria Gertenbach, la forme de cette première salle constitue un arc de cercle développé autour de l’ensemble sculptural. Les œuvres de « l’élève » se déploient, tout au long de cette courbe, détachées de l’obscurité sur des cimaises gris clair. Cette solution met en résonance l’ombre et la lumière des drapés peints avec celui de la sculpture en bronze.
L’année 2019, date du cinquième centenaire de la mort de Léonard de Vinci, a revêtu une signification particulière pour le musée du Louvre qui possède la plus importante collection au monde de peintures du maître de la Renaissance italienne, ainsi que 22 dessins. D’où l’exposition monographique organisée du cet hiver, mise en lumière par l’architecte scénographe Victoria Gertenbach, en collaboration avec l’éclairagiste Karim Oufella, soucieuse de la protection des œuvres, tant celles appartenant au musée que celles qui lui ont été prêtées.
10 ans ! Il aura fallu une décennie à deux conservateurs en chef du musée du Louvre, Vincent Delieuvin (département des Peintures) et Louis Frank (département des Arts graphiques), pour concevoir (et réussir) l’exposition « Léonard de Vinci » dont ils ont été tous deux commissaires.
ENTRE-DEUX
Toutes les plus grandes institutions publiques ont joué le jeu, en prêtant de nombreuses œuvres, ainsi que plusieurs collectionneurs privés, dont Bill Gates et la reine d’Angleterre. Au total, 160 œuvres, réparties sur les 1 100 m2 des habituels espaces d’expositions temporaires du hall Napoléon, et scénographiées par Victoria Gertenbach, chargée de projet en architecture et muséographie au sein de la médiation et de la programmation culturelle du musée du Louvre. Véritable designer d’espaces, l’architecte scénographe s’applique à créer des lieux favorisant la rencontre des visiteurs avec l’œuvre. « En fait, résume Victoria Gertenbach, à l’aide de volumes, de couleurs et de lumières, mon travail consiste à créer cet “entre-deux” guidant le parcours du public d’une œuvre à l’autre, tout en restituant, dans le domaine du sensible, la compréhension d’une démonstration intellectuelle et esthétique, celles des commissaires de l’exposition. » Dans ce contexte, l’éclairage représente un élément essentiel en tant que facteur d’interprétation, de confort et du bien-être des visiteurs… sans oublier la maîtrise des dégradations des œuvres dues à la lumière. « Grâce aux solutions LED, nous disposons dorénavant de mises en lumière appropriées, sans compromis entre les impératifs de conservation, les économiques et les contraintes organisationnelles, tout en respectant les choix esthétiques », explique Karim Oufella. En tant qu’éclairagiste, il exerce, parmi une équipe de techniciens d’art, au sein de l’atelier Éclairage du musée du Louvre, l’un des rares établissements muséaux à disposer d’un tel outil. Et d’expliquer : « Notre travail porte, notamment, sur le choix de la bonne lumière pour la bonne œuvre. » Dans certains cas, les différents vernis peuvent altérer le rendu visuel des peintures en les rendant plus jaunes ou plus pâles. « Aussi, pour le Saint Jean Baptiste par exemple, nous avons dû utiliser des filtres correcteurs pour restituer au mieux les couleurs naturelles de la toile », ajoute Karim Oufella en précisant que, « après échanges avec les commissaires, nous travaillons le matériau lumière de sorte qu’il corresponde parfaitement à la lecture voulue pour certains types d’œuvres ».
OMBRE ET LUMIÈRE
« La révolution léonardienne tient en quelques mots », rappelle le guide de visite remis à l’entrée de l’exposition. Pour nous ouvrir les yeux sur le monde, le génial autodidacte œuvrait en sorte que ses figures possèdent la réalité de la vie dans un espace infini constitué d’ombre et de lumière. Répartie en quatre espaces (Ombre, lumière, relief ; Liberté ; Science ; Vie), la scénographie muséographique, épurée, était singularisée par des cimaises noires et gris anthracite plongées dans la pénombre : 25 lux sur les œuvres et 10 lux au sol.
La visite de l’exposition commençait par une imposante statue en bronze du maître de Léonard, Andrea del Verrocchio, permettant de comprendre les modèles des draperies peints par Léonard de Vinci. Ensuite, dans l’espace Liberté, était exprimé le travail du peintre ne pouvant saisir la vérité que par une liberté de l’esprit et de la main capable de nier la perfection de la forme. Dans l’espace Science, il était démontré que dessiner ne se limite pas à reproduire des formes. C’est exprimer des relations entre les formes.
« Autrement dit, c’est penser ! » Enfin, l’espace Vie suggérait que la science n’est pas autre chose que la nécessaire forme que revêt la liberté du peintre, « maître de l’ombre, de la lumière, de l’espace et du mouvement ». Ainsi, accomplie dans l’élément des sciences de la nature, la liberté élève la peinture à la hauteur d’une science divine. Capable de recréer le monde, son couronnement est l’expression du mouvement chez ceux dont il est propriété immanente : les vivants. « Car, si la modernité commence avec Léonard de Vinci, c’est qu’il sut, sans doute, donner à la peinture la présence effrayante de la vie », conclut-on à la fin de l’exposition qui a attiré 1 071 840 visiteurs. Record absolu pour le musée du Louvre.
Ci-dessus. Des réflectographies infrarouge de plusieurs peintures, à la même échelle que les œuvres originales étaient exposées. Cet examen scientifique permet de révéler le dessin à base de carbone placé sous la couche picturale.
En haut et ci-contre. SPX Lighting a fourni deux versions de sa gamme de projecteurs à découpe Syclop : 320 projecteurs noirs de 18 W; 50 de 35 W, l’ensemble en 3 000 K. La particularité de ces deux versions tient dans la gradation par potentiomètre (comme sur la version classique) et/ou Bluetooth (Casambi) avec un smartphone ou une tablette.