Des progrès, mais encore des envies

GÉRALD KARLIKOW

D’une façon générale la qualité et la puissance d’émission se sont améliorées. « Nous trouvons maintenant des appareils avec des rendus de couleurs proches des 98 % », se félicite Gérald Karlikow. Ses réserves portant sur la pauvreté des rendus de couleur dans les rouges et les violets sont donc ainsi levées. « Pourtant le concepteur lumière que je suis n’est toujours pas satisfait », confie-t-il.

© Musée Van Gogh Amsterdam / Jan Kees Steenman

Musée Van Gogh

La question du rendu des couleurs est en muséographie un enjeu de premier ordre. Pour Gérard Karlikow, des progrès indéniables ont été réalisés avec des appareils affichant des rendus proches des 98 %. Au musée Van Gogh d’Amsterdam, la palette de l’artiste est aujourd’hui éclairée par un tout nouveau système empêchant au mieux l’altération des couleurs.

AU NIVEAU IRC

Si chaque fabricant affiche un IRC de +/- 98 % aucun n’est malheureusement identique. En conséquence, il n’est pas possible de travailler dans une même salle d’exposition avec des appareils de marques différentes. Il est même presque impossible de compenser les différences avec des filtres. «C’est particulièrement visible dans la balance vert rose ou seuls des 1/16 de + ou – green pourraient faire l’affaire », souligne-t-il en regrettant que « ces filtres n’existent pas pour les LED ». Idem pour les températures de couleur. « Les uns sont à 4 025 d’autres à 3 995 et avoir la même température de couleur devient vite un enfer obligeant à renoncer à l’effet voulu parce que trop compliqué à mettre en œuvre. »

Par ailleurs, Gérald Karlikow évoque la location de projecteurs neufs dont les séries d’un même fabricant ne présentent pas les mêmes températures en raison de l’usure et de la date de fabrication. « Pour mémoire, au temps de l’halogène, les lampes étant neuves en début d’exposition, une seule température de couleur s’imposait. »

ENCORE UNE OMBRE AU TABLEAU

Début 2019, Gérald Karlikow ne cachait pas sa réserve vis-à-vis de la qualité optique des appareils. Depuis, constate-t-il, « les fabricants ont également réalisé de sérieux progrès ». Toutefois, il reste réservé au niveau de la source LED. Le filament des lampes halogènes était ramassé, jusqu’à ne former presque un point, tandis que les LED se caractérisent par de véritables surfaces d’émission. « Ce qui modifie radicalement la qualité des ombres. » Il est impossible d’obtenir une seule ombre nette. Il y a toujours, y compris au niveau des cadreurs, un léger flou. Mettre un volet sur des projecteurs focalisables revient à voir sur le mur une succession de dégradés. Pour les cadreurs, c’est le contraire. « Parfaits au net, les aberrations sur les côtés au flou rendent cette option très aléatoire. »

DES ENVIES

Selon Gérald Karlikow, « ces réserves ne seront jamais levées ». Les fabricants cherchent à se démarquer les uns des autres, leur choix d’un fournisseur LED répondant à leurs stratégies de recherche et développement. L’uniformisation, effective au temps de l’halogène, n’est plus d’actualité. « Aussi s’ouvrent de nouveaux horizons et perspectives de travail », se félicite le concepteur lumière pour qui « la transformation de l’ombre nette en ombre flou devient une réalité dont il faut tirer parti ». Et de conclure : « Dans mon intervention de l’an dernier, j’attirai l’attention sur les infinies possibilités de ces sources depuis les rubans jusqu’aux grandes surfaces. » Là, Gérald Karlikow n’affiche pas de réserve, mais des envies.

Laisser un commentaire