Le travail de la fonte « coule » de source

PUBLILUX

Parmi les derniers fabricants de mâts, bouquets et mobiliers en fonte français, Victor Heinrich Molsheim (Vhm) signe bon nombre de réalisations sur tous les lieux iconiques de Paris… et bien au-delà. Le groupe indépendant alsacien, aujourd’hui centenaire, a vu sa fonderie obtenir le label EPV (Entreprise du Patrimoine Vivant) en 2022, preuve de son savoir-faire d’exception.

Quand une histoire dure, c’est qu’elle s’inscrit de longue date dans son temps. Son équilibre ne réside-t-il pas dans le mouvement ? Vhm a ainsi largement diversifié sa gamme d’équipements urbains, intégrant tous types de matériaux ou technologies sans pour autant abandonner la fonte (voir ci-après), Vhm fabriquant, depuis son origine, de matériel de voirie et d’adduction d’eau. Ne cherchez pas ces fabrications, elles sont partout au-dessus et au-dessous

LA FONTE D’ART

Le discret Victor Heinrich a débuté comme fontainier à Molsheim, ville située au sud de Strasbourg. Contraint à 4 ans d’exil de Verdun au front biélorusse (1914-1918), il crée, à son retour, sa propre fonderie en 1923, pour d’abord répondre aux be- soins d’après-guerre au niveau des réseaux d’eau d’Alsace-Lorraine. La fonte dite d’art n’est venue qu’un peu plus tard. Aujourd’hui, Vhm en maîtrise plus que jamais le savoir-faire. C’est pourquoi, l’entreprise alsacienne a répondu à l’aménagement des jardins de Chaillot transformés en gradins tout autour de la fontaine de Varsovie, la plus grande de Paris.

INSPIRATION ART DÉCO

Vhm a fabriqué une vingtaine de nouveaux mâts Iéna de 7,5 mètres de hauteur en fonte pour remplacer ceux en acier ou déjà en fonte. D’inspiration Art déco, ces ensembles s’inscrivent dans la lignée de ceux dessinés par un des grands artisans de l’Exposition internationale des arts et techniques de Paris, en 1937 : l’architecte Robert Mallet-Stevens. En charge de la réalisation de cinq pavillons dont celui consacré à la Fée électricité, il a aussi conçu bon nombre d’ensembles d’éclairage, en collaboration avec Saunier Duval & Frisquet, alors célèbre fabricant de luminaires pour l’éclairage public.
La fonderie Vhm possède des modèles permettant d’en réaliser les moules. Elle les a notamment déjà « coulés » pour le pont d’Iéna, en 1997 puis en 2000, complétés, cette année, par la fourniture de 16 nouveaux venant d’être posés autour de la fontaine de Varsovie, qui doit accueillir un des temps forts de l’inauguration des JO de Paris 2024 (voir p. 26).


Vhm a généralisé l’usage de son acronyme
Vhm (Victor Heinrich Molsheim) en 2017, l’appliquant à l’ensemble des filiales du Groupe. C’est pourquoi beaucoup de ses mâts sont encore estampillés Fonderie Heinrich ou Heinrich Molsheim les modèles
de fonderie n’ayant pas tous été refaits.


La fonderie Vhm s’est constituée une vaste bibliothèque d’écussons et armoiries permettant, sur une borne, en pied de mât, sur un garde-corps ou une corbeille… de personnaliser tout type de mobilier. Dont l’écusson avec le fameux Vaisseau illustrant la devise de Paris « Fluctuat nec mergitur », Battu par les flots, mais ne sombre pas.
La capitale doit à Vhm un grand nombre
de restaurations et réalisations. Parmi elles :

  • 10 mâts place de l’Étoile ;
  • 76 nouveaux mâts place Vendôme lors de sa rénovation ;
  • 10 à Beaubourg ;
  • 81 au Carrousel du Louvre ;
  • 12 rue de Rivoli ;
  • 40 autour et sur le pont d’Iéna ;
  • le mât grand « I » au Champ-de-Mars…

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