La ville et l’Internet des Objets

Une première étude, portant sur les usages de l’IoT dans les collectivités, a été réalisée dans le cadre d’un projet du Groupe d’Analyse de l’Action Publique (GAAP)1 et placée sous l’égide du CEREMA, en partenariat avec les Interconnectés2. Elle a été présentée dans le cadre de la semaine du Printemps des Lumières par Paul Verny, chargé de mission « Éclairage, maîtrise de l’énergie et des nuisances liées à la lumière », qui en tire les principaux enseignements et les principaux points à améliorer.

Cette étude porte plus particulièrement sur le déploiement d’objets connectés par les collectivités françaises pour la mise en place des nouvelles « villes intelligentes ». À partir d’une recherche bibliographique et d’une série d’entretiens avec les acteurs du secteur, « nous avons voulu tout d’abord faire un état des lieux de l’internet des objets dans les villes aujourd’hui », explique Paul Verny. Quelles technologies ont été déployées ? Dans quels buts ? Quel est l’état d’avancement des projets ? Quelles ont été les stratégies retenues ? « Nous nous sommes ensuite intéressés aux différents retours d’expériences des projets mis en place en vue de faire émerger des bonnes pratiques et quelques points de vigilance sur plusieurs aspects », poursuit-il, à savoir la conception des projets, les modes de gouvernance pour l’internet des objets, les particularités contractuelles et les modèles économiques.

NÉCESSAIRE MAIS PAS SUFFISANTE

L’objectif de cette étude3 consistait à dresser un premier état des lieux, des usages des collectivités pour dégager quelques premières recommandations et identifier les besoins d’accompagnement. En premier lieu, « l’IoT apparaît comme une condition nécessaire, mais non suffisante, pour accompagner la ville vers la ville intelligente », introduit Paul Verny. Cette évolution nécessite, d’une part, une aide à la décision d’aménagement, complétée par une évaluation a posteriori de ce dernier et, d’autre part, une aide à la maintenance anticipée et à l’exploitation. Le tout devant être concrétisée par une démarche « ville durable » générant des économies financières, optimisant les ressources (énergies, eau…) et permettant de mesurer et contrôler certaines pollutions (air, bruit…). « Enfin, insiste le chargé de mission du CEREMA, il convient de s’appuyer sur un système d’intelligence délocalisé et de miser sur une interopérabilité maximale. » Ce à deux niveaux : entre systèmes (désilotage des métiers) et dans le temps (comparaison des données actuelles et celles relevées il y a 10 ans).

BIEN IDENTIFIER LE BESOIN

De nombreuses interrogations se posent encore aux collectivités. Pour quels usages et services ? Quels retours pour la collectivité et les usagers ? Comment valoriser les données existantes et futures ? Quelle position et relation adopter avec les prestataires privés ? En résumé, comment définir sa stratégie de déploiement numérique ?

Trois approches répondent à ces questions :

  • tout d’abord, une approche par besoin, l’IoT étant alors perçu comme un outil… nécessitant, toutefois, une excellente culture numérique ;
  • ensuite, une approche privilégiant le développement économique initiateur d’innovations en faveur d’un écosystème d’entreprises privées et de start-up… le besoin étant toutefois moins bien défini ;
  • enfin, une approche « marketing territorial », ce positionnement d’avant-garde, visant à devenir un territoire pionnier,… peut se toutefois se traduire par un fort risque d’inadaptation au besoin.

« Une démarche s’impose ! conseille Paul Verny. Il convient de bien identifier le besoin en s’appuyant sur les équipes de terrain. »

QUELLE GOUVERNANCE ?

Une dernière question essentielle se pose. « Comment adapter la structure interne de gouvernance ? » Une première réponse est évidente : construire une organisation transversale condamnant la verticalité en « silos ». Par ailleurs, le modèle de contractualisation est à étudier : partenariat, innovation, appel à projets, accord R&D… Enfin, importe l’analyse des modèles économiques à déployer en s’assurant de la propriété des données (dans un format exploitable) et des algorithmes à valeur ajoutée… sans oublier l’indispensable sécurité globale du système.

Jacques Darmon

1 Le GAAP est un groupe de travail collectif, comptant 4 à 6 élèves, intégré au Mastère spécialisé « Politique et actions publiques » pour le développement durable (M’PAPPD) géré conjointement par l’école des Ponts ParisTech et AgroParis Tech.2

2 Le Réseau des territoires innovants est la première association nationale de diffusion des usages numériques pour les collectivités locales. Communément appelé « les Interconnectés », ce réseau est porté par l’AdCF (Assemblée des communautés de France) et par France Urbaine.

3 L’étude a été menée auprès de 15 collectivités de différentes tailles, 1 établissement public d’aménagement, 7 entreprises et l’ARCEP (Autorité de régulation de communications électroniques et des postes).

« NOUS N’AVONS ENCORE RIEN VU ! »
En janvier, à chaque retour du CES de Las Vegas (Consumer Electronic Show), c’est ce que répète David Menga (EdF Lab) depuis 16 ans. Lui qui considère que « le XXIe siècle des lumières est numérique », a animé, le 19 mars, la journée de la semaine du Printemps des Lumières consacrée aux éclairages connectés. « L’éclairage est l’un des vecteurs du numérique pour les bâtiments R2S (Ready to Services), véritables plateformes de services », a-t-il expliqué avant d’animer une tribune dédiée aux startups de l’éclairage.
À suivre dans notre prochaine édition…

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