INUIT pour appréhender l’écoconception d’un système d’éclairage LED

ÉCLAIRAGE PUBLIC

À l’initiative du Engie Lab Crigren, le projet INUIT (Innovation pour la nuit) est lauréat de l’appel à projet « Perfecto » lancé par l’Ademe, en 2021, portant sur l’amélioration environnementale des produits, services et procédés, dès la phase de R&D, suivant une démarche d’écoconception. La sociologue LéaThonat, cheffe de projet au sein du laboratoire, nous présente la faisabilité de la démarche d’un système d’éclairage LED utilisé pour l’éclairage public.

Accompagnant les activités d’Engie, le Lab Environnement et Société, qui a pour mission d’apporter les compétences nécessaires aux projets de R&D, regroupe des experts en évaluation environnementale (analyse du cycle de vie, biodiversité, empreinte eau, économie circulaire), ainsi qu’en sciences humaines et sociales. Sa mission, consistant à apporter les compétences nécessaires aux projets de R&D, porte:

  • d’une part, sur l’évaluation des performances environnementales et sociales des technologies développées et mises en œuvre, permettant de concilier le développement de nouvelles activités avec la réduction des impacts des énergies ;
  • d’autre part, sur la connaissance des terrains dans lesquels sont implantées ces technologies, et sur la connaissance de leurs parties prenantes, afin de garantir leur ancrage dans les territoires, aussi bien en France, qu’en Europe ou à l’international.

L’objectif du projet INUIT consistait à identifier les points critiques (techniques, environnementaux, sociaux) de l’éclairage LED afin de maximiser le rendement, diminuer la consommation énergétique et de ressources, éclairer juste et éviter les nuisances.

« Il s’agissait donc de travailler sur les impacts de l’ensemble du cycle de vie en réussissant à engager l’ensemble des acteurs (fabricants, concepteurs lumières, opérateurs) dans le cadre d’un projet à suivre », explique Léa Thonat en précisant que de longues phases d’études et d’idéation ont été menées avant de pouvoir sélectionner deux solutions : le rétrofit et l’éclairage adaptatif passif. Et d’ajouter que « cette étude approfondie a permis d’identifier les points structurants et les points de vigilance à prendre en compte dans la construction des deux solutions ».

  • Le rétrofit consiste à remplacer une ancienne ampoule (à sodium haute pression par exemple) par une source à LED (ampoule ou module LED associé à un driver). Cette pratique apparaît comme une solution avantageuse mais les caractéristiques des LED associées aux réflecteurs et optiques des lanternes de luminaires existants nécessitent des sources LED plus puissantes pour obtenir le même éclairement.

De plus, la durée de vie des systèmes rétrofit est également souvent inférieure à un luminaire LED classique, ce qui impacte de façon non négligeable les indicateurs environnementaux étudiés. Dans ce contexte, des études portant sur la diminution de cette perte de flux lumineux pourraient rendre le scénario rétrofit plus pertinent d’un point de vue environnemental, cette démarche contribuant par ailleurs, à revaloriser les métiers de la maintenance.

  • L’éclairage adaptatif passif permet, grâce à des capteurs, de modifier en temps réel, le fonctionnement des luminaires d’éclairage public selon la fréquentation de l’espace public et, éventuellement, du type d’usagers. Les impacts des scénarios avec abaissement dynamique sont majoritairement dus à la consommation électrique pendant la phase d’usage : les impacts liés à la production et au transport des capteurs sont beaucoup moins importants, sauf pour l’indicateur de consommation de ressources métalliques. La détection de présence permet de réduire les impacts environnementaux par rapport à des scénarios d’éclairage plus classiques. Des défis apparaissent néanmoins pour la mise en œuvre de ces solutions, les bénéfices environnementaux liés à l’installation de capteurs dépendant de nombreux paramètres : la durée de vie et le nombre de capteurs ; le mix électrique considéré pendant la phase d’utilisation. Par ailleurs, le design de l’éclairage doit intégrer les territorialités nocturnes (usages de et dans la nuit) pour mieux appréhender les flux de déplacement et donc, les besoins d’éclairement.

« La conclusion de cette étude porte sur la nécessité de rassembler et de faire dialoguer tous les acteurs clés de la chaîne de valeur : des fabricants aux utilisateurs finaux, en passant par les acheteurs, les gestionnaires, les collectivités, les représentants des professionnels de la profession et les éco-organismes », ponctue Léa Thonat.

Jacques Darmon

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