JEAN ROCHE
Pour Jean Roche, directeur de la maîtrise d’œuvre et de l’architecture au sein du Groupe ADP, l’éclairage et la lumière, notion plus englobante, représentent « le dénominateur commun à tous nos projets d’ingénierie ».
Tout au long de leurs voyages aériens, les passagers « traversent » plusieurs ambiances lumineuses, tant en vol qu’au sol, les luminosités étant différentes d’un continent à l’autre, d’un pays à l’autre. « En changeant d’environnement à leur arrivée, après parfois un décalage horaire et un stress souvent éprouvants, explique Jean Roche, l’identité lumineuse de nos plateformes aéroportuaires doit être singularisée par des espaces différenciés parmi lesquels les voyageurs pourront aisément se diriger, confortablement se reposer, déambuler en faisant du shopping, agréablement se distraire et se restaurer… en toute sécurité. »
DÈS LES PREMIÈRES ESQUISSES
Au-delà de la beauté et de l’émotion qu’il peut procurer, « l’éclairage est le dénominateur commun à tous nos projets d’ingénierie », souligne Jean Roche. Que ce soit pour un trieur à bagages, la rénovation d’une piste ou la conception d’un nouveau terminal, « nous l’intégrons dès les premières esquisses de la conception » : impact des formes et ouvertures à l’éclairage naturel ; conséquences au niveau des modes d’éclairage artificiel à déployer ; analyse des meilleures adaptations pour réduire l’impact énergétique… Il représente près d’un quart de la totalité des énergies consommées par les aéroports parisiens.
Sorte de « révélateur », il permet de jauger de la cohérence des projets et d’un savoir-faire associant « l’architecturalement beau » au « techniquement et énergétiquement optimal ». Reliant chacune des entités de la direction animée par Jean Roche, à la fois architectural et fonctionnel, il doit aussi répondre à des exigences techniques et réglementaires (Code du travail ; ERP-Établissements recevant du public ; PHMR-Personne handicapée ou à mobilité réduite…). « Tout en privilégiant les transitions énergétiques, technologiques et environnementales », ajoute-t-il.
UN SAVOIR-FAIRE POUR UN « NOUVEL ENVOL »
Au niveau des infrastructures, il convient de savoir concilier l’ensemble de ces contraintes avec les services attendus, à la fois par les compagnies aériennes et par les passagers.
« C’est un véritable challenge pour tout gestionnaire d’aéroports », poursuit Jean Roche, qui met en avant une expertise allant du « savoir-faire des premières esquisses d’un projet, jusqu’à la remise de l’ouvrage à l’exploitant. » En témoigne, la satisfaction du maître d’ouvrage lors de la remise, au printemps dernier, d’un bâtiment de jonction devenu Orly 3 (reliant les anciennes aérogares ouest et sud de l’aéroport). D’une superficie de 80 000 m2, comprenant l’ensemble des fonctionnalités de départ et d’arrivée d’une aérogare, son ouverture représente le point d’orgue du projet
« Nouvel envol » lancé, en 2014, qui vise à moderniser l’aéroport du sud francilien. Aujourd’hui, dans le cadre des études portant sur la conception du futur terminal 4 de Paris-Charles de Gaulle, « nos architectes et ingénieurs œuvrent, dès la phase de faisabilité, à donner à vivre à de nouvelles expériences ». Par exemple, ils travaillent autour des apports vertueux de la lumière naturelle, « le soleil étant éternel », image Jean Roche. Si elle représente un investissement initial, elle participe aussi à l’amélioration du confort visuel, à la diminution de l’empreinte carbone et, globalement, au respect de l’environnement. « Des bâtiments spacieux, faisant large place au végétal et à la lumière naturelle, offriront un cadre de travail confortable aux salariés tout en devenant un véritable lieu urbain rendant plus plaisants les parcours et les attentes des passagers. »
LE FUTUR TERMINAL 4 DE PARIS-CHARLES DE GAULLE
Pour un coût estimé entre 7 et 9 milliards d’euros, le Groupe ADP envisage de construire un quatrième terminal pour répondre à la croissance future du trafic aérien évaluée à 2 à 3% par an au cours des 20 ans à venir. Construit en plusieurs phases pour être entièrement opérationnel à horizon 2037, ce futur terminal « nouvelle génération », s’il n’implique pas la construction de piste supplémentaire, nécessite celle d’un ensemble de bâtiments, de réseaux de desserte interne à la plateforme, d’aires de stationnement et de voies de circulation… La nouvelle infrastructure accueillera, à terme, entre 35 et 40 millions de passagers supplémentaires par an. Les travaux de construction débuteront en 2021 avec en ligne de mire une ouverture partielle en 2028, pour remédier à la saturation des infrastructures actuelles au cours de la prochaine décennie.
L’AÉROPORT DE DEMAIN
Les grands projets d’aménagement, tel le Terminal 4 de Roissy, s’inscrivent dans une vision industrielle à 20 ans. « En effet, les bouleversements technologiques et les aspirations de nos clients nous obligent à anticiper et à sans cesse nous adapter pour maîtriser nos coûts. Autrement dit, il faut dès maintenant concevoir l’aéroport du futur, lequel sera forcément encore plus connecté et vertueux. »
L’ère du « smart airport » a déjà commencé par des systèmes automatisés permettant à l’infrastructure de s’autoréguler et aux passagers de bénéficier de services de plus en plus rapides et personnalisés. Il est tout à fait envisageable que d’ici quelques années, le passager puisse prendre l’avion de manière totalement fluide, sans rupture dans son parcours dans le terminal : l’analyse du billet et de son identité se faisant automatiquement par le contrôle sur Smartphone et à l’aide de nouvelles technologies intelligentes, comme la reconnaissance faciale. Certaines expérimentations vont déjà dans ce sens. « Elles confirment que la lumière continuera de jouer un grand rôle et pourrait devenir, via le LiFi par exemple, un support d’échanges de données adapté à de nouveaux modes de mobilité, pour accompagner et guider le passager depuis le parking jusqu’à la passerelle d’embarquement. »
L’éclairage est le dénominateur commun à tous nos projets d’ingénierie.