Bilan en demi-teinte pour le démonstrateur IDL à Nantes

SMART LIGHTING

Mis en œuvre au printemps 2018, rue La Noue-Bras- de-Fer à Nantes, le démonstrateur Interactive Data Light visait à tester l’intérêt de l’éclairage public intelligent pour collecter des données et aider les collectivités en matière d’aménagement urbain et de services aux usagers. Un an après, le bilan est mitigé mais l’expérience n’a pas été inutile.

Pour mémoire, dix luminaires LED ont été mis en place rue La Noue-Bras-de-Fer, au cœur de Nantes, pour remonter des données sur la consommation d’énergie, la circulation, la qualité de l’air et l’ambiance sonore. L’information collectée et traitée par une data scientist devait aider Nantes Métropole à développer des services. Des tests étaient également prévus pour étudier, avec la participation d’un panel d’usagers, des scénarios d’éclairage en association avec un système de détection de présence. Enfin, une industrialisation du luminaire conçu pour ce démonstrateur était envisagée.

UNE APPRÉCIATION INSUFFISANTE DE LA COMPLEXITÉ DU PROJET

Cette expérimentation entreprise par l’architecte et concepteur lumière Nicolas Houel, menée avec un collectif de trois entreprises locales, Nantes Métropole et Enedis, n’a pas donné les résultats escomptés. Elle a néanmoins permis de mettre en évidence la complexité du smart lighting, à commencer par les aspects technique et contractuel. Nicolas Houel le reconnaît volontiers : « La technologie intégrée dans les luminaires pour capter des données représente un coût important qui a été sous-estimé, aussi bien en termes de production industrielle que de maintenance. Et le désistement de l’équipe de développement a été fortement pénalisant, ajoute-t-il. Confrontés aux pannes des prototypes, nous n’avons eu ni le temps ni les moyens de rebondir pour aller au bout de notre démarche. » Quant aux données collectées, elles n’étaient finalement pas si utiles, à l’exemple des informations remontées sur la qualité de l’air qui se sont révélées redondantes et moins pertinentes que celles fournies par Air Pays de la Loire.

© Nantes Métropole – Patrick Garçon
© Nantes Métropole – Patrick Garçon

L’expérimentation Interactive Data Light mise en œuvre à Nantes et présentée dans LUX n° 297, de mai-juin 2018, a mis en évidence le défi que représente le smart lighting, ainsi que l’intérêt des consultations citoyennes dans la mise en œuvre de nouvelles solutions d’éclairage.

UN MANQUE D’APPÉTENCE POUR LE SMART LIGHTING

Les données traitées par la data scientist étaient faciles à utiliser, selon Dany Joly, de la direction de l’Espace public de Nantes Métropole, mais les services concernés n’ont pas réagi. « Il y a une appréhension du changement, la peur de perdre des prérogatives, explique-t-il sans chercher à accuser. Le marché public est très vigilant sur ces offres parce qu’il y a un manque de recul. On ne sait pas comment les appréhender ; les compétences sont mal identifiées. » Et le sujet est trop sensible pour risquer une externalisation. « Le smart lighting va prendre du temps, pressent-il. Surtout dans les grandes villes où le cloisonnement des métiers est plus marqué que dans les communes de moindre importance. » Pour autant, Dany Joly considère que ce type d’expérimentation mérite d’être mené pour comprendre et se préparer à l’inévitable passage au smart lighting.

DES CONSULTATIONS CITOYENNES RICHES D’ENSEIGNEMENT

Le démonstrateur Interactive Data Light a quand même permis – et c’est peut-être l’aspect le plus positif de l’expérimentation – d’affiner l’approche de l’éclairage à Nantes. La consultation citoyenne a été précieuse pour définir les bons paramétrages de l’éclairage asservi à la détection de présence et apporter le service qui convient aux usagers. Pour Nicolas Houel qui en a tiré un compte rendu, cette communication avec les usagers a montré qu’il est préférable d’aller d’abord à leur contact pour comprendre ce qu’ils attendent plutôt que de mettre en place un nouveau système d’éclairage et leur en expliquer l’intérêt. « Nous voulions aussi comprendre plus largement les perceptions d’ambiances nocturnes, savoir si le niveau d’éclairement est le seul élément déterminant, comment le mobilier urbain, les plantes… participent au sentiment de sécurité. » Cette étude vise à développer une méthodologie d’enquête pour aider la collectivité à déployer et à paramétrer, entre autres, la détection de présence qui n’est pas réplicable d’une voie de circulation à l’autre. En attendant, des luminaires LED sans système de détection de présence, avec un simple pilotage à l’armoire, vont bientôt remplacer les luminaires de la rue La-Noue-Bras-de-Fer.

Pascale Renou

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