Depuis plus de 10 ans, la ville de Pau et la Communauté d’agglomération Pau-Béarn-Pyrénées (CAPBP) multiplient les actions en faveur de la biodiversité1. Dans ce cadre, le service Lumières de ville expérimente le concept innovant d’éclairage dit « à tonalité variable » sur le quartier Saragosse.
Lors de sa création durant les années 1950-1960, ce quartier situé au nord du centre-ville était considéré comme le centre moderne de Pau. Plusieurs décennies plus tard, ce qualificatif s’étant quelque peu terni, un nouveau souffle devenait indispensable pour en renouveler les espaces urbains et paysagers. En 2015, ce quartier palois a ainsi présenté le premier des 200 dossiers à bénéficier d’une convention signée avec l’ANRU2.
LE VERT ET LE NOIR
Labellisé écoquartier3, Saragosse contribue, au cœur de la ville-jardin paloise, « à donner une nouvelle orientation aux espaces verts, en prenant en compte les impératifs écologiques », explique Alexa Lauriol, adjointe au maire, chargée de la trame verte et de l’écologie urbaine. La mission Trame verte et bleue a classé le site comme « corridor écologique de première importance situé au sein de l’aire urbaine », explique Jean Bidegaray. Une continuité végétale y est aménagée, soutenant la trame verte à l’échelle de la ville et de l’agglomération. En complément, pour protéger la faune et la flore en maintenant les continuités d’obscurité, un concept de trame noire adapté au contexte du quartier a été étudié.
L’éclairage intelligent à tonalité variable représente une réponse bienveillante tant à l’égard de la nature que des habitants.
TONALITÉ VARIABLE
Proposé dans le Sdal du quartier, signé Sara Castagné et Virginie Voué, piloté par Cyrille Pebet du bureau d’études du service Lumières de ville, « l’éclairage intelligent à tonalité variable représente une réponse bienveillante tant à l’égard de la nature que des habitants », considère Jean Bidégaray. Son objectif ? Adapter les ambiances nocturnes de Saragosse aux besoins spécifiques des habitants du quartier (concept initial participatif) tout en respectant la biodiversité. Comment ? En privilégiant une lumière blanche chaude de 3 000 K, indice de rendu des couleurs adapté à la vision humaine et validé par l’arrêté « Nuisances lumineuses » de décembre 2018. « Toutefois, cette lumière qualitative dispose encore d’un spectre riche et peut être nocive pour certaines espèces animales la nuit », poursuit le chef de service Lumières de ville.
Aussi, afin d’assurer, à la fois, le confort visuel nocturne des habitants et la sécurité de leurs déplacements, ainsi que la protection de la biodiversité, « nous utilisons des sources à tonalité de lumière variable ». À savoir : la lumière blanche chaude 3 000 K, est diffusée de la tombée de la nuit à 22 heures, ces mêmes sources migrant, automatiquement et progressivement, au cœur de la nuit pour diffuser une lumière ambrée de 2 200 K (moins de lumière bleue). Ce dispositif offre ainsi la possibilité d’unifier en cœur de nuit la globalité du corridor écologique lors de l’usage apaisé des voiries aux tonalités du parc central disposant nativement de sources également ambrées (2 200 K).
JD
1 En 2014, cet engagement a valu à la Ville de Pau d’être lauréate du concours de la capitale française de la biodiversité.
2 L’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU) contribue à hauteur de 39 M€ aux 127 M€ que le projet Saragosse mobilise.
3 Après la Verderie, à Lons, le projet urbain de Saragosse est le deuxième écoquartier que compte l’agglomération paloise.