« Tourner le dos au vieux monde des solutions d’éclairage »

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GAÊL OBEIN, PRÉSIDENT DE L’AFE

© Accent Visuel / Jean Haeusser

En octobre dernier, en ouvrant les JNL 2021 (Journées nationales de la lumière de l’AFE), à Strasbourg, Gaël Obein, président de l’Association française de l’éclairage a fait preuve d’une « positive attitude ».
Cinq mois plus tard, son optimisme reste entier. « Ça bouge ! », considère ce chercheur en métrologie qui dirige, au sein du LNE-CNAM, l’équipe qui maintient les références nationales de mesure de la quantité et de la qualité de lumière artificielle afin d’assurer notre sécurité et confort au quotidien, tout en optimisant la consommation d’énergie. Mais il reste encore à faire pour « quitter le vieux monde des solutions d’éclairage ». Notamment à destination du grand public.

L’éclairage vit une époque formidable ! », écrivait Gaël Obein dans l’édition 306 de la revue LUX (mars-juin 2020). Sans perdre son inébranlable optimisme, il déclinait pourtant déjà : les ressources de la planète s’épuisent. La prise de conscience écologique est devenue effective et nous indique de prendre le chemin de la sobriété. Les effets non visuels de la lumière sur la santé et le bien-être humain sont aujourd’hui démontrés. En parallèle,
l’avènement de la technologie LED a, en tout juste 20 ans, balayé l’ancien monde des sources d’éclairage. Mais qu’en est-il des applications ?

ÇA BOUGE !

En se gardant bien de prendre la place des organisations professionnelles, mais en travaillant de concert, « l’AFE, association indépendante et impartiale, est présente pour informer et former le public, les usagers professionnels, les collectivités et les acteurs de l’éclairage des avancées ainsi que des nouvelles solutions disponibles », poursuit-il. Et de rappeler que la vocation de l’association porte uniquement sur « la promotion de l’intérêt du bon usage de la lumière ».
« Ça bouge à ce niveau ! », répète Gaël Obein. L’AFE s’inscrit dans le cadre d’une unité professionnelle en cours de réflexion. Elle est présente pour favoriser les échanges, certes entre chercheurs et ophtalmologues réunis autour de la vision, mais aussi avec les fabricants de systèmes d’éclairage et de luminaires, des maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre, ainsi qu’avec des concepteurs lumière et ingénierie. Ensemble, il devient possible d’encore
mieux œuvrer au développement de bonnes pratiques de « lumières équitables » associées aux considérations environnementales, sociétales, éducatives et pédagogiques.
Par ailleurs, cette unité professionnelle permettrait de conseiller efficacement l’État dans la rédaction de ses décrets, ses directives et ses décisions conduisant à « éclairer juste, sobrement, efficacement et sûr ».

L’ESSENTIELLE FORMATION

L’avènement de la technologie LED a considérablement accéléré les innovations dans le domaine des éclairages et des apports de la lumière artificielle. « Malheureusement, regrette Gaël Obein, la formation aux nouvelles solutions disponibles ne suit pas cette dynamique. » En conséquence, « les métiers n’actualisant pas assez rapidement leurs connaissances, bon nombre d’entre eux continuent à proposer les mêmes installations qu’ils réalisaient avant ». Et pourtant, « un éclairage de qualité dépend… de la qualité des acteurs et de leur force de proposition ».
La formation permanente représente la clé de l’évolution des compétences professionnelles parallèlement aux évolutions technologiques, notamment digitales. Tant en intérieur qu’en extérieur, des enjeux sociétaux (vieillissement de la population, activités de plus en plus intérieures), renvoient,
aujourd’hui, à de nouveaux concepts qu’il convient d’intégrer à un socle de connaissances.

Il faut maintenant expliquer aux usagers que l’éclairage contribue à vivre mieux et permet de se maintenir en meilleure santé.

MOBILISER LE GRAND PUBLIC

Qui plus est, « les usagers grand public n’étant pas motivés par les besoins d’un bon éclairage, ils ne sollicitent aucune exigence », regrette également Gaël Obein Toutefois, il fait, à nouveau, preuve d’optimisme puisqu’un premier niveau d’intérêt se manifeste auprès du public… via la prise de conscience de la pollution lumineuse ou via l’inquiétude de l’effet de la lumière bleue sur la rétine. « Quand on parle de pollution ou de lumière bleue, on parle malgré tout d’éclairage ! Certes, c’est une approche négative de celui-ci mais cela témoigne d’une prise de conscience. Il faut maintenant expliquer aux usagers que l’éclairage contribue à vivre mieux et permet de se maintenir en meilleure santé. En fait, l’éclairage, c’est comme le chauffage. »
En conséquence, pour réfléchir à la promotion des éclairages auprès du grand public, a été créé, en fin d’année 2021, au sein de l’AFE, un groupe de travail « Éclairage domestique »1 animé par Huguette Annas et Anne-Marie Simonetti, dont l’objectif est de sensibiliser le grand public sur les risques ou dangers d’un mauvais éclairage lors des activités domestiques tout au long de la vie (niveau d’éclairage pour les chambres d’enfants,
éclairage du poste de télétravail, éclairage spécifique pour les personnes âgées vivant à domicile, etc.). À suivre donc…

Propos recueillis par Jacques Darmon

1 Ont également été créés un groupe de travail « Installation d’éclairage extérieur », animé par Roger Couillet et Anne-Marie Simonetti, et un autre consacré à la « Trame noire », animé par Dany Joly et Anne-Marie Simonetti.

Cette publication a un commentaire

  1. JOURDAIN

    Je suis ravis de voir qu’il est enfin question de s’adresser au grand public quant à ce que sont la lumière, l’éclairage, le confort, le juste éclairage. Je l’ai souvent répété durant mon activité mais j’avais l’impression que je levais l’impensable et que l’entre-soi de gens du métier primait sur la transmission aux “gens”, qui ignorent notre domaine. Celui-ci est inconnu du grand public (on s’habitue au mauvais éclairage comme à son visage dans le miroir (peut-être moins les femmes)) encore plus perdu avec le remplacement par les solutions LED dans les gondoles des GSB (sur lesquelles s’appliquent déjà des réformes à travers l’étiquette énergie (2021)). Combien de clients ai-je rencontré à qui il fallait, avant de proposer une amélioration, aborder d’abord les… fondamentaux. Il me semble que la lumière gagnerait à ce qu’ils soient expliqués très tôt et plus généralement. Scolaire, Médias.
    C’est juste mon avis.
    Cordialement. PJ

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