De la formation de la vision des jeunes à l’accidentologie domestique des aînés

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L’ÉCLAIRAGE AU COURS DES ÉTAPES DE LA VIE

Lors des 42e Journées nationales de la lumière organisées par l’AFE à Strasbourg les 12 et 13 octobre derniers, Dr Christophe Orssaud, président du collège « Santé » de l’association, a rappelé l’importance de la lumière, à tout âge, qu’elle soit artificielle ou naturelle. À la fois bénéfique, mais encore beaucoup trop souvent délétère, elle est indispensable à ce système complexe qu’est la vision essentielle au bien-être et à la vie sociale.

Il serait réducteur de limiter le rôle de la lumière à son effet bénéfique sur la vision, quel que soit l’âge. C’est oublier ses fonctions non visuelles ainsi que ses possibles effets délétères dus, majoritairement, aux courtes longueurs d’onde.

NE PAS NÉGLIGER L’APPRENTISSAGE DE LA VISION

C’est encore plus vrai chez les enfants et les adolescents,  période de maturation et développement du système visuel et d’apprentissage de tâches visuo-motrices (relation œil-main, marche, écriture) et de la lecture. « Dans cette tranche d’âge, la lumière a de nombreux effets bénéfiques », explique Dr Christophe Orssaud. Tout d’abord, « elle contribue au développement normal de l’œil et du système visuel ». Aussi, ne convient-il pas de « négliger cette période d’apprentissage de la vision ». En effet, la lumière y joue un rôle essentiel dans la maturation du cortex occipital qui acquiert des propriétés et une capacité de fonctionnement « adulte » grâce à une stimulation visuelle et visuo-spatiale suffisante et adaptée. Celle-ci nécessite une luminance correcte.

Par ailleurs, la lumière naturelle permet d’éviter une myopisation de l’œil de l’enfant ; ce que confirment de nombreuses études. Par exemple, des poussins, exposés à la lumière du soleil 15 minutes par jour, ont des yeux de longueur axiale moindre, et donc « moins myopes », que celle d’animaux élevés sous un éclairage artificiel standard. Une étude britannique, réalisée, en 2012, par la professeure d’orthoptique  Kathryn  Rose, la démontré que pour les enfants « chaque heure de plus, passée à l’extérieur, chaque semaine, réduit de 2 % le risque de développer une myopie ». C’est pourquoi dans les pays industrialisés d’Asie qui ont  connu une « épidémie » de myopie depuis 40 ans, avec une prévalence de celle-ci dépassant 80 %, des écoles assurant un éclairage na- turel plus important ont été construites. Une augmentation de la prévalence de la myopie s’observe également, mais à un degré moindre, en Europe et aux États-Unis.

Un autre effet bénéfique de la lumière est de permettre un développement harmonieux de la fonction visuelle (qui ne se limite pas à l’acuité visuelle) et des tâches d’apprentissage. En effet, celle-ci comporte également le sens des couleurs et  du  mouvement. Une lumière dont le rendu colorimétrique n’est pas suffisant va perturber les couleurs vues et perturber leur apprentissage à cet âge. De même, une lumière ayant trop d’effets stroboscopiques entraîne une gêne à la perception du mouvement. Enfin, l’apprentissage de la lecture, passant par un temps de déchiffrage, impose de bien percevoir l’ensemble des lettres et des lignes avec une lumière homogène non éblouis- sante. Toujours au jeune âge, la lumière peut aussi être délétère pour la rétine. Cette toxicité est plus importante à cette période de la vie en raison de la transparence du cristallin qui ne filtre pas les courtes longueurs d’onde. C’est la raison pour laquelle il est essentiel, outre de la protection les yeux des enfants de toute agression lumineuse par des verres teintés, de veiller, avant tout, au bon positionnement et orientation des sources lumineuses en tenant compte de la taille des enfants.

PENSER AUX BESOINS DES PERSONNES ÂGÉES

Chez les personnes âgées, du fait du vieillissement de la rétine, il est nécessaire de diffuser une intensité lumineuse plus importante pour réaliser les tâches courantes. Ce besoin accru de lumière est bien pris en compte dans les lieux de vie collectifs tels que les Ehpad.

« En revanche, cette nécessité reste insuffisamment connue au domicile et peut aboutir à des accidents domestiques ou à des erreurs dans la prise de médicaments par confusion entre deux gélules ou comprimés de couleur proche », souligne Dr Orssaud.

Le manque d’éclairage dans les lieux de passage (couloirs et escaliers) aboutit à des chutes et, malheureusement dans un nombre non négligeable de cas, à des fractures. L’hospitalisation, qui découle de ces accidents, entraîne généralement le placement de la personne en institution. Le maintien à domicile des per- sonnes âgées, qui représente une grande cause actuelle, passe donc par une amélioration de l’éclairage domestique des appartements. Malheureusement, la peur de travaux complexes et leur coût constituent souvent un frein à l’amélioration indispensable.

« Il est essentiel que l’ensemble de la filière professionnelle de l’éclairage s’empare de ce sujet pour, d’une part, assurer l’information nécessaire auprès des personnes âgées et de leur famille et, d’autre part, que cette filière ait également la capacité de proposer des solutions simples et peu coûteuses répondant aux besoins », conclut Dr Christophe Orssaud.

JD

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