Salon InnoEX à Hong Kong, la technologie comme moteur des Smart Cities asiatiques

Les technologies de pointe présentées lors de l’InnoEX, première rencontre internationale tech post-Covid à Hong Kong, attirent plus de 66 000 acheteurs dans le monde entier et soulignent les atouts de la ville en matière d’innovation et de technologie.

Du 12 au 15 avril 2023 s’est tenu à Hong Kong le salon InnoEX, durant laquelle la ville a pu présenter ses atouts en matière d’innovation et de technologie (I&T), lors d’une série de salons dédiés. Ce tout premier InnoEX a été coorganisé par le gouvernement de la Région administrative spéciale de Hong Kong (RASHK) et le Conseil de développement du commerce de Hong Kong (HKTDC), et s’est tenu en même temps que les éditions de printemps du Salon de l’électronique de Hong Kong et du Salon international de l’éclairage de Hong Kong.

© Nicolas Houel
Enseigne lumineuse dans le quartier de Wan Chai, l’un des marqueurs identitaires nocturnes les plus forts de la ville, en passe de disparaître.
© Nicolas Houel

Enseigne lumineuse dans le quartier de Wan Chai, l’un des marqueurs identitaires nocturnes les plus forts de la ville, en passe de disparaître.

DES ÉCHANGES STIMULANTS

Ces trois foires technologiques ont attiré plus de 66000 acheteurs de quelque 160 pays et régions, dont la Chine continentale, l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), la Corée, Taïwan, les États- Unis, le Japon, l’Inde, la Russie et la France. La réponse massive et les échanges d’idées animés lors de ces événements ont  mis  en  évidence le développement rapide de Hong Kong en un centre international d’I&T, qui relie le monde à la Chine continentale et à l’ANASE.

Les trois foires technologiques de la HKTDC ont présenté plus de 100 solutions innovantes  pour  stimuler le développement des villes intelligentes à Hong Kong, présentées par le pavillon Smart Hong Kong, des projets d’intelligence artificielle (IA) et de robotique entrepris par 14 laboratoires de recherche en collaboration avec des universités de renommée mondiale, présentés par l’initiative InnoHK sous l’égide de la Commission pour l’innovation et la technologie, les dernières solutions électroniques et d’éclairage intelligent, ainsi qu’une série de forums, de tables rondes et de séminaires réunissant d’éminents experts qui ont partagé leurs points de vue sur les dernières tendances technologiques. À l’InnoEX, des experts de renommée internationale ont été invités pour les discours d’ouverture.

Lors de sa présentation au forum sur le thème « Winning with AI : How Innovative Leaders Drive Growth », le Dr Ayesha Khanna, PDG d’Addo AI, a par exemple fait remarquer que «  le  fait  de  disposer d’assistants  IA donne aux dirigeants visionnaires un avantage concurrentiel en termes d’innovation et de rapidité de mise sur le marché. Avec l’IA générative, nous assistons à l’émergence d’assistants d’IA plus interactifs, accessibles et abordables, qui transforment le travail dans tous les secteurs et permettent aux humains d’amplifier leur potentiel de réflexion stratégique et créative. Cependant, comme toute technologie, les nouvelles techniques d’IA doivent être régies et réglementées pour gérer les risques. Les régions, comme l’Union européenne, et les pays comme la Chine et les États-Unis, considèrent la gouvernance de l’IA comme un complément nécessaire pour soutenir la révolution de l’IA. »En ce qui concerne le salon dédié à l’éclairage artificiel, plus de 51 % des personnes interrogées pensent que les produits d’éclairage de type LED ont le plus grand potentiel de croissance parmi les principaux marchés de vente : l’éclairage commercial (33 %), l’éclairage extérieur et public (27 %) et l’éclairage résidentiel (20 %). Des chiffres qui corroborent les informations présentées par l’AFE dans l’éclairage en chiffres – 2019, où le marché mondial de l’éclairage est estimé entre 75 et 100 milliards de dollars, dont 56 milliards de dollars uniquement pour l’éclairage intelligent. Ces chiffres, actualisés en 2019 pour un horizon 2020, sont désormais à actualiser au sein d’une matrice élargie où – entre autres – les enjeux d’intelligence artificielle, de flux de données, d’instabilité énergétique, de bilan carbone et de cycle de vie sont à intégrer pour dégager un indicateur économique éclairage artificiel clair et transversal. À mesure d’exemple, l’exposante Vivian Wu, directrice générale de Zhongshan Obals Lighting & Electric Co. Ltd (Chine continentale), a signé une commande déterminante lors du salon. Elle a déclaré : « Nous sommes ravis d’avoir reçu, le premier jour du salon, une commande sur site d’une valeur de 3 millions de dollars pour nos produits d’éclairage commercial à LED de la part d’un client de longue date d’Australie. Les acheteurs ont été nombreux à la foire. Nous avons établi plus de 300 nouveaux contacts avec des acheteurs de qualité provenant de nouveaux marchés, tels que l’Afrique, l’Asie et le Moyen-Orient. Et environ 30 nouveaux acheteurs sont venus de grandes entreprises qui possèdent leurs propres marques. » Un signe que l’éclairage artificiel, au-delà des enjeux environnementaux prêtés à son usage extérieur et des phénomènes d’extinction associés, rencontre encore à l’international un engouement industriel déterminant, qui ne devrait pas ralentir de sitôt tant les chantiers de rénovation actuels et à venir sont monumentaux.

HUMIGHT, L’INNOVATION FRANÇAISE AU SALON DE HONG KONG

Pour cette première édition post-Covid, la Hong Kong Lighting Fair a invité la France à présenter ses dernières solutions technologiques, au travers d’un espace French pavillion mettant à l’honneur les innovations de l’Hexagone dans le cadre des JO de Paris 2024. Parmi elles, l’entreprise Humight, installée dans l’est de la France et experte dans le développement de solutions d’éclairage photovoltaïque et d’objets connectés. David Chquiry, fondateur de la société, présente et détaille les quatre années de développement technologique ayant permis l’émergence de leur produit phare : un éclairage à LED alimenté en énergie photovoltaïque. Ce dernier présente des performances hors norme en termes d’autonomie, et permet d’embarquer de nombreuses solutions connectées dédiées au monitoring urbain, telles que la qualité de l’air ou encore les ambiances sonores. À terme, l’entreprise envisage de proposer une solution all-in-one pour la smart-city, axée sur la sobriété énergétique et la fourniture de produits et services adaptés aux besoins de chaque collectivité. Pour pénétrer sur ce marché très concurrentiel, Green Tech Innovation dispose d’ores et déjà de plusieurs démonstrateurs en situation réelle et présente une offre commerciale attractive et augmentée de la capacité non négligeable de s’adapter aux besoins énergétiques et IoT de chaque collectivité. Une approche à suivre, qui s’inscrit dans le prolongement des premiers chapitres smart-cities français et interroge l’un de ses destinations prioritaires : comment définir les besoins spécifiques de chaque territoire en termes de technologie et de solutions connectées ?


Le séminaire « Paris Olympic Games 2024 – Becoming a large-scale innovation center for the Cities of Tomorrow », organisé par le groupe d’exposition So French So Innovative, a permis de découvrir comment Paris profite de l’occasion d’accueillir les Jeux olympiques de 2024 pour promouvoir les technologies de l’information et de la communication.

© HKTDC
Le séminaire « Paris Olympic Games 2024 - Becoming a large-scale innovation center for the Cities of Tomorrow », organisé par le groupe d’exposition So French So Innovative, a permis de découvrir comment Paris profite de l’occasion d’accueillir les Jeux olympiques de 2024 pour promouvoir les technologies de l’information et de la communication.
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ENTRE INNOVATIONS ET IDENTITÉ, LA PERTE DES REPÈRES

La ville de Hong Kong est  réputée  pour être l’une des plus importantes émettrices de pollution lumineuse, et se distingue notamment par un light show quotidien à la tombée de la nuit, qui met en scène les immeubles les plus significatifs du quartier d’affaires de Central depuis le port. Depuis 2017, la gestion de l’éclairage public, rattachée à l’administration publique de la voirie, opère une rénovation complète des 240 000 sources lumineuses par de la LED, avec un rythme d’environ 6 500 luminaires d’éclairage public et 1 500 tubes fluorescents par an. En parallèle, Hong Kong déploie une solution dite SLMS, pour smart lighting management system, permettant les opérations désormais entendues de gestion et de détection de panne à distance. L’on retrouve à cet endroit les problématiques d’ordre international, à savoir la sobriété énergétique et la réduction de l’impact sur l’environnement. Si ces démarches sont vertueuses, elles transforment néanmoins le paysage nocturne vernaculaire, et l’homogénéisent par la suppression et le non-remplacement de ce qui fait l’une des authenticités du Hong Kong nocturne : les innombrables enseignes multicolores au néon, par ailleurs immortalisées par le photographe Pascal Greco dans son ouvrage Hong Kong Neon en 2012, date à laquelle déjà plus de 90 % des enseignes lumineuses étaient déposées pour des raisons de sécurité face aux typhons et de réduction de la consommation électrique. Si la plupart des innovations technologiques présentées à la Lighting Fair n’ont pas encore atterri dans le quotidien de l’espace public asiatique et international  mais  semblent   encourager la sobriété par la ledification et la gestion centralisée, peut-on espérer que le délai nécessaire au déploiement des solutions connectées ouvre la porte aux réflexions sur la préservation de ce qui participe du caractère d’une ville la nuit, à savoir les ambiances lumineuses imaginées d’après les modes de vie et les activités des populations locales ?

Nicolas Houel

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