En février 2021, sur la ligne 14, place de Clichy, à Paris1, a été découverte la nouvelle version des accès du métro parisien, fruit d’une collaboration entre le Studio Aurel Design, la RATP et la fonderie GHM, cette dernière ayant déjà, dès 1910, réalisé les historiques entrées
d’Hector Guimard. Projet contemporain qui, par ailleurs, « valorise la main courante devenue un luminaire urbain à part entière, symbole du renouveau de l’éclairage public », plaide Marc Aurel.
Depuis quelque temps, les normes d’accessibilité de l’espace public ont conduit à reconsidérer le développement du mobilier urbain. « En se voulant éclairant pour mettre, par exemple, davantage en sécurité les marches et escaliers, le mobilier urbain amorce une évolution vers un éclairage plus horizontal », constate Marc Aurel pour qui « cette tendance permet à l’éclairage de reprendre la main ».
DE NOUVELLES AMBIANCES
La technologie LED, par son faible encombrement, par la qualité des optiques et par le fait qu’elle ne chauffe quasiment pas, a ainsi facilement trouvé sa place dans ces équipements, notamment dans les mains courantes. « Cette intégration parfaite représente également un gage de pérennité car ce système est plus résistant aux agressions et au vandalisme. » Ainsi « augmentée », la main courante est devenue, malgré elle, un luminaire urbain à part entière, symbole de renouveau de l’éclairage public. Étant la seule à utiliser pleinement les performances des sources LED, cette typologie d’éclairage permet de nouvelles ambiances lumineuses. Celles-ci s’inscrivent dans l’importance du mobilier urbain, contribuant à la beauté d’une ville. Non seulement les équipements d’éclairage, mais tout type de mobilier : transport urbain (bus, métro, tramway), déchets (tri sélectif), mobilier de confort (assises), signalétique (taxi, bus), autant de mobilier participant à l’identité des villes.
PLUS PROCHES DES USAGERS
« Aujourd’hui, l’éclairage public reste conçu sur une logique d’implantation très XIXe siècle », considère Marc Aurel. À savoir : d’une part, un mât et sa lanterne implantés en bord de voie pour éclairer la chaussée afin d’éviter tout conflit voiture-piéton ; d’autre part, sur les trottoirs, des éclairages sur mâts ou en appliques sur façades. Depuis lors, même si la technologie, la qualité et les performances des produits ont grandement évolué, l’approche de la lumière en ville n’a guère progressé. Pourtant, de nouvelles solutions apparaissent, pour « une lumière urbaine plus proche des usagers ».
LE BALISAGE POUR CHANGER D’ÉCHELLE
Le designer imagine un éclairage moins systématique et moins unitaire qu’aujourd’hui afin de proposer une nouvelle partition, par la multiplication de petites touches de lumière, tel un peintre rehaussant son tableau par des touches blanches donnant du relief à son paysage. « Il faut changer d’échelle, passer d’une lumière verticale, celle des mâts, à une lumière horizontale à échelle humaine, celle de l’habitant », estime-t-il, en ajoutant que « le balisage représente le nouveau maillon de l’éclairage public, en apportant une sensation visuelle agréable de luminosité ». Cette solution permet de se repérer plus facilement dans l’espace, de sécuriser les déplacements avec des intensités lumineuses de faible puissance. Pour Marc Aurel, il est donc tout à fait envisageable, à certaines heures de la soirée, de réduire considérablement, voire d’éteindre la lumière des candélabres pour que le balisage prenne le relais et permette des déplacements sécurisés.
« C’est une approche répondant aux besoins d’évolution actuels pour une gestion optimisée de la lumière et pour une meilleure maîtrise de son impact sur la biodiversité », poursuit-il.
Dans cette reconfiguration, le balisage ne doit plus être considéré uniquement comme un élément de signalétique ou de décoration, « mais comme une nouvelle pièce du dispositif d’éclairage public qui nous permettra de reconfigurer des ambiances nocturnes plus intuitives et moins agressives », conclut-il. JD
1 À ce jour, une vingtaine de nouvelles stations ont été installées.