L’Eure-et-Loir est le plus septentrional des six départements de la région Centre-Val de Loire. LUX y a visité deux communes rurales, Bû et Vieuvicq, respectivement au nord et au sud de Chartres, dont les maires ont choisi des solutions différentes au niveau de la rénovation de l’éclairage public de leurs communes rurales. Ils expliquent leurs choix.
À Vieuvicq, le chœur de l’église Saint-Martin abrite l’un des plus beaux retables de France, datant de 1694. La mise en lumière extérieure de l’église, réalisée par Citeos Chartres, est assurée, pour la façade principale, par des projecteurs LED Klepero Zoom 33W, des projecteurs LED Klepero Mini Zoom 12 W pour le porche et des projecteurs LED encastrables Jumper Mini 3W pour la porte. Ces trois familles de produits ayant été fournies par Targetti. Enfin, pour l’éclairage du clocher, ont été installés des projecteurs Siri de Luce&Light.
Il me paraît paradoxal que, la nuit, plusieurs communes éteignent l’éclairage alors que leurs administrés ont payé pour. » Maire de Bû depuis 2014, Pierre Sanier a rapidement pris en considération le problème posé alors par les 480 points lumineux (principalement équipés de lampes au mercure ou de lampes sodium) répartis dans le bourg et les 7 hameaux (2 100 habitants au total). En conséquence, une consommation électrique annuelle et des coûts d’abonnement divisés par deux. À l’époque, la démonstration d’une nouvelle technologie d’éclairage public est « tombée à point nommé » pour orienter son choix.
BÛ : CINQ ANS DE « BÛ-BOP »
À Bû, s’est installée la filiale française de PLEP Europe (Plate Light Emitting Polymer), pour promouvoir dans notre pays la nouvelle technologie BOP (Base of Polymer), 100 % recyclable, associant, selon ses promoteurs mexicains, « l’expérience et les avantages des diodes électroluminescentes à un éclairage conventionnel ».
En témoigne, l’appel à projets d’innovation « Routes et rues », édition 20191, au terme duquel Sandrine Chinzi, directrice des infrastructures de transport à la DGITM2, a retenu 8 lauréats « pour leur caractère innovant et leur intérêt potentiel », dont l’éclairage BOP. Parmi les critères considérés, citons : réduction de la consommation électrique par rapport aux systèmes d’éclairage existants (NDLR : de 15 % par rapport aux LED et 80 % par rapport aux sources traditionnelles) ; élimination de déchets dangereux, car n’utilisant pas de plomb et de mercure ; température de couleur s’approchant de l’éclairage naturel au lever et au coucher du soleil (NDLR : entre 1 900 et 6 000 K) ; IRC élevé (78 pour 1 900 K jusqu’à > 85) « qui, en renvoyant plus d’informations chromatiques permet de diminuer la quantité de lumière… tout en assurant une sécurité visuelle maximale, sa composition sans filtre externe offrant une durabilité meilleure, en comparaison avec d’autres technologies existantes », souligne notamment le rapport de la DGTIM. Conclusions que pratique Pierre Sanier qui a installé 340 points lumineux BOP en 3 étapes, rétrofité 30 autres et adapté la technologie BOP à 70 luminaires existants. « Au total, nous avons d’ores et déjà “converti” près de 380 points lumineux, sur les 450 que compte la commune, aucune intervention n’ayant été nécessaire depuis 4 ans. » Soulignons que le coût d’acquisition et d’installation des 340 points lumineux s’est élevé à 147623 € TTC, les Certificats d’économies d’énergie (CEE) ayant, quant à eux, permis de diminuer cet investissement de 45 765 €, assurant un amortissement de 2 ans grâce aux économies de consommation réalisées. Côté budgétaire, la satisfaction est aussi grande puisque la facture annuelle consommation et maintenance est tombée de 41 243 €, en 2015, à 8 900 €, en 2019 (soit une économie de 78,5 %). Par ailleurs, côté abonnements et taxes, le montant total a chuté de 43 080€, en 2015, à 23 823 € en 2019 (soit 44,7 % d’économie). Cerise sur le gâteau, les administrés apprécient « le retour du ciel étoilé, l’absence de halo lumineux et l’absence d’insectes morts au pied des luminaires ».
À Bû, l’essentiel des luminaires BOP installés (de 50 à 60 W de puissance) affiche une température de couleur de 2 700 K et est équipé de drivers programmables assurant une réduction du flux lumineux de 23 heures jusqu’à 6 heures. Le flux lumineux est homogène avec moins d’éblouissement.
VIEUVICQ : UN SI GRAND SOLEIL
Dès 2013, il aura fallu 4 années à Philippe Morelle, maire de Vieuvicq depuis 2001, pour faire aboutir un de ses projets d’envergure : développer son parc d’éclairage public en solaire. Deux principales raisons l’ont motivé : d’une part, pour son aspect écologique, concept auquel le maire est sensible et qu’il promeut au sein de sa commune ; d’autre part, pour limiter le nombre d’abonnements « éclairage public », la commune comptant 17 hameaux. « Aujourd’hui, tous les sites comptant au moins 5 habitations bénéficient de l’éclairage », se félicite-t-il. Repris, en octobre 2016, par la Communauté de communes Entre Beauce et Perche, le parc d’éclairage public « solaire » compte aujourd’hui 94 luminaires Smartlight Power 3653 fournis par Fonroche et installés par Citeos Chartres. Chacun d’eux est équipé d’un panneau photovoltaïque, comptant 72 cellules, d’un bloc optique LED 4 000 K, de 30 W mini pour les 4 et 5 m de hauteur et de 60 W mini pour les 6 et 8 m et de la technologie Power 365 de batteries rechargeables NiMh4 avec régulateur de charge.
D’un montant de 200 000 euros HT, ce projet a bénéficié de 3 subventions : 19 % par l’État, via le fonds de soutien à l’investissement public local ; 30 % par la région Centre-Val de Loire ; 28 % par le Territoire d’énergie d’Eure-et-Loir. Le reste à charge revenant à la commune est payé par autofinancement « sans recours à l’emprunt », précise Philippe Morelle.
Sa principale satisfaction ? Hormis les 17 points lumineux « historiques » que compte toujours la commune, l’installation solaire ne génère pas de facture d’électricité. Enfin, conclut- il, « cet équipement permet d’assurer un éclairage d’ambiance économique durant la nuit entière afin d’assurer la sécurité des citoyens ».
JD
1 Il s’agit de l’un des outils mis en place par le ministre de la Transition écologique et solidaire (CEREMA, IFSTTAR et CETU) destiné à encourager l’innovation, en association avec l’IDRRIM (Institut des routes, des rues et des infrastructures de mobilité).
2 DGITM : Direction générale des infrastructures, des transports et de la mer.
3 6 luminaires de 4 m de hauteur, 12 de 5 m, 72 de 6 m et 4 de 8 m.
4 Ni-MH : couple nickel-hydrure métallique.