LINNÉ PAYSAGE
Petit événement lors de la dernière édition du salon Light + Building, la présence parmi les exposants de la toute jeune entreprise française Linné Paysage. Son concept ? Ce mât pensé comme un îlot de biodiversité, colonisé par des plantes grimpantes et des insectes, est aussi le support naturel du luminaire innovant Greenlight développé par l’équipe, respectueux de la faune et la flore.
Tout commence par la force d’un nom. Puisque personne jusque-là n’avait eu l’idée d’emprunter celui botaniste suédois, père de la nomenclature binominale, ils l’ont fait ! « Ils », c’est l’association de Louis Guérin, Zarko Stojanovic et Grégory Lamaud, trois personnalités dynamiques aux compétences variées, couvrant un spectre allant de la botanique au design produit en passant par la mode. Urbains en mal de nature et conscients que si les arbres apportent une bouffée d’oxygène à la ville, ils savent aussi que leurs solides racines feuille, d’une glycine, d’une liane chocolat ou de n’importe laquelle des 200 volubiles à même de venir coloniser un mât doté de câbles. Les premières graines du concept Linné sont plantées et germent sans attendre. Implanter de la végétation haute là où cela n’est pas possible prend forme. Début 2018, les essais sont lancés.
UN HASARD HEUREUX
Motivés par le constat sans appel que la biodiversité est mise à mal par nos modes de vie, à la campagne autant qu’en ville, et que l’éclairage est pour partie responsable de cette perte, Linné Paysage se lance dans le développement d’un support dédié. C’est dans le stock d’équipements mis au rebut d’une ville qu’ils trouvent un mât de la marque Valmont. Totalement étrangers jusque-là au monde de l’éclairage, ils contactent le fabricant qui, séduit par le concept, les accompagne dans la conception d’un candélabre végétal de 4, 6 ou 8 mètres composé d’un mât central et de quatre bras articulés (de 10 à 80° d’inclinaison). Un « candélarbre » est né. Mais l’aventure ne s’arrête pas là. Quitte à accueillir du vivant, autant qu’il soit divers et varié. Quitte à utiliser des mâts, autant qu’ils soient le support d’un éclairage. Mais pas n’importe lequel. Il se doit d’être respectueux de la biodiversité. Au fil de recherches approfondies, Linné Paysage se rend compte qu’aucun luminaire n’est vraiment adapté et se lance dans le développement de sa propre solution. Autre graine plantée : celle de la solution Greenlight en collaboration avec le fabricant français DLS Lighting.
RECHERCHE ET INNOVATION
Fait inédit, Linné Paysage entre par une porte inattendue dans le monde de l’éclairage. Celle de la botanique. Et c’est à ce titre qu’elle ne peut s’imaginer proposer à la vente une solution d’éclairage qui viendrait nuire à la biodiversité venue s’installer sur les candélabres, notamment dans ces « totems » qu’elle a également conçus, fixés au plus haut et où peuvent se réfugier oiseaux, chauve-souris et insectes. Après des heures et des heures d’analyse des études publiées sur l’influence de l’éclairage sur la faune et la flore, Linné constate « qu’elles sont incohérentes et que l’attachement à la seule température de couleur n’a pas de sens ». Avec DLS Lighting, elle imagine la tête de mât Linné Greenlight, « qui recompose la lumière à l’aide de LED spécifiques. En utilisant uniquement des sources lumineuses en ambré, orangé-rouge et vert ». Cependant les concepteurs n’oublient pas la fonction première de la lumière : éclairer les êtres humains. « Cette composition trihromique s’efforce de préserver la perception des profondeurs et des couleurs pour l’œil humain. Ce caractère est essentiel et permet aux citoyens de toujours apprécier l’espace éclairé convenablement », précisent-ils.
Développé avec DLS Lighting, la crosse Linné Greenlight recompose une lumière dépourvue de bleu à partir de sources en ambré, orangé-rouge et vert.
Les Totems de biodiversité pour insectes, oiseaux et chauve-souris.
UN AVENIR EN RÉALITÉ AUGMENTÉE
Le concept séduit par la variété des solutions qu’il apporte à des villes en mal de diversité du vivant. Le premier mât installé en France a trouvé sa place dans une école maternelle (sans luminaire car fermée le soir). Linné Paysage est sollicité au Moyen-Orient et par le Muséum d’histoire naturelle de Paris pour continuer de réfléchir sur l’influence de l’éclairage sur les chauves-souris. Et signe (intelligent) des temps, pour faire connaître son concept Linné Paysages recours à la réalité augmentée pour faire apparaître sa solution in situ. Voilà de réjouissantes perspectives !
Lucie Cluzan