Au prochain Salon des Maires et des collectivités locales, sera officialisée, sur un stand commun, l’Alliance Lenzi-Rohl donnant naissance au 3e fabricant français d’éclairage public1. « Cette initiative marque le début d’une nouvelle ère pour nos entreprises, désormais unies pour éclairer l’avenir des villes », se félicitent Antoine Bonneville et Yves Fanack2, pour lesquels « le fabriquer en France représente une véritable opportunité ». Ils s’en expliquent.
LUX : Cette alliance renforce-t-elle votre conviction vis-à-vis du Fabriqué en France ? Dans l’affirmative, comment ?
Antoine Bonneville : L’histoire de l’éclairage public est liée à l’histoire de France avec Louis XIV qui l’invente au XVIIe siècle pour lutter contre l’insécurité. L’histoire de Lenzi, et de son créateur, est liée à la capitale française. Le style des lanternes est spécifiquement français : « Et Lenzi créa le style », titre du livret anniversaire édité en 2023 pour les 90 ans de la société, promeut un savoir-faire à la française. Par ailleurs le style bien français de ses produits, qui se distingue résolument de celui d’autres pays comme l’Italie ou la Grande-Bretagne, est caractérisé par des lignes élégantes et légères. Il est donc bien entendu que Lenzi ne pouvait s’allier qu’avec une entreprise française. Rohl partage avec Lenzi cette conviction que le Fabriqué en France est à la fois une opportunité et une chance pour se développer sur un marché toujours plus exigeant en termes de performance, d’innovation, de qualité, de réglementation et de prix.
Yves Fanack : Oui, fabriquer en France est une vraie opportunité. Le souci du design lié à l’histoire des territoires et de nos usines, le souci de promouvoir une lumière bienveillante mais, aussi et surtout, le souci du client, cette envie rageuse de ne pas se complaire dans une forme de pensée unique ou la standardisation des formes, des couleurs et des schémas lumières nocturnes font partie de la bienséance. Avec Antoine nous partageons cela, autant que l’évidence qu’au-delà de nos deux maisons il s’agit de préserver les savoir-faire de la filière éclairage dans son entièreté : du travail de la tôle à la fonderie en passant par la serrurerie, mais aussi de l’optique, du thermolaquage, repoussage, etc. Les métiers de l’éclairage publique sont multiples, passionnants et fondamentales pour l’ensemble des parties prenantes, Pour moi, respecter ces savoirs en refusant tout statu quo n’est pas un sujet, c’est dans nos tripes.
Quels atouts vous apportent ce choix industriel ? L’Alliance augmentera-t-elle encore plus ces atouts ?
AB : Ce choix industriel et commercial a pour objet de mutualiser certaines fonctions et de développer certaines synergies. « Ensemble on va plus loin » est notre leitmotiv. Le partage de nos savoir-faire n’appauvrit pas celui qui transmet mais, au contraire, enrichit ceux qui échangent. L’esprit d’équipe et l’envie de collaborer qui se dégagent de ce projet d’Alliance en sont les atouts principaux.
YF : Les atouts sont nombreux. Il suffit d’aligner l’ensemble de nos savoir-faire communs. En professionnel de l’éclairage, vous comprendrez vite que nous les couvrons tous : du travail des différents alliages sur leurs différentes formes, en passant par l’électronique embarquée et communicante, pour finir avec la maîtrise lumière. Nous disposons de suffisamment de connaissances et d’outils pour laisser la créativité de nos collaborateurs et de notre force de vente aux services des besoins de nos clients.
De surcroît, disposer d’un catalogue complet nous permet aussi d’afficher de belles ambitions à l’export. Si la présence de Rohl à l’international peut être encore limitée, le savoir-faire de Lenzi brille déjà dans le monde entier ! À nous de travailler pour, à notre échelle, faire briller la France à travers le monde. Nous avons en France les atouts nécessaires pour ce faire, l’exigence continue des clients français en fait partie.
Au niveau industriel, profiterez-vous d’économies d’échelle ?
AB : Bien sûr, nos savoir-faire sont différents et donc la mise en commun de certains d’entre eux dans l’Alliance permet d’augmenter notre capital commun tout en réalisant des économies substantielles.
YF : Évidemment, il y en a, mais il y a là quelques secrets qui resteront les nôtres ! Ce que je peux dire c’est que lorsque Lélia, l’ancienne Directrice commerciale de Lenzi, m’a, il y a quelques années, fait visiter l’usine pour la première fois, j’ai été frappé par la complémentarité des deux entreprises. Chacune complétait les savoir-faire de l’autre et par ailleurs, nous avions en commun une philosophie industrielle et plus de 70 % de notre réseau commercial. Ce jour-là, l’évidence était sous mes yeux !
Par ailleurs, que pensez-vous des affirmations suivantes ? « Le Fabriqué en France est gage de qualité. »
AB : Oui, ceux qui ont voyagé à l’étranger ont pu constater que le savoir-faire français est l’un des meilleurs au monde. La formation professionnelle y est d’excellence. Les entreprises françaises qui veulent le perpétuer mettent les moyens sur le recrutement, la formation interne et l’alternance. Fabriquer du bel ouvrage fait partie des traditions que nous partageons avec les équipes Rohl.
YF : Avoir non pas une mais deux usines de fabrication avec chacune des savoir-faire dédiés à ses marchés à proximité, c’est garantir un service capable de comprendre les préoccupations et d’adapter nos produits et services aux exigences spécifiques que nos territoires ont fixées. Commander en France, c’est s’assurer de conserver un outil de production local et en capacité de réaliser de séries adaptées aux besoins locaux, valorisant le patrimoine urbain propre à chaque lieu. Ne pas standardiser l’éclairage urbain c’est conserver la spécificité et l’identité propre de chaque région. Pour résumer la qualité « à la française » ne réside pas uniquement dans un process de fabrication ou dans la qualité d’un matériau. Nos voisins européens savent très bien réaliser des produits de qualité. Le gage de qualité du « Fabriqué en France » réside dans la compréhension la plus totale des métiers de nos clients, des particularités des territoires et l’histoire de nos institutions et zones urbaines pour y adapter des produits qui leur correspondent. Concevoir et produire localement nous permet de préserver une inspiration du style à la française, contribuant à l’identité unique de nos villes et villages. Si l’uniformisation technologique et de maintenance est souhaitable, celle du style et du design ne l’est pas. Nos communautés doivent conserver leur identité visuelle.
« Le Fabriqué en France contribue
à la décarbonation. »
AB : Oui, l’ancrage territorial qui consiste à fabriquer et s’approvisionner local permet de créer de la valeur et des emplois dans notre pays afin d’allier développement économique et développement durable. Le fabriqué en France, le vrai, fait partie des objectifs de l’Alliance.
YF : Les normes environnementales soumises aux entreprises en France sont parmi les plus strictes au monde. Elles sont coûteuses et complexes à mettre en œuvre, cependant elles reflètent notre engagement envers une production durable et éthique. C’est pour cela que nous faisons le choix de continuer à produire en France.
« Le développement du Fabriqué en France est limité par le besoin de compétitivité. »
AB : Non, chez Lenzi nous avons réalisé ces deux dernières années des investissements conséquents dans le cadre de la transition numérique et environnementale. Ils nous ont permis de faire croître significativement la performance de notre outil de production et la formation de nos collaborateurs. L’entreprise s’en est trouvée beaucoup plus agile. Le résultat ne s’est pas fait attendre, la croissance du chiffre d’affaires s’est conjuguée avec le développement de la marge. Notre compétitivité s’en est trouvée fortement améliorée.
YF : Chez Rohl, nous croyons fermement que la Responsabilité sociétale et environnementale n’a de valeur que lorsqu’elle est partagée par tous les acteurs, des collectivités aux installateurs. Le législateur impose une excellence sociale et environnementale aux entreprises françaises, mais il est regrettable de constater que cette exigence n’est pas valorisable dans les appels d’offres publics… Il serait plus facile de délocaliser notre production vers des destinations où les normes sont moins contraignantes et les coûts de fabrication plus bas. Cependant, nous avons choisi de rester fidèles à notre enracinement alsacien. Le respect des savoir-faire de nos collaborateurs et de nos fournisseurs locaux nous pousse à défendre ces valeurs, au risque de perdre certains appels d’offres. La valeur ajoutée d’une production en France c’est bien plus qu’une simple conformité aux caractéristiques techniques des DCE actuels. C’est un engagement à offrir des luminaires qui incarnent nos valeurs d’entreprises responsables. Chaque produit que nous fabriquons reflète notre dévouement envers la qualité, l’innovation et le respect des normes sociales et environnementales. Nous appelons les donneurs d’ordres à reconnaître et à valoriser ces efforts. Ensemble, nous pouvons faire en sorte que l’excellence française ne soit pas seulement une obligation légale, mais une véritable valeur ajoutée dans le processus d’achat public.
- La création de cette Alliance a été annoncée à la Une de la Lettre Lux du 17 septembre dernier.
- Respectivement présidents de Lenzi et de Rohl.