Lux a minima et souci du détail

Photos © Alex Profit
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Costes. Un hôtel, trois maisons, à deux pas de la place Vendôme. Dans le lobby du Castiglione, les bougies posées sur les tables augurent du parti-pris lumineux : a minima. Côté chambres, les habits de lumière sont taillés sur mesure ou selon des scénarios prédéfinis. De l’interrupteur classique à l’iPad, l’expérience client est facilitée grâce à une gestion centralisée.

Depuis l’ouverture du Café Costes, imaginé par le (alors) jeune et inconnu Philippe Starck, au pied du Centre Pompidou, en 1985, Jean-Louis Costes veille à s’entourer de designers à la patte délicate et affirmée. Dix années plus tard l’hôtel Costes est inauguré au 239, rue Saint-Honoré, un hôtel particulier du XVIIIe siècle transformé sous la houlette de l’architecte d’intérieur Jacques Garcia. Le style est voluptueux, l’ambiance lumineuse tamisée y est de rigueur. C’est la touche Costes, un goût pour la pénombre qu’un esthète de l’architecture japonaise ne renierait pas. En 2020, l’annexe rue Castiglione signée Christian Liaigre est plus sobre et, côté éclairage, connectée. La mise en lumière de l’agence Isometrix est mise en œuvre par Johann Berger (AMO) et aux manettes de la gestion centralisée, Jérémie André-Morin fondateur de l’agence Otomis.

CHAMBRE TÉMOIN DU MOINS C’EST PLUS

Jean-Louis Costes n’est pas n’importe quel maître d’ouvrage. Pas vraiment technophile, mais conscient de l’intérêt de la gestion des éclairages autant que de la nécessité de réduire la maintenance, il est le premier à tester les solutions mises en œuvre. Finalement, le diable dans les chambres d’hôtels, c’est souvent comment simplement allumer ou éteindre la lumière ! Aussi, pour affiner le concept, ajuster l’expérience client et réellement évaluer les choix d’éclairage retenus, une chambre témoin a servi de lieu d’expérimentation afin de valider notamment les éléments de commande intégrées au design, ou encore décider des fonctionnalités qui faciliteront le séjour du client. Ici, les possibilités sont multiples, de l’interrupteur classique à l’iPad, en passant par la simple télécommande pour les réfractaires à la technologie. AMO et intégrateur ont pour cela retenu les solutions Lutron pour la gestion de la lumière et de la température au travers de claviers et thermostats ergonomiques couplées judicieusement au système de contrôle Crestron pour la gestion sur iPad et télécommande. Dès l’entrée dans la chambre, un interrupteur indique « Welcome ». Sur le clavier en tête de lit, huit boutons pour trois scénarios lumineux, le contrôle des stores, la lecture de la playlist Costes… Les pictos sont le plus explicites possibles, tout comme le design graphique de la tablette qui fait aussi fonction d’interphonie avec les différents services de l’hôtel et propose même la commande directe de room service. La nationalité du client est enregistrée à son arrivée pour que les chaînes de télé soient celles de son pays.

Haut de page.

Le lobby de l’hôtel est plongé dans une pénombre propre aux maisons Costes. Les luminaires fournis par Flos et DGA côtoient des créations sur mesure ou des installations d’artistes tel François Morellet.

En haut.

Dans les salles de bains, la partie mobilier est rétro-éclairée avec un mélange de blanc chaud et de blanc froid. Dans l’ensemble des chambres, une température de 2 400 K a été choisie.

En bas.

Du noir total au pleins feux, les clients peuvent adapter l’ambiance lumineuse à leurs envies. Pour cela, télécommande, claviers muraux et iPad, facilitent leur séjour

AU-DELÀ DE LA LUMIÈRE

En ce qui concerne le protocole choisi, « Yohann Berger a préféré la technologie 1-10V analogique plutôt que numérique DALI, même si elle est plus fastidieuse à déployer et nécessite plus d’équipements, explique Jérémie André-Morin. Car avec elle, on peut obtenir une variation parfaitement linéaire, tout en favorisant une homogénéité parfaite de l’ensemble des sources sans les approximations de la lumière numérique ». Fait notoire, l’intensité lumineuse peut être abaissée sans vibration à 1 %, et pour cela, il faut des drivers de très bonne qualité. Niveau sécurité du système et des données, « les réseaux sont séparés des fonctions au cas où le système plante, tout ne plante pas », détaille Yohann Berger. De plus, chaque chambre possède son propre réseau et son propre wifi. Fibre optique à tous les étages. Aucune donnée ne peut en sortir. L’intérêt de la gestion centralisée porte également sur les économies d’énergie possibles en adaptant les scénarios selon l’occupation de la chambre. Pour l’éclairage, puisque l’œil ne perçoit pas de différence, le seuil maximum est fixé à 90 % plutôt que 100. « Un système de détection de présence est couplé à la porte. Si elle s’ouvre, le système Lutron scanne l’ensemble de la pièce au travers des détecteurs de présence équipant les thermostats ; si aucune activité n’est détectée, la chambre passe en mode inoccupé. La lumière s’éteint progressivement, les rideaux se ferment pour éviter un apport ou une perte de chaleur, le son et l’image se coupent, la température de la pièce baisse de quelques degrés », poursuit Jérémie André-Morin. Autre économie, celle sur le coût de fonctionnement pour l’établissement. La gestion permet de réduire les frais de maintenance, et de devoir par exemple bloquer une chambre parce qu’un store est endommagé par une chaise laissée sur le seuil de la porte- fenêtre. Quand tout paraît pourtant si simple !

Lucie Cluzan

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