Un dialogue par la lumière

Photos © ERCO GmbH / www.erco.com / photographie : Sebastian Mayer
Photos © ERCO GmbH / www.erco.com / photographie : Sebastian Mayer

Dans un minimalisme maîtrisé, la collection Feuerle qui vient d’ouvrir ses portes à Berlin dans le quartier de Kreuzberg offre une expérience de visite à la mesure du lieu qui l’abrite : un bunker. Dans l’obscurité générale qui baigne les espaces se détachent les œuvres mises en exergue par l’éclairage, fruit d’une collaboration de longue date entre le fabricant Erco et le collectionneur.


L’éclairage joue un rôle primordial dans la mise en scène de la collection.

Les appareils de la collection Pollux d’Erco et les rails sont noirs pour quasiment disparaître.


MISE EN LUMIÈRE DE LA FEUERLE COLLECTION
CLIENT
The Feuerle Collection
CONCEPTION LUMIÈRE
Désiré Feuerle et Erco
ARCHITECTE
John Pawson
LOCALISATION
Hallesches Ufer, Berlin, Allemagne
LIVRAISON
2016
SURFACE
6 350 m2
MATÉRIEL
Erco

Ci-dessous.

Sur les murs, les œuvres sont éclairées par des projecteurs contours. La lumière les décrit nettement. Les sculptures sont révélées par des projecteurs avec répartition de la lumière.


En bas à droite.

La collection prend place dans un bunker reconverti en musée par l’architecte John Pawson. Ses cheminées de ventilation lui donnent des lignes dignes d’une œuvre de Donald Judd.

Prenez l’architecte britannique John Pawson, maître du minimalisme et demandez-lui de transformer en musée deux bunkers, couronnés par des cheminées de ventilation, construits entre 1942 et 1944 pour les services de télécommunications de la Deutsche Reichsbahn. Des lignes franches, des volumes qui se répètent, qui ne sont pas sans rappeler les créations de l’artiste minimaliste américain Donald Judd. Une bonne augure esthétique pour accueillir les œuvres de la collection de l’Allemand
Désiré Feuerle, personnalité influente et discrète de la scène artistique internationale. Derrière des murs de 2 mètres, sous un toit d’une épaisseur de 3,37 mètres supporté par des colonnes d’1,60 mètre, la collection fait dialoguer mobilier de la cour impériale chinoise, sculptures de la culture khmère couvrant la période du VIIe au XIIIe siècle, ainsi que des œuvres des plus grands artistes contemporains tels Anish Kapoor ou Nabuyoshi Araki.

UNE MISE EN SCÈNE EN CONTRASTES

Feuerle n’est pas le premier à ouvrir à Berlin une galerie privée dans un vestige militaire de ce type. Le mouvement a été initié en 2008 par Christian Boros avec l’ouverture au public dans le Bunker de sa collection composée d’œuvres datant exclusivement de 1990 à nos jours. Si la nature des fonds exposés diffère, c’est aussi le traitement des espaces et leur mise en lumière qui tendrait même à s’opposer. Ici, Feuerle a pris le parti de plonger les visiteurs dans une obscurité avec laquelle tranche l’accentuation des œuvres par un éclairage particulièrement soigné, issu de la collaboration entre le client et le fabricant Erco. La lumière accompagne ce dialogue entre des œuvres d’époques et de cultures différentes.

Pour cela, c’est une véritable expérience sensorielle qui est donnée de vivre. Le visiteur/spectateur est tout d’abord plongé dans un quasi- noir auquel l’œil s’acclimate, sur fond de musique. Il est ensuite guidé dans des salles éclairées avec parcimonie, dans lesquelles les œuvres se détachent. Les appareils d’éclairage retenus après une longue série de tests sont exclusivement de la gamme « Pollux ». Compacts et noirs, comme les rails sur lesquels ils sont fixés, ils restent quasiment invisibles, ne perturbent pas la perception de la collection. La lumière faiblement dosée est concentrée sur des points. Les œuvres en volume sont révélées par des projecteurs avec répartition de la lumière, tandis que les œuvres bidimensionnelles semblent rayonner d’elles-mêmes grâce à des projecteurs contours.

Au minimalisme de l’intervention de John Pawson répond cette ambiance lumineuse pondérée, une dimension dramatique à la mesure du lieu, de sa mémoire et de celles portées par les œuvres.

Lucie Cluzan

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