1^er prix Un salon urbain au cœur de Lunel

Au même titre que le paysage, l’architecture ou l’urbanisme, la conception lumière est aujourd’hui l’une des composantes importantes de l’aménagement urbain. » Cette conviction, Yves Bral l’a appliquée à Lunel, ville moyenne comptant 25 000 habitants, située entre Nîmes et Montpellier, que le maire Claude Arnaud souhaite repositionner comme un lieu central entre les deux cités. La réhabilitation du centre-ville y contribue, notamment la place Louis-Rey. Concrètement, un ancien carrefour giratoire a été reconverti, tandis qu’un îlot bâti a partiellement disparu, l’éclairage LED révélant son aménagement une fois la nuit tombée.

La mise en lumière des pignons, autrefois dégradés et nouvelle- ment parés d’une peau métallique ajourée et de peintures exotiques, délimite l’emprise de cet espace transformé en un salon urbain à l’ambiance feutrée. Les pots en suspension, éclairés avec sobriété par des projecteurs, apportent de la fraîcheur l’été en complément du jardin exotique créé au pied de l’immeuble. Les fauteuils, les abat-jour surplombant les luminaires, le décor peint et la fresque rétro éclairée d’une des parois, meublent l’espace s’animant et incitant les passants à s’attarder. Au centre de la place, la fontaine éclairée apporte la fraîcheur et une ambiance sonore relaxante. « La mise en lumière agit comme un révélateur et contribue à donner une véritable identité à cet espace, en incitant les habitants à s’y poser », a apprécié le jury du concours. « En tant qu’artisan lumière, j’essaie de faire en sorte que ce que je produis, plaise au public… plus souvent qu’à moi-même. » Cette humilité, dont fait preuve Yves Bral (ECL Studio), vient d’être récompensée par le jury qui lui a attribué le 1er prix pour « un travail soigné et un rendu élégant».

¹ Le Concours Lumières est organisé, depuis 1987, par le Serce, en partenariat avec Signify (voir LUX n° 300, p. 50).

² Guy Geoffroy est maire de Combs-la-Ville (77) et préside l’association des Éco-Maires.

Nicolas Lebunetel, architecte en charge du projet de réaménagement de la place Louis-Rey à Lunel, a rendu hommage au patrimoine local de la ville. Outre un clin d’œil porté à l’Arboretum, il a rappelé, d’une part, sur le « Pignon des Curiosités », les oiseaux du naturaliste Buffon, dont les tomes sont conservés au musée Médard et, d’autre part, sur le « Pignon des Reliures », les œuvres hébergées au musée lunellois.

Aujourd’hui, les nouveaux outils mis à notre disposition nous permettent de réenchanter nos territoires de façon raisonnée et durable. » Cette conviction, Pierre Nègre de de L’Atelier Lumière l’a appliquée en relevant l’audacieux pari lancé, par le Syndicat de traitement des eaux usées Saône-Beaujolais (STEU BE), au niveau de la mise en lumière de la station Citeau implantée à Belleville-en-Beaujolais (capacité de 25650 « équivalents habitants »). Défi relevé par le concepteur lumière pour qui « un territoire doit disposer d’une identité nocturne au même titre qu’elle possède une identité diurne ».

Installé en centre-ville, à proximité d’une abbatiale du XIIe siècle, la situation atypique de ce site industriel a d’abord contraint ses concepteurs à innover pour le rendre… inodore. « Une réussite qui s’est rapidement transformée en une volonté politique d’en faire un lieu contemporain, parfaitement intégré », souligne le maître d’ouvrage.

Délibérément engagé en faveur du développement durable, le site est entretenu par des animaux brouteurs et accueille un verger. Dissimulé des regards le jour, il est mis en valeur, de la tombée de la nuit à minuit, par un éclairage animant d’ondulations lumineuses l’enceinte en verre. Pour ce faire, 140 rubans LED RGBW de 4,4 mètres de haut sont intégrés dans des profilés aluminium installés à l’intérieur. Aux abords, l’éclairage routier a été redimensionné et se révèle plus discret. Cinq projecteurs gobos diffusent une lumière bleutée qui évoque la Saône passant à proximité. « Le site ainsi transformé véhicule une image positive et dynamique de la ville », a considéré le jury.

Conçue par AFAA Architecture, mise en service en 2012, la station d’épuration de Citeau présente, sur le plan urbain, un très fort enjeu d’image puisqu’elle s’inscrit, juste après la barrière de péage de l’autoroute A6, au droit de l’une des principales portes d’entrée du Beaujolais.

Dynamique, culturelle et sportive, Voiron se développe et se veut une commune à visage humain où il fait bon vivre. » Telle est la volonté de Julien Polat, maire de la commune comptant 20500 habitants, en compétition avec sa grande voisine, Grenoble. C’est notamment dans ce cadre que, depuis 2017, a été mis en place un plan Lumière visant à renforcer l’attractivité commerçante du centre-ville, améliorer le cadre de vie des habitants tout en sécurisant l’espace public. La valorisation lumineuse de l’église Saint-Bruno s’est imposée en raison de la position centrale de cet édifice classé Monument historique.

Le quartier étant peu éclairé, le projet s’est orienté vers une approche sobre. L’analyse des coefficients de réflexion des matériaux composant la façade a permis d’ajuster la quantité de lumière nécessaire. De loin, l’éclairage dessine la silhouette élancée des flèches qui dominent l’ensemble
de la vieille ville de Voiron. À l’approche, une palette de lumière, toute en nuances de blanc, souligne les détails architecturaux du portail occidental. Des projecteurs, installés sur quatre mâts, appliquent un voile de lumière sur la façade. Des spots, gobos et rubans LED soulignent les détails et les aspérités de l’ornementation de l’église grâce à un subtil jeu de contrastes et d’ombres. Par ailleurs, un éclairage intérieur met en valeur les vitraux ainsi que l’horloge, et participe à la mise en profondeur de la façade. Enfin, pour respecter la présence d’une colonie de chauves-souris installée dans les combes de la toiture, aucun équipement (spot ou câble) n’a été installé sur cette partie de l’église, laissée à l’obscurité.

La mise en lumière de l’église Saint-Bruno s’adapte à l’éclairage sobre du quartier.