Romain-Gaël Richard (SERCE). « Du prêt-à-porter au sur-mesure »

Pour Romain-Gaël Richard, membre de la commission EPEC du SERCE (Les entreprises de la transition énergétique et numérique) et, par ailleurs, directeur du pôle « Infrastructures et réseaux » chez Satelec, filiale du groupe Fayat Energie et Services, « parler d’éclairage public est devenu trop réducteur ». Il s’en explique !

« Les clients ont, aujourd’hui, des besoins multiples au-delà de l’éclairage des ambiances nocturnes, économies d’énergie, préservation de la biodiversité, installation de capteurs », rappelle Romain-Gaël Richard. Aussi, de nouvelles compétences apparaissent-elles, accompagnées par le développement de la technologie Led. « En conséquence, notre métier bouge bien et vite ! »

Éclairage public : près de 40 % Led

Pilotée par Philippe Hunault, la commission EPEC (Éclairage public et équipements connectés) est l’une des 17 commissions que compte le SERCE, l’organisation professionnelle réunissant 260 entreprises de la transition énergétique et numérique1. Ces sociétés de services, qui apportent des solutions globales en s’engageant en termes de performance énergétique, sont « plus que jamais force de propositions, notamment en éclairage extérieur », souligne Romain-Gaël Richard, « tant pour piloter les marchés globaux de performance ou pour déployer la ville connectée ».
En mars dernier, le SERCE a participé, en partenariat avec l’AFE et cinq autres organismes 2, à la deuxième édition d’une étude portant sur « les chiffres de l’éclairage en France » et analysant les tendances et l’évolution de l’éclairage public. Principal enseignement ! Fin 2023, 38,9 % des luminaires utilisaient la technologie Led, cette tendance étant appelée à se poursuivre afin de contribuer à la réduction de la consommation énergétique et à la limitation de l’impact environnemental de l’éclairage urbain. 

12 millions de points lumineux en France

L’étude « Les chiffres de l’éclairage public en France » a été réalisée à partir de plus de 10 600 communes représentant 23,5 millions d’habitants (35,5 % de la population) et 182 311 km2 (33,5 % du territoire). Elle a permis de recenser 4 283 148 points lumineux, dont 1 664 891 équipés en Led. En extrapolant ces résultats à l’ensemble du territoire métropolitain, on estime, en 2023, le nombre total des points lumineux, en France, à 12 millions, dont 4,69 millions en Led.


Aides au financement diminuées, rénovation ralentie

Jusqu’en 2018, le taux de rénovation annuelle de l’éclairage public était compris entre 3 et 5 %. À partir de cette date et, surtout, en raison des soutiens aux investissements locaux apportés par le Fonds vert afin d’accélérer la transition écologique dans les territoires, les années 2022, 2023 et 2024 ont ainsi connu des taux de rénovation atteignant jusqu’à 10 %. « Aujourd’hui, suite à la disparition de cet outil essentiel de financement, tout porte à croire que nous allons “retomber” au niveau des 3 % », regrette Romain-Gaël Richard. Alors que la moitié du parc d’éclairage public, soit 6 millions de points lumineux, reste encore à rénover, « il nous faudra au moins 10 ans pour parvenir à rénover l’ensemble du parc », estime-t-il.

Le début de l’électronique

Il y a 20 ans, sont apparus les appareillages de contrôle électroniques, en remplacement de leur prédécesseur ferromagnétique, permettant déjà d’assurer la variation et la télégestion des luminaires à lampes. En extérieur, par exemple, cette évolution technologique a accompagné le développement des lampes aux halogénures métalliques en céramique de type CosmoWhite lancées par Philips. « Déjà, ces équipements représentaient un atout quant à la consommation énergétique et à l’augmentation de la durée de vie », rappelle Romain-Gaël Richard.

Nouvelles compétences… vers la ville intelligente

« Aujourd’hui, la technologie Led, associée au développement des drivers, permet à l’éclairage de réaliser des progrès considérables », poursuit-il, notamment en complément des deux premiers atouts apportés par les alimentations électroniques, au niveau de la maîtrise de la pollution lumineuse et de la diminution de l’empreinte carbone. Sans oublier la qualité accrue des études photométriques. « On est passé du prêt-à-porter au sur-mesure », se félicite Romain-Gaël Richard.
Autre évolution positive ! Cette technologie numérique, nécessitant de nouvelles compétences, les équipes « travaux neufs et maintenance » ont été valorisées. Elles se sont familiarisées avec la GMAO3, ont appris à reprogrammer les drivers et, également, maîtriser les protocoles et réseaux de communication en éclairage public… de l’armoire aux points lumineux.
Autant de compétences nouvelles permettant de participer au développement de la ville intelligente en assurant, d’une part, l’interopérabilité des systèmes au niveau du point lumineux en s’appuyant sur les standards en vigueur (DALI 2/D4I). D’autre part, ces compétences permettent de contribuer à former un réseau de communication local grâce aux nœuds installés pour d’autres capteurs de la ville intelligente, « les outils numériques s’étant aussi banalisés pour des applications complémentaires à l’éclairage public », poursuit Romain-Gaël Richard, en concluant que « c’est un métier qui bouge bien et vite, sans choc de générations ». Propos recueillis par Jacques Darmon
 

1. Grands groupes, ETI et PME totalisant 135 000 salariés et ayant réalisé, en 2024, 24,3 Md€ de CA en France… dont plus de 10 % d’équipements mis en œuvre sur la voie publique

2. Le Cerema, la FNCCR, l’Ademe, l’AITF et l’ATTF.

3. GMAO : Gestion de la maintenance assistée par ordinateur.

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