LOUPI
De l’invention d’un bijou lumineux en 1972 à la production de luminaires LED de précision aujourd’hui, Loupi développe son activité au gré des idées visionnaires de son fondateur Fabien Poutignat. Attaché à une production de qualité, le « lanceur de tendances » a entrepris ces dernières années un retour de la production sur notre territoire. Dans la mouvance de la French FAB, le made in Pantin est à l’œuvre.
Il y a tout juste un an, la société Loupi emménageait dans ses nouveaux locaux de la zone industrielle nord de Pantin. Avec une surface doublée, l’usine de 1 800 m2 rassemble dorénavant ateliers, labos, bureaux et stockage. Sans oublier la cuisine où sont préparés quotidiennement des repas sains et équilibrés et une table de ping-pong. Ici comme sur la page de garde de la plaquette présentant l’activité « Lighting » de l’entreprise, l’humain est au centre, placé en avant, plutôt que les produits même : « Sympathiques, spécialistes, inventifs, innovants, ingénieux & super réactifs. » Le ton est donné. Entouré de 30 employés dont les origines variées reflètent le multiculturalisme français, Fabien Poutignat accompagne dans un « esprit de 68 », la conception et la production de solutions d’éclairage LED de précision. S’appuyant sur son expertise historique en électronique, deux métiers sont conjointement à l’œuvre avec d’un côté Loupi Electronic pour les systèmes d’animation pour marketing et point de vente, de l’autre, Loupi Lighting qui propose des solutions d’éclairage pour la muséographie, le retail et l’hospitality.
L’exposition Dior qui a fait événement l’an passé au Musée des Arts décoratifs de Paris a été mise en lumière par Mathieu Blaise et François Austerlitz de l’agence En attendant avec des luminaires Loupi.
Le Spot C mis sur le marché en 2008 reste un classique de la marque. Mini casquette et rotule magnétique à 360° lui donnent sa silhouette emblématique. 100 000 unités de ce mini-projecteur ont été vendues à ce jour.
EN QUELQUES DATES 1972 Fabien Poutignat imagine un bijou lumineux en résine polyester 1976 La broche électronique avec LED est présentée au Concours Lépine et obtient la médaille de Vermeil Novembre 1979 Création de la SARL Loupi au capital de 50 000 Frs. 1985 Début des collaborations avec l’industrie du luxe français et délocalisation de la production des pin’s électroniques lumineux à Taïwan 1990 Diversification de l’activité avec l’électronique embarquée destinée à la publicité et la PLV 2001 Début de l’ouverture à l’éclairage LED 2014 Relocalisation de la fabrication en France. Installation à Pantin 2018 Emménagement dans les nouveaux locaux rue Denis-Papin à Pantin |
DU PIN’S AU SPOT C
L’histoire de Loupi est intimement liée à l’esprit créatif, la curiosité et l’ouverture d’esprit de son auteur Fabien Poutignat qui de bidouille en R & D (aujourd’hui 10 % du CA) est devenu un incontournable de l’éclairage de précision. Tout commence en 1972, l’année de ses 19 ans, avec la création d’un bijou lumineux. « À cette époque je faisais des moulages d’inclusions en résine. Il existait un petit porte-clefs publicitaire composé d’une pile bouton et d’une petite ampoule dans un petit boîtier de la taille d’une pièce de monnaie. J’ai démonté l’ensemble et je l’ai moulé dans de la résine», se souvient-il. Quatre années de maturation plus tard, il le présente au Concours Lépine et reçoit la médaille de Vermeil et le prix du plus beau stand. Innovation et esthétique sont honorées et resteront les marques de fabrique de l’entreprise. Quelques millions de pin’s et badges lumineux vendus plus tard, l’entreprise officiellement née en 1979 commence en 1990 de diversifier son activité vers l’électronique embarquée destinée à la publicité et la PLV, la publicité sur le lieu de vente. Très vite, la collaboration avec des marques du luxe, telles Dior ou Chanel, lui offre la possibilité d’exploiter la technologie LED, jusqu’à faire fabriquer sa première puce propriétaire en 1995.
L’année 2001 marque une étape importante avec la conception d’un « miroir-lumière » pour les cosmétiques Chanel. La valise passe de 30 à 4 kg et les maquilleurs-ses découvrent la magie de pouvoir travailler en intérieur comme si c’était à la lumière du jour. La LED a fait son arrivée sur le marché et Loupi développe un cluster LED RGB, blanc chaud ou froid, polychromatique et donc capable de reproduire différentes qualités de lumière. Plusieurs modes (jour normal, soleil, néon et bougie) mettent les femmes dans différentes situations, révèlent la qualité du maquillage. Plus de 1 000 de ces mallettes seront produites. « Le luxe tire l’innovation vers le haut », souligne le fondateur de Loupi. Dans cette mouvance et poursuivant son passage du marché grand public à l’éclairage professionnel, est lancé en 2008 le Spot C, projecteur de taille réduite, mais efficace, identifiable par sa casquette et sa rotule magnétique à 360°, copiée mais jamais égalée.
« Nous avons développé des luminaires autour de la LED et non pas l’inverse, contrairement aux autres fabricants qui ont dû faire entrer la technologie LED dans une carcasse existante », décrit Fabien Poutignat.
Ci-dessus.
La Grotte Chauvet 2 à Vallon-Pont-d’Arc en Ardèche. La mise en lumière signée par l’agence Ponctuelle, Rémi Nicolas, révèle l’art pariétal qui témoigne de la vie préhistorique. La scénographie est signée Scénévolution.
Ci-contre.
Montage d’un Mât 3C dans les ateliers investis en 2018, rue Denis-Papin à Pantin en Seine-Saint-Denis.
DE TAÏWAN À PANTIN
Le fer de lance de l’entreprise est sa relocalisation dans l’Hexagone. Si ses locaux administratifs ont toujours été parisiens, la production a quant à elle migré en Extrême-Orient, vers Taïwan puis la Chine, dès 1985. Mais lassé des délais de transport, des taxes et des barrières douanières, il est décidé en 2014 de relocaliser toute sa chaîne de production et d’ainsi afficher aujourd’hui un 90 % made in France. Le périphérique est passé et l’usine de Pantin inaugurée cette année-là. La croissance de l’activité (de 10 à 20 % par an) et la volonté de créer localement de l’emploi s’accompagnent d’une préférence pour l’autofinancement, une croissance organique. Le poids de l’industrie est en France diminué de moitié en plus de 6 décennies, passant d’une part du PIB de 27 % en 1949 à 12,4 % en 2014 (source : www.gouvernement.fr). Fabien Poutignat, qui se décrit comme un « lanceur de tendances », amorce-t-il, dans la mouvance du French Fab en 2017 initié par le ministère de l’Économie, le retour d’autres entreprises de la filière éclairage à une production hexagonale ? Ces mouvements de relocalisation sont en tout cas à suivre attentivement, tant ils révèlent que les savoir-faire sont existants, qu’une mutation profonde est à l’œuvre et surtout possible.
Lucie Cluzan
www.loupi-lighting.fr / loupi-electronic.comwww.loupi.info (blog) / www.lafrenchfab.fr