Ne plus considérer l’éclairage comme un accessoire

RAPHAËL PRÉZELIN (RGOUEST)

À la suite de la lecture du billet d’humeur du concepteur lumière Roger Narboni, paru dans la dernière édition de la revue LUX (n° 315) sous le titre « Sobriété énergétique, sobriété lumineuse… mais encore ? », Raphaël Prézelin, en charge du BE au sein de l’entreprise nantaise RGOuest (éclairage public et mobilier urbain), a réagi.

La notion de sobriété́ est apparue dans le débat public suite à l’essor (certes encore modéré dans les esprits) des notions d’écologie et de respect de l’environnement. Aujourd’hui, par le contexte mondial particulier, ce terme est bien plus rattaché par les pouvoirs publics à la notion de sobriété́ énergétique. Non pas pour protéger l’environnement, mais pour réaliser des économies financières. Il est important de garder en tête, pour l’éclairage comme pour tout autre projet global d’aménagement, que le respect de l’environnement prime, tant par le biais de notre modération que de notre “discrétion”. En prolongement, en résulte un aspect intrinsèquement lié : celui de « sobriété technologique ».

DEUX PARTICULARITÉS COMPLÉMENTAIRES

Les notions d’éclairement, d’ambiance et de confort souhaitées lors des projets doivent être décrites plus précisément jusqu’au terme du projet. Par exemple, nombreux sont les CCTP « génériques » (Cahier des clauses techniques particulières), véritables « copiés – collés », sur lesquels n’apparaissent pas les besoins en éclairage. En conséquence, il revient presque systématiquement aux bureaux d’études, voire aux fabricants, de faire des propositions d’éclairement et d’uniformité… rarement remis en question. Roger Narboni vise juste en s’interrogeant à propos de « qui décide du juste éclairage ? », considère Raphaël Prézelin, pour lequel, mieux encore, « il faudrait déjà que cette notion fasse partie de la réflexion lors de l’élaboration de tout projet ».

L’arrêté de décembre 2018, portant sur les nuisances lumineuses, a proposé une première approche de la « mesure » permettant de calculer les résultats d’un projet en lm/ m². Cette approche intéressante prend en compte, à la fois, le flux lumineux émis sur la surface à traiter, mais aussi celui « hors surface ». En résumé, il convient d’adapter position, optique et flux des luminaires de manière à concentrer le flux sur la zone à éclairer, en respectant les barèmes décrits dans l’arrêté́. En un sens, il convient d’« éclairer juste ». Mais, une nouvelle fois, « qui décide des zones à éclairer et qui contrôle les installations et comment ? » Imposer un arrêté peut être une bonne chose, mais il faut s’assurer des résultats finaux.

La sobriété en éclairage nécessite donc de commencer par ne plus considérer l’éclairage comme un accessoire. Mais de le situer au même niveau que l’ensemble des composantes d’un projet. Ce concept nécessite des connaissances. Par ailleurs, il consomme et coûte. « Il convient donc de le maîtriser en s’imposant de clairement en définir les objectifs (environnementaux et d’usages), avec, au besoin, le recours aux contrôles », conclut Raphaël Prézelin.

Jacques Darmon

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