LUCI préconise la qualité plutôt que la quantité

7 objectifs pour l’avenir de l’éclairage urbain

Les villes évoluent constamment. Le changement climatique transforme profondément les conditions de vie en ville partout dans le monde. Les nouveaux modes de travail, de loisirs et de mobilité générés par l’urbanisation croissante et les évolutions technologiques changent ce que l’on a rendu des espaces publics. La biodiversité est de plus en plus menacée, partout dans le monde. L’éclairage urbain est intimement lié à ces défis. Pour garantir que nos paysages nocturnes soient durables, les villes doivent adapter leurs stratégies d’éclairage urbain.

En mars dernier, à Jyväskyla, en Finlande, l’association LUCI (Lighting Urban Community International) a décidé d’intervenir dans les débats via  la publication d’une déclaration (1) portant sur une vision collective de l’avenir de l’éclairage urbain avec, pour ambitieuse vocation, explique Meri Lumela, présidente de LUCI, ”d’inspirer les villes à travers le monde”  

Cette Déclaration affirme 7 objectifs “afin de naviguer vers l’avenir  de l’éclairage urbain” et de favoriser un espace public inclusif et accessible à tous les citoyens après la tombée de la nuit. Comment? En améliorant le sentiment de sécurité et le confort des espaces publics, en renforçant l’identité locale et le développement économique, et en minimisant l’empreinte environnementale et écologique de la lumière.     

LUCI reconnaît que chaque ville a son propre contexte, ses propres moyens, ambitions, culture et limites. Les villes déjà très éclairées doivent continuer à développer la qualité de vie la nuit tout en utilisant moins de lumière.” Les villes dont l’éclairage continue de croître, à divers stades de développement, se demandent comment construire une infrastructure lumineuse de qualité qui leur offrira un avenir durable”, considère Meri Lumela en souhaitant que les 7 objectifs énoncés dans cette Déclaration leur apportent un premier niveau d’orientation. A savoir :

  • Adopter l’éclairage Net Zéro Plus d’un millier de villes ont déjà adopté les objectifs Net Zéro des Nations Unies pour les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050. Le remplacement des sources traditionnelles par des LED, plus économes en énergie, devrait s’accélérer d’ici peu. Mais ce seul remplacement ne suffit pas, pour atteindre l’éclairage Net Zéro. Il convient aussi d’adopter des approches de design et d’urbanisme permettant d’obtenir plus avec moins de lumière. “La temporalité de l’éclairage urbain s’étend sur de nombreuses années : agissons dès aujourd’hui pour contribuer à atteindre les objectifs Net Zéro des villes” plaide Meri Lumela.
  • Minimiser la pollution lumineuse pour tous les êtres vivants. L’éclairage urbain présente de nombreux impacts positifs mais aussi des effets secondaires négatifs. La pollution lumineuse est un problème croissant, partout dans le monde. Elle a un impact sur toutes les espèces sensibles, que ce soient les êtres humains ou les animaux. “À nous de trouver un nouvel équilibre harmonieux entre la lumière et l’obscurité dans la ville !” poursuit-elle.
  • Favoriser la santé et le bien être. L’éclairage urbain favorise la vie sociale et publique depuis des siècles, en particulier en ce qui concerne la sécurité. Cependant, limiter l’éclairage à la seule sécurité peut produire des effets indésirables à d’autres niveaux, un éclairage excessif rendant en fait les espaces urbains moins attrayants, moins accessibles et moins agréables. Soyons ouverts à la recherche actuelle portant sur l’influence de la lumière sur notre santé mentale et encourageant les projets et stratégies qui utilisant l’éclairage urbain pour renforcer les liens entre les gens et les lieux qu’ils partagent. “Utilisons la lumière comme un atout favorisant la santé et le bien-être des citoyens”
  • Avancer par le dialogue public-privé. L’éclairage urbain est la somme de l’éclairage public et de l’éclairage privé, ce dernier pouvant contribuer positivement au paysage urbain nocturne. Cependant, l’éclairage privé, surtout commercial, est aussi responsable d’une grande partie de la pollution lumineuse. Cela soulève, inévitablement, la question éthique suivante : qui a le droit d’éclairer le paysage nocturne de la ville ? En tant que villes, il convient de privilégier les éclairages durables faisant sens pour les communautés locales. “Aussi, associons les acteurs du privé pour améliorer collectivement l’éclairage urbain” préconise Meri Lumela. 
  • Réaliser le plein potentiel de l’engagement citoyen. Ce sont les citoyens qui font les villes, leur participation favorisant le succès et l’acceptation des projets d’éclairage public et permettant d’intégrer la diversité des besoins et des attentes. Toutefois, une telle approche peut aussi poser problème à certains égards. Mais ne pas dialoguer avec les communautés locales peut faire échouer les projets, surtout lorsqu’il s’agit de sujets sensibles comme le remplacement par les LED. “Refusons l’approche unilatérale de l’éclairage urbain et renforçons le rôle des citoyens dans la création de son avenir”
  • Exploiter le pouvoir transformateur de l’art lumière. La lumière, médium puissant pour exprimer la culture, permet de valoriser le patrimoine et les monuments de la ville et de montrer une image de la ville qui fait sens pour les habitants. Par ailleurs, les festivals de la lumière amènent l’art dans l’espace public d’une façon accessible et inclusive tout en permettant de tester de nouveaux concepts urbains et de faire l’expérience de nouvelles dimensions de l’espace urbain. “Avec la puissance créative et d’imagination des arts, ouvrons de nouvelles voies et faisons progresser nos villes par l’éclairage urbain”.
  • Créer des synergies au-delà de l’éclairage.. L’éclairage urbain favorise l’économie nocturne et renforce la cohésion sociale et l’égalité. De plus, les infrastructures d’éclairage peuvent accueillir des équipements de communication et des capteurs. En conséquence, le champ couvert par l’éclairage urbain ne cesse de s’élargir. Les disciplines contribuant à l’urbanisme durable, telles que les sciences sociales, les technologies de l’information et de la communication, l’urbanisme et l’écologie doivent collaborer plus étroitement avec les professionnels de la lumière. “Aussi, recherchons activement à collaborer avec toutes les disciplines pertinentes et à interconnecter nos politiques locales pour maximiser les nombreux bénéfices de l’éclairage pour les villes”, conclut Meri Lumela.

(1) Ce document est le fruit des travaux menés, pendant un an, au sein du réseau LUCI et auxquels ont participé des centaines de professionnels et représentants de collectivités.

> A lire, dans l’édition 318 de la revue Lux, à paraître le 26 juin, l’intégralité de la Déclaration de LUCI

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