Dans le neuf comme en rénovation, « les objectifs d’équipement à 100 % en systèmes de pilotage fonctionnels seront impossibles à atteindre d’ici 2027 »1. Telle est la conclusion du baromètre 2025 de l’OICR (Observatoire de l’immobilier connecté et responsable). Son président, François-Xavier Jeuland2, porte un focus sur l’éclairage.
LUX : Dans le cadre de son engagement en faveur des transitions énergétique et numérique, quelle vision porte l’OICR sur l’éclairage, l’un des principaux usages de l’électricité ?
François-Xavier Jeuland : Dans un contexte où l’optimisation énergétique devient une priorité, l’éclairage intelligent s’affirme comme un levier important aussi bien dans le résidentiel que dans le tertiaire. Dans le résidentiel, l’éclairage est surtout un enjeu de confort, voire de sécurité pour la simulation de présence, mais de moins en moins d’économie d’énergie car le passage aux ampoules Led est massif. Ce n’est pas le cas dans le tertiaire où les équipements liés à l’éclairage restent beaucoup plus techniques et potentiellement énergivores. Les seuils liés au décret BACS3 ne prennent d’ailleurs pas en compte les consommations liées à l’éclairage, uniquement ceux en CVC (climatisation ventilation chauffage). Autre différence dans le résidentiel ! L’éclairage reste à portée des utilisateurs, alors que dans le tertiaire il est souvent asservi, par exemple, à la présence, aux apports naturels ou à des horloges.
Valeur de progrès en matière d’empreinte écologique, le bâtiment connecté représente une priorité pour les acteurs de la filière Smart Building. Quid de l’usage « éclairage » ?
La qualité de l’éclairage est fondamentale dans le confort et le bien-être des utilisateurs et dans l’esthétisme d’un espace. Les concepteurs doivent également réfléchir à l’interaction entre les équipements lumineux et les utilisateurs. Dans le Smart Building, on constate une tendance à l’automatisation mais la dérogation via une application de confort, par exemple, est de plus en plus demandée. Les systèmes de Gestion technique de bâtiments (GTB) prennent, ainsi, de plus en plus en compte les éclairages pour faciliter le pilotage intelligent, adapter l’intensité lumineuse en fonction de l’occupation des espaces, optimiser l’apport de lumière naturelle et piloter à distance l’ensemble du parc lumineux. L’éclairage peut également communiquer via la GTB, ou les objets connectés avec le chauffage et la ventilation, pour adapter les besoins en fonction de la présence réelle dans les espaces. Par ailleurs, il se synchronise avec les stores motorisés pour exploiter au mieux la lumière naturelle, réduire la consommation d’énergie et assurer à la fois le confort d’été et d’hiver.
En matière de sûreté, il peut s’intégrer aux systèmes de contrôle d’accès et de vidéosurveillance, en activant automatiquement des scénarios lumineux en cas de détection d’intrusion ou d’alerte incendie.
Disposer d’infrastructures de communications et de données permet de développer des services représentant les atouts de Smart Buildings. Y associez-vous l’éclairage ?
Oui, dans un Smart Building l’objectif consiste à faire converger l’ensemble des données techniques pour faciliter l’utilisation des espaces, réduire les consommations mais surtout préparer le bâtiment aux dernières innovations comme l’intelligence artificielle. L’IA révolutionne déjà la gestion de l’éclairage en introduisant des capacités d’auto-apprentissage et d’adaptation en temps réel. Grâce à l’analyse des données, les algorithmes identifient les habitudes des occupants et anticipent les besoins. L’IA permet ainsi d’aller plus loin que les simples programmations horaires, en proposant des ajustements dynamiques tenant compte de la météo, des variations saisonnières, des tarifs de l’électricité, des périodes d’occupation et de la production photovoltaïque disponible.
Cette approche prédictive s’accompagne d’une maintenance intelligente, capable de détecter les anomalies et d’alerter avant qu’une panne ne survienne. Ce qui répond à la volonté de réduire les causes d’insatisfaction des utilisateurs, faciliter le travail des équipes de maintenance et réduire les coûts d’exploitation.
Chaque système technique du bâtiment possède une « expertise métier » spécifique. Comment la filière Smart Building considère-t-elle celle de l’éclairage ?
Les AMO [NDLR, Assistants à maîtrise d’ouvrage], et les intégrateurs Smart Building ont l’habitude de travailler en binôme avec les experts de chaque filière. En matière d’éclairage, ils peuvent s’appuyer, selon la taille des projets, sur l’électricien, le décorateur, l’architecte d’intérieur, le bureau d’étude ou le concepteur lumière par exemple. Cette collaboration est indispensable pour mener à bien la conception de l’éclairage, le choix des luminaires et la mise en place des cas d’usage prioritaires.
En fonction des besoins fonctionnels exprimés, les spécialistes Smart Building vont pouvoir prescrire et déployer les meilleures solutions de convergence numérique en prenant en compte leurs propres retours d’expérience et leur expertise en termes de protocoles, d’interopérabilité, de cybersécurité, de GTB, d’IoT ou d’IA. Propos recueillis par Jacques Darmon
1 Rappelons que cette date correspond aux objectifs gouvernementaux.
2 Par ailleurs, François-Xavier Jeuland est vice-président « Smart Home » de la Smart Building Alliance.
3 Décret BACS entré en vigueur le 9 avril 2023. Les « BACS » pour « building automation and control system » ou « systèmes d’automatisation et de contrôle des bâtiments » permettent de piloter les installations techniques du bâtiment et peuvent contribuer à un gain rapide d’énergie à un coût raisonnable. (Source www.developpement-durable.gouv.fr)
OICR/IBS : lancement des Trophées du Smart Building Quels sont les projets BACS et Smart Building exemplaires en 2025 ? Réponses dans le cadre du prochain salon IBS, du 30 septembre et 1er octobre 2025, à Paris Porte de Versailles, à l’occasion du premier concours organisé par l’OICR (Observatoire de l’immobilier connecté responsable) qui récompensera les acteurs les plus engagés dans la transition numérique de leur patrimoine tertiaire dans 5 catégories : – Stratégie BACS à l’échelle d’un patrimoine – Projet BACS exemplaire dans un bâtiment petit/moyen tertiaire (- de 10 000 m2) – Projet BACS exemplaire dans un grand bâtiment tertiaire (+ de 10 000 m2) – Stratégie Smart Building à l’échelle d’un patrimoine – Projet Smart Building exemplaire Le jury, composé d’AMO Smart Building et de journalistes indépendants, délibérera autour de 4 critères : – le niveau de maturité de la stratégie et des projets présentés ; – la transversalité des services déployés ; – les moyens mis en œuvre sur le déploiement et l’accompagnement ; – l’impact concret du numérique sur les performances des bâtiments. Par ailleurs, sera attribué un prix spécial concernant l’utilisation la plus pertinente de l’IA dans le domaine du bâtiment intelligent. Calendrier : – Appel à candidature : mi-mai – Clôture des candidatures : 18 juillet – Analyse des dossiers : du 18 juillet au 31 août – Réunion de jury début septembre – Remise des trophées : 30 septembre à 16 heures dans le cadre du salon IBS avec témoignages des lauréats concernant leurs cas d’usage. |