ÉCLAIRAGE SOLAIRE
« Tout a débuté, en 2011, avec l’installation d’un mât d’éclairage et autonome à énergie renouvelable à un arrêt de cars isolé en campagne, ainsi que de trois autres points lumineux pour éclairer une aire de stationnement située à l’entrée de village et éloignée des réseaux d’éclairage public», rappelle Stéphane Bourrier, responsable du service Éclairage public du SDESM1. Ces premières installations ayant répondu au sentiment de sécurité de la population et des élus, la solution solaire a été déployée sur le département de Seine-et-Marne.
Même si la première génération d’équipements offrait des rendements et des efficacités modestes, malgré l’emploi optimisé de la détection de présence, elles ont confirmé l’intérêt de la solution d’éclairage solaire au niveau d’applications spécifiques », souligne Stéphane Bourrier. Aussi, à la suite de cette expérimentation, menée avec Novéa Énergies (groupe Ragni), et afin d’inciter au déploiement de cette technologie, le SDESM a mis en place une subvention de 50 % au bénéfice des communes adhérentes. De plus, le syndicat d’énergies a également exposé différents modèles implantés sur son parc démonstrateur, à La Rochette.
Aujourd’hui, le parc d’éclairage public des 352 communes gérées par le SDES totalise 62 000 points lumineux dont, encore, 75 % équipés de lampes SHP et 20 % de sources LED. Par ailleurs, sur 32 de ces communes, ont été implantés, à ce jour, 140 luminaires solaires. Mais n’anticipons pas !
D’ABORD EN MILIEU RURAL, ENSUITE EN RÉSIDENTIEL
De 2011 à 2017, les opérations réalisées ont essentiellement porté sur la mise en place d’éclairage de balisage des lieux isolés en milieu rural. Les retours d’expérience ayant répondu aux attentes des communes, des demandes de faisabilité se sont multipliés. De plus, tous les équipements sont géoréférencés sur une carte mise à disposition des élus tandis qu’une fiche pratique est en ligne pour expliquer synthétiquement cette technologie.
Par ailleurs, chaque demande fait l’objet d’une étude d’irradiation et d’éclairement par site en prenant en compte, outre les contraintes réglementaires et normatives, les enjeux de biodiversité nocturne en concertation avec le Parc naturel régional du Gâtinais français et l’agence départementale de l’environnement (trame verte et bleue). « Pour les projets plus ambitieux, nous comparons les coûts avec une solution alternative souterraine et des candélabres raccordés au réseau. Généralement, la solution souterraine présente un surcoût de 30 % », précise Stéphane Bourrier.
Depuis 2017, le déploiement des mâts autonomes s’est démocratisé grâce aux offres des fabricants, plus accessibles financièrement aux communes, dont celle de Fonroche Éclairage2. La seconde génération d’équipements est devenue plus efficace grâce, d’une part, à l’évolution des éclairages LED et des batteries (lithium, nickel…), et d’autre part, au pilotage par détection et aux développements de systèmes communicants. Ces évolutions ont ainsi permis d’installer des éclairages publics sur des liaisons douces, des parkings, des voies résidentielles et secondaires en contribuant aux développements des communes au niveau de la biodiversité nocturne.
UNE DÉCENNIE PLUS TARD
Parmi, les réalisations installées en 2021, une opération a été lauréate du dispositif financier de la Région Île-de-France « Budget participatif et écologique ». De plus, deux installations ont été réalisées avec des températures de couleur en 2 200 K répondant aux nouvelles attentes des élus locaux et aux services du département.
Pour 2022, le programme des travaux prévoit l’implantation de plus de 80 points lumineux solaires, dont une vingtaine de luminaires connectés, fournis par Sunna Design, implantés tout au long d’une liaison douce tracée sur la commune de Saint-Ouen- en-Brie. Il s’agit d’assurer, entre le bourg et les arrêts des cars situés le long de la route départementale, un éclairage permettant de sécuriser les déplacements piétons sur cette voie réaménagée.
Pour aller encore plus loin, le marché « maintenance » du SDESM, a intégré les prestations de nettoyage et de contrôles préventifs ainsi que la gestion des garanties et SAV pour tous les nouveaux équipements réceptionnés.
« Hormis le remplacement ponctuel de batteries plomb des premières installations, nous n’avons enregistré qu’une seule panne mineure sur un défaut de connecteur étanche », se félicite Stéphane Bourrier.
SENSIBILISER LES ÉLUS SEINE-ET-MARNAIS
Le 14 décembre dernier, le SDESM et l’association Noé1 ont organisé la conférence « Biodiversité nocturne et éclairage extérieur » afin de sensibiliser 70 décideurs publics et représentants d’entreprises au changement de leurs pratiques, notamment en matière d’éclairage public. Cette conférence s’est inscrite dans le cadre du partenariat établi entre le Territoire d’énergie 77 et l’association Noé afin de souligner les enjeux portant sur la transition écologique. « Notre objectif ? Contribuer à la préservation de la nature et à la sauvegarde de la biodiversité nocturne lors de travaux d’aménagement et de rénovation de leurs points lumineux », précise Stéphane Bourrier.
1 L’association Noé, créée par Arnaud Greth en 2001 avec comme vision de « réinventer un monde vivant et durable », poursuit une mission « sauvegarder et restaurer la biodiversité ».
À La Rochette, Stéphane Bourrier devant des mâts d’éclairage constituant une partie des 70 ensembles d’éclairage public notamment présentés lors de la journée portes ouvertes organisée par le SDESM en mai. À noter le dernier luminaire implanté, utilisant la technologie BOP (base of polymer) assurant une température de couleur de 1 900 K, proposé par PLEP France (Plate Light Emetting Polymer).
SOLUTIONS VERTUEUSES ET ÉCORESPONSABLES
« À ce jour, le bilan est très positif », poursuit-il, cette technologie participant aux enjeux écologiques et énergétiques à relever. En effet, localement, ces équipements alternatifs aux solutions d’éclairage classiques, permettent de préserver les ressources naturelles et de réduire l’empreinte carbone par sa simple mise en œuvre. Cette solution d’énergie renouvelable participe, également, à la résilience des territoires seine-et-marnais, ne générant pas de nouveaux points consommateurs d’électricité et donc de factures énergétiques. « En conséquence, l’opportunité d’installer des mâts autonomes par les communes démontre un engagement vertueux et écoresponsable, en réponse aux attentes des concitoyens et des nouveaux usages de la vie quotidienne », conclut Stéphane Bourrier, en annonçant que durant trois ans seront expérimentés, en collaboration avec le Cerema, 12 sites éclairés par des luminaires LED diffusant une lumière ambrée de 1 800 K. À suivre donc…
Jacque Darmon
1 Syndicat départemental des énergies de Seine-et-Marne.
2 Outre Novéa Énergies, dont les luminaires sont à présent équipés de détecteurs Lacroix Sogexi, et Fonroche Éclairage et interviennent également sur le territoire du SDESM, Sunna Design et, plus récemment, JC Lighting.
PAROLES D’ÉLUS |
STÉPHANE BACHELET, MAIRE DE JOUY-LE-CHÂTEL (1 595 HABITANTS) « La rue de Courcelles a été aménagée pour accéder à un nouveau quartier résidentiel. Cinq mâts solaires équipés de capteurs de mouvement ont été implantés. La couleur ambrée de 2 200 K, apaisante et non agressive, est appréciée des riverains ravis de ce dispositif. Une telle installation se pose facilement, rapidement et sans ouverture de voie. » |
DOMINIQUE MENEZ, MAIRE-ADJOINT DE DONNEMARIE-DONTILLY (2 880 HABITANTS) « Sur le parking de la salle polyvalente, l’installation de mâts solaires représente la réponse des élus aux contraintes économiques (coûts d’exploitation mieux maîtrisés), sociales (alternative au débat portant sur l’éclairage nocturne) et environnementales (réduction des nuisances lumineuses). L’association de la LED et du photovoltaïque, qui répond aux futurs enjeux de l’éclairage intelligent, est bien perçue par les administrés. En ce sens, en 2021, nous avons lancé notre premier chantier avec l’aide du SDESM. » |