Engendrer la perception

EXPOSITION REMBRANDT’S LIGHTS (ANGLETERRE)

Pour célébrer le 350e anniversaire de la mort de l’inestimable Rembrandt, la Dulwich Picture Gallery, près de Londres, a rassemblé 35 œuvres majeures. Pour révéler sa manière si particulière de composer avec la lumière, la galerie s’en est remise aux talents du directeur de la photographie Peter Suschitzky qui s’est appuyé sur un système d’éclairage LED à commande Bluetooth sans fil nouvellement installé.


La Jeune fille à la fenêtre (1645, Dulwich Picture Gallery) est une œuvre très représentative de la manière dont Rembrandt utilisait la lumière pour diriger le regard du spectateur.

© ERCO GmbH, www.erco.com / Photo Gavriil Papadiotis
© ERCO GmbH, www.erco.com / Photo Gavriil Papadiotis

Quel est le point commun entre les films Star Wars. L’Empire contre-attaque, Mars Attacks!, The Rocky horror Picture Show et Rembrandt ? Pas moins que le directeur de la photographie Peter Suschitzky, inspiré tout au long de sa carrière par la manière dont l’artiste utilisait la lumière pour « créer du mouvement et de l’émotion ». Pour lui, le parallèle avec le cinéma est évident : « Sculpter la lumière et diriger le regard du spectateur vers l’endroit voulu est essentiel à une narration puissante. » Cette mise en abîme lumineuse s’est déroulée entre les murs de la Dulwich Gallery, la plus ancienne au monde, ouverte en 1815 dans le sud-est de Londres. Jusque-là éclairée à l’halogène, elle a remplacé une partie de cette installation par un système piloté par Casambi Bluetooth, avec des projecteurs LED Optec Erco, équipés de modules LED 12 W.

« Ces appareils d’éclairage permettent une commutation et une gradation individuelles, commande et programmation se faisant via iPad et iPhone. Une série de lentilles tertiaires interchangeables – avec des répartitions de narrow spot à extra wide flood, ovale ou encore un cadrage – a été utilisée afin d’obtenir pour chaque œuvre d’art un éclairage précis », précise le fabricant.

DU DRAMATIQUE À LA SENSUALITÉ

Avec pour titre « Les Lumières de Rembrandt », l’enjeu de la mise en lumière a été de faire correspondre l’ambiance lumineuse aux intentions du peintre. Les peintures et gravures du maître hollandais sont, selon les codes de la peinture de l’époque, des scènes bibliques ou du quotidien, ou bien des portraits. Dans sa façon de guider le spectateur dans la lecture de ses œuvres, Rembrandt joue sur des contrastes que l’ambiance générale des salles de la galerie a tenté de justement mettre en scène. Accentuant les sensations dégagées par les œuvres, sans être redondant, l’éclairage insiste dans les premières salles sur le caractère dramatique des scènes  peintes, sa maîtrise de la lumière et l’influence du théâtre dans ses représentations. Il se fait ensuite plus « sensuel, avec une ambiance plus intime » avec pour thème la manipulation de la lumière avec les peintures de son atelier. Pour clôturer avec « l’humeur méditative » propre aux thèmes religieux ou empreints de philosophie. La gradation individuelle permet d’ajuster le plus précisément possible. Et ce qui est bon pour Rembrandt l’est pour les événements à venir. « Nous allons prochainement montrer une exposition de photographies dans laquelle une partie de l’éclairage devra être commutée par des timers que le visiteur actionnera sans fil. Nous étudions également des designs d’éclairage interactifs que les visiteurs pourront commander eux-mêmes », déclare Alexander Moore, directeur de la Dulwich Gallery. Soucieux du rendu de ses œuvres, Rembrandt préconisait en 1639 à un nouvel acquéreur « d’accrocher cette œuvre dans une lumière vive, où elle puisse être vue de loin, pour qu’elle scintille au mieux ». Pour tout l’art de la lumière.

Lucie Cluzan

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