Si le besoin accru de lumière à destination des seniors ou malvoyant(e)s est généralement correctement pris en compte en éclairage intérieur (dans les Ehpad notamment), leurs besoins spécifiques sont plus complexes à résoudre en éclairage extérieur tant les conditions sont multiples. Dr Christophe Orssaud analyse ainsi les limites de l’efficience.
Outre la diversité des besoins, il faut noter qu’une même source lumineuse, tel un lampadaire, présente des performances variables selon les jours et les conditions atmosphériques impossibles à contrôler. Ainsi, la pluie ou l’humidité favorisent l’éblouissement réduisant les capacités visuelles tant des conducteurs que des piétons. Trois autres conditions principales limitent, selon Dr Christophe Orssaud, l’efficience des éclairages urbains :
- Les obstacles à la lumière. Il devrait être facile d’adapter la répartition de sources lumineuses à la présence d’obstacles fixes et pérennes, qu’il s’agisse de décoration urbaine (statue…) ou de matériel urbain (abri bus, panneaux indicateurs…), ces éléments pouvant créer des zones d’ombre masquant les obstacles.
« Des logiciels de simulation d’ambiances lumineuses permettent de déterminer les conséquences de tels obstacles et devraient permettre de proposer des solutions venant “éclairer” ces zones », Dr Christophe Orssaud faisant référence au logiciel « Oscura » qui, développé par Nicolas Houël (l’Observatoire de la Nuit), est le premier du genre à combiner les aspects physiques et sensibles de la lumière en temps réel pour du sur-mesure et de la pédagogie de l’éclairage.
Les obstacles liés à des travaux posent plus de problèmes car la courte durée de leur présence ne permet pas de trouver des solutions à moindre coût ni de réaliser d’études. Or, ces zones de travaux sont souvent les plus dangereuses car elles s’accompagnent d’altérations des zones de circulation (trottoirs ou rue en cas de nécessité de contourner un obstacle). Il faut donc trouver des solutions pour rendre visible les différents obstacles et plus largement l’ensemble des zones de circulation.
Par ailleurs, s’il est souhaitable de végétaliser certaines rues et avenues, il ne faut pas oublier que les feuilles vont empêcher la lumière de passer, soit en totalité soit en grande partie, dès lors que le diffuseur est situé à leur hauteur ou au-dessus des branches d’arbres. Les zones de déplacement pour les piétons se trouvent ainsi plongées dans une pénombre avec une diffusion limitée de la lumière à travers le feuillage.
- L’orientation des sources lumineuses. Le problème se pose peu avec les lampadaires traditionnels diffusant la lumière vers le bas. Néanmoins, certaines personnes se plaignent que ces derniers sont plus volontiers dirigés vers les chaussées que vers les trottoirs qui restent dans des conditions d’éclairage mésopique.
Les sources lumineuses en forme de globe ou celles situées plus bas, parfois à hauteur du trottoir, peuvent être gênantes si elles dirigent le flux lumineux vers les yeux des passants. L’angle, sous lequel ces sources sont vues est variable, peut correspondre à l’axe des yeux en fonction de la taille des personnes et de la distance à laquelle ils se trouvent de la source lors de leur déplacement. Les lampes situées au niveau du trottoir sont à proscrire. Par contre, des sources lumineuses basses, éclairant de façon rasante le sol, peuvent être utiles pour signaler certains dangers ou en complément d’un éclairage en hauteur qu’il serait techniquement difficile d’installer.
- Le revêtement. Si la qualité des sources lumineuses est à la source de normes, la qualité réfléchissante optique du revêtement des trottoirs est rarement prise en compte. Les normes R10 (NF PC 10) et R11 (NF PC 11) concernent le glissement des revêtements de sol. D’autres s’intéressent à la résistance des sols aux agressions physiques et chimiques. Pourtant, comme il a déjà été indiqué, l’éblouissement qu’un sol mouillé peut créer chez des personnes ayant des problèmes visuels (cataracte, dégénérescence maculaire…), provoque une diminution des capacités visuelles. (Voir FlashCode 3).
À l’inverse, il faut utiliser les capacités réfléchissantes de certains matériaux pour matérialiser certains dangers, tels que les bords de trottoirs ou accotements à la campagne, ainsi que les limites des passages piétons. Tout en veillant, bien sûr, à ce que ces marques n’aient pas tendance à se décoller et à constituer un obstacle ou un piège supplémentaire pour les personnes à mobilité réduite ou handicapés visuels.
Dr Christophe Orssaud