ALLÉES JEAN-JAURÈS À MONTROUGE (92)
D’une avenue traversante à des espaces de vie et de convivialité, les allées Jean-Jaurès sont devenues une promenade appréciée des Montrougiens. Au total, 4 hectares d’espaces verts aménagés par le paysagiste Michel Péna, en partenariat avec Yves Adrien, Florian Colin et Maëlle Tertrais (Atelier Coup d’Éclat) pour la conception lumière.
La lumière occupe les espaces en créant des zones de circulation, invitant au mouvement, et des zones de pause se prêtant à la flânerie ainsi qu’à création de nouveaux usages nocturnes.
La lumière est devenue une donnée indispensable à la qualité nocturne de l’environnement urbain.
Florian Colin, Atelier Coup d’Éclat
Avec les allées Jean-Jaurès, l’idée consistait à créer « un nouveau poumon vert à Montrouge », souhaitait Étienne Lengereau, maire de la ville. Située au sud de Paris, ses 50 000 habitants la situent au 5e rang des communes les plus denses de France1. « Aussi, considère l’élu, les habitants ont besoin de respirer et de profiter d’un environnement quotidien plus vert. »
Ce choix s’inscrit, toujours selon Étienne Lengereau, dans une évolution globale des villes du XXIe siècle pour lesquelles il importe de « mieux partager l’espace public entre les piétons, les voitures et les cyclistes ». Chacun doit trouver sa place et son équilibre au sein de « villes plus végétales et ouvertes » permettant de s’approprier différents lieux en fonction de ses envies.
DIFFRACTIONS
Avec ses potentialités accrues par les nouvelles technologies et techniques de mise en œuvre, « la lumière est devenue une donnée indispensable à la qualité nocturne de l’environnement urbain, a fortiori à celle de l’architecture et du paysage », souligne Florian Colin, directeur d’agence au sein de l’Atelier Coup d’Éclat. Trop longtemps cantonnée dans un rôle sécuritaire, puis fonctionnel, « la lumière doit, aujourd’hui, bénéficier d’une relation de connivence avec le tissu urbain », ajoute Maëlle Tertrais, chef de projet. À Montrouge, à l’image d’un arc-en-ciel, le parcours nocturne, dessiné tout au long de l’avenue Jean-Jaurès, évoque ce phénomène marqué, d’une part, par un point de départ, statique et fonctionnel, sur le rond- point de la place Jean-Jaurès ; d’autre part, par un parcours linéaire le long de l’avenue vers l’esplanade de l’Hôtel de Ville, interrompu par des dilatations d’espaces paysagers :
- « l’iris” de la place Jean-Jaurès ». L’éclairage y accompagne la double fonction de cet espace où l’on passe en mobilités douces ou motorisées. Un éclairage haut est tourné vers le cœur de la place dédié aux voiries routières, tandis qu’un éclairage arrière bas accompagne les piétons ;
- parcours cinétique de part et d’autre de la place des États-Unis (voir ci-après). Ce double parcours raconte la lumière de l’axe de l’avenue. Les mobiliers urbains s’intègrent dans la ligne d’arbres bordant la voirie avec un éclairage général routier, associé à un éclairage arrière des trottoirs, complétés par des lignes signalétiques lumineuses colorées ;
- « prisme et lentille » de la place des États-Unis. Illustration du concept de la diffraction, le parc des États-Unis contraste avec la rectitude de l’avenue. Fractionnant la lumière en nuances colorant l’avenue, complétées par des projections graphiques, au sol, mettant en scène des « caustiques », les mâts d’éclairage, jalonnant l’espace, y sont de plus petite taille et incitent à la flânerie ;
- après le 2e parcours cinétique, le « Foyer » de la place de l’Hôtel de Ville. Cette source de lumière alimente l’axe du projet et de ses diffractions. Une nappe d’éclairage plus basse, composée de projections graphiques circulaires et de bouquets de bornes lumineuses, scénographie l’espace tout en invitant à la déambulation nocturne.
Ci-dessus Les Allées Jean-Jaurès relient cinq zones illuminées de nuit suivant le spectre de l’arc-en-ciel. L’axe est ponctué par des espaces paysagers qui répondent au besoin de plus d’espaces verts des citadins.
Ci contre Au pied des luminaires, des mâts monolithiques, une partie ajourée est équipée d’un bloc de PMMA et d’une réglette LED RGBW, installée en retrait, assurant une signalétique lumineuse colorée
DANS LE M.I.L.E
Le parti pris imaginé par le projet a privilégié l’intégration maximale du mobilier lumière au paysage « en nous appliquant à ne “montrer” que la lumière », précise Maëlle Tertrais. Par ailleurs, a été recherchée une cohérence des mobiliers entre zones (80 luminaires et bornes) ainsi qu’une maintenance facilitée. Aussi, en partenariat avec Technilum, l’agence Coup d’Éclat a conçu une gamme de mâts-totems monolithiques2, déclinée en plusieurs versions :
- une version basse (4 m), pour l’éclairage des zones réservées à la déambulation piétonne, équipée, à son sommet, en face avant, de deux optiques LED Ewo EL 10 W-3 000 K ;
- une version haute (8 m) assurant, à la fois, l’éclairage des voies routières (au sommet, en face avant, 4 optiques LED Ewo EL, 10 W-3 000 K) et celui des circulations piétonnes (à mi-hauteur, en face arrière, 2 optiques LED Ewo EL, 10 W-3 000 K). Les niveaux d’éclairement ont été sensiblement diminués par rapport à ceux précédemment mesurés avenue Jean-Jaurès : hier, éclairement moyen 50 lux, uniformité 20 %, luminance moyenne de 3,5 à 4,5 cd/m2 ; aujourd’hui, 27 lux, uniformité 65 %, luminance moyenne 3,15 cd/m2 ;
- enfin, des nappes de bornes lumineuses diffusantes apportent des « semis de lumière », souligne Florian Colin parmi certaines diffractions tout au long de la réalisation. « Elles prennent le contre-pied de la linéarité et de la régulante représentées par l’implantation des luminaires, le long de la voirie, dans l’axe de l’avenue Jean-Jaurès », commente- t-il.
À noter que ces mâts-totems, baptisés M.I.L.E. par Technilum (comprenez Modulaire Intelligent Lumineux Élégant), peuvent recevoir plusieurs services « Smart-In-Site » : vidéo- surveillance, Wifi, sonorisation.
JD
1 Après Levallois-Perret, Vincennes, Le Pré-Saint-Gervais et Saint-Mandé.
2 Réalisé en profilé d’aluminium de section rectangulaire, avec structure interne fonctionnelle, les dimensions du profil du mât, de type Shiraz GM, sont : 250 mm x 150 mm.