Disparu au cours de la première moitié du XXe siècle, le tramway revient en force en Île-de-France avec un développement sans précédent : 11 lignes ; 235 stations ; 126,8 kilomètres de voies.
En ce printemps 2024, le dernier de quatre tronçons dit des Maréchaux est ouvert.
Durant ces deux décennies d’aménagement urbain, ont été mises en œuvre lampe à décharge iodure métallique ; lampe à halogénure métallisé en céramique ; deux générations de sources LED. Une bonne opportunité pour Tiphaine Treins, créatrice du logiciel LCA-CALC, pour, en collaboration avec Vincent Jacquet1, mesurer les niveaux successifs d’empreinte carbone.
Afin de faciliter les mobilités actives et de participer au développement des transports collectifs, la Ville de Paris a mis en œuvre le projet de tramway T3, la première ligne ayant été inaugurée dès 2006. En ce printemps 2024, est mis en service le « terminus » Porte Dauphine. Le dernier tronçon de ce projet a participé à la profonde mutation du secteur de la Porte Maillot (exten- sion du Palais des Congrès et reconfiguration de l’anneau routier) par l’Atelier Parisien d’Urbanisme (APUR) et la Ville de Paris. Mais n’anticipons pas ! Parcourons les 4 étapes d’aménagement du T3, affirmant son rôle de rocade et de maillage du réseau structurant francilien.
LES 4 ÉTAPES DE L’AMÉNAGEMENT DU T3
2006
PONT DU GARIGLIANO > PORTE D’IVRY
Le premier tronçon du tramway T3 reliant, à Paris, le pont du Garigliano (15e) à la Porte d’Ivry (13e), remonte à décembre 2006, les travaux ayant débuté en 2004. Nous devons son design et la conception de son mo- bilier urbain à Wilmotte & Industries, notamment le candélabre Lutétia créé en collaboration avec Comate- lec Schréder, Petitjean ayant fabriqué les mâts. Les études d’éclairagisme ont été, par ailleurs, confiées au concep- teur lumière Louis Clair.
Au niveau de ce premier des quatre tronçons que compte aujourd’hui le tramway des Maréchaux, tout a été repen- sé à partir des propos de l’architecte-urbaniste Antoine Grumbach, portant sur « la place de l’arbre, de la transpa- rence du lieu et de la lumière ». En résulte un mobilier très caractéristique : marron, couleur historique du mobilier de la Ville de Paris, pour se confondre avec les arbres, et inox, caractéristique du monde technique de la RATP. En finalité, « une conjugaison élégante de courbes et contre courbes » (voir tableau).
POURQUOI L’APPELLATION DU BOULEVARD DES MARÉCHAUX ?
À Paris, les boulevards des Maréchaux représentent un ensemble continu
de boulevards ceinturant la capitale, à la limite de la ville, sur une longueur de 33,7 km. Ils occupent l’emplacement de l’ancienne route militaire qui longeait l’enceinte de Thiers. Ce nom collectif résulte du fait, qu’à sa création, la totalité de ces boulevards portaient le nom de maréchaux du Premier Empire.
2012
PORTE D’IVRY > PORTE DE LA CHAPELLE
À l’occasion de l’ouverture de ce tronçon, le choix a été fait de scinder le tramway T3 en deux axes : le T3a relie le Pont du Garigliano à la Porte de Vincennes ; le T3b relie, après un deuxième prolongement reliant, depuis fin 2018, la Porte de Vincennes à la Porte d’Asnières, via la Porte de la Chapelle. Ces deux axes indépendants per- mettent une adaptation des fréquences au nombre de voyageurs.
2018
PORTE DE LA CHAPELLE > PORTE D’ASNIÈRES
Mis en service en novembre 2018, l’aménagement du prolongement du tramway T3 entre la Porte de la Cha- pelle (18e) et la Porte d’Asnières (17e), a été conçu par Setec et l’agence Reichen et Robert & Associés pour la Ville de Paris. Il a été l’occasion, comme l’ensemble du parcours, d’un renouvellement urbain et d’une refonte des espaces traversés répondant à deux principaux objectifs : l’amélioration de la mobilité urbaine et la re- qualification des boulevards historiques des Maréchaux. Par exemple, ont été aménagés 8,6 km de pistes cyclables supplémentaires, des îlots végétalisés ainsi que des trot- toirs élargis, plus propices à la promenade.
PRINTEMPS 2024
PORTE D’ASNIÈRES > PORTE DAUPHINE
Portée par la Ville, la RATP et Île-de-France Mobilités (autorité organisatrice des transports franciliens), ain- si qu’avec le soutien financier de l’État et de la Région Île-de-France, cette nouvelle extension vers l’ouest de 3,2 km achève le parcours total du Tramway long de 29,8 km2. Est ainsi mis un terme à une nouvelle ré- partition des moyens de transport (tramway, voitures, piétons, vélos…) tout en aménageant l’espace public et en augmentant la présence du végétal. C’est particuliè- rement vrai dans le secteur de la Porte Maillot avec la création d’une large esplanade piétonne, aménagée de- vant la sortie principale du futur prolongement du RER E et la station du tramway, ainsi que l’extension du square Alexandre et René Parodi. JD
QUEL IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT ?
Saviez-vous que certains luminaires de la ville de Paris utilisent encore des technologies qui ne prennent pas du tout en compte l’impact sur l’environnement ? Prenons l’exemple du tramway sur l’ensemble de la périphérie de Paris. Sur les 3 220 mâts à 2 têtes qui éclairent l’ensemble du parcours, seulement 718 utilisent la technologie LED. Le reste est composé de luminaires utilisant des lampes à iodures métalliques, des lampes cosmopolis ou encore des lampes à sodium, qui datent pour la plupart de 2006 à 2012… Avec pour résultat un impact environnemental très lourd et une surconsommation électrique entraînant
des coûts anormalement élevés.
Comment évaluer les gains réalisables dans ces deux domaines ? Nous disposons aujourd’hui d’outils d’ingénierie environnementale qui nous permettent de
quantifier très précisément les économies possibles. Grâce à eux, nous pouvons faire un état des lieux détaillé et proposer la solution optimale, comme le démontrent les diagrammes ci-contre. Sur le circuit de son tramway, la ville de Paris pourrait économiser 33 GWh sur 20 ans et réduire ses émissions équivalent CO2 de 3 000 tonnes… Ces résultats ont été obtenu par l’utilisation de LCA-CALC, le premier calculateur d’impacts environnementaux dédié à l’industrie de l’éclairage. Teddy Tisba
