Perle du savoir-faire d’une filière

Entre la Seine et le Palais de Chaillot, la SPL PariSeine conduit, en collaboration avec les paysagistes de Gustafson Porter + Bowman, la rénovation et le verdissement de 2 hectares de jardin. Dans ce contexte, la rénovation des emblématiques lampadaires Perle, implantés de part et d’autre de la fontaine de Varsovie, représente un parfait exemple de coopération de plusieurs acteurs de la filière éclairage, de la conception
à la mise en œuvre.

En 2019, est confié à l’agence de conception lumière 8’18”1 le projet de rénovation des 16 lampadaires, baptisés Perle, encadrant la Fontaine de Varsovie, au pied du Trocadéro. Dès son origine, rappelle Claire-Lise Bague, « ce projet, nourri par l’existence d’un mobilier lumière renouvelable porteur d’une identité affirmée, a conduit à implanter des luminaires constitués, au maximum, par du matériel rénové, équipés de sources Led ». En son sommet, chaque lampadaire existant était caractérisé par une sphère, en verre prismatique strié dans les deux sens, Europhane S500, éclairant à 360° autour d’elle-même. « À la suite de l’arrêté de décembre 2018, ce principe d’éclairage n’était plus possible », rappelle Claire-Lise Bague. Aussi, poursuit-elle, « pour conserver la valeur patrimoniale du luminaire, son fonctionnement devait être modifié ».

REFONTE ET ADAPTATION

Ce marché atypique a été scindé en deux : d’une part, un marché gré à gré, uniquement de fourniture, auquel a répondu le groupement VHM-Zumtobel-Verre Industrie ; d’autre part, un marché de pose auquel a répondu Citeos. « Nous avons coordonné le groupement de fabricants, liés par contrat direct à PariSeine2 », explique Line Muckensturm en présentant les constituants des luminaires. D’une part, les mâts existants Iéna, qui ne répondaient plus aux normes de sécurité, ont été fondus par le fondeur historique, VHM (Victor Heinrich Molsheim), pour servir de matières premières aux nouveaux mâts de 7,35 m de hauteur (12 mm d’épaisseur de fonte à graphique sphéroïdale). D’autre part, les boules en verre moulé prismatique, procédé co-inventé par l’ingénieur français André Blondel3, en 1893. Il s’agit de demi- sphères S500 Holophane, baptisées Perle, les boules existantes ayant été rénovées et dur cies par la société Verre Industrie ;
Le double système d’éclairage LED quant à lui a été conçu par 8’18” afin de répondre aux contraintes de l’arrêté de décembre 2018. À savoir, un éclairage fonctionnel constitué d’une bague circulaire, installée au bas de chaque sphère, équipée de 10 LED symétriques de 40 W au total, 3 000 K, complété par un éclairage ornemental assurant l’aspect scintillant de la boule, du coucher du soleil jusqu’à 23 heures. Le double système a été industriellement mis au point par ZG Lighting France.


© VHM

La fonte des mâts d’origine fondus a servi à la fabrication des nouveaux qui répondent ainsi aux normes de sécurité actuelles.

© Hervé Piraud

Seize luminaires Perle bordent la fontaine de Varsovie. Emblématiques, ils ont été adaptés aux enjeux actuels plutôt que remplacés.

MISE EN ŒUVRE EN 4 ÉTAPES

La mise en œuvre des 16 luminaires a été effectuée par Citeos Grands Projets, sous la responsabilité de Tristan Crossin. « À ce niveau, notre rôle de coordination a été de s’assurer du bon assemblage du matériel, de faire remonter, aux fabricants, les difficultés relevées sur site pour pouvoir adapter la méthode de montage et de s’assurer in fine que tout fonctionne sur site », commente Line Muckensturm. Il s’est, à la fois, agit d’un rôle de « formation » mené auprès de Citeos, pour que ses équipes connaissent ce mode de pose très particulier ne se pratiquant plus aujourd’hui. Ce fut, également, un rôle de coordination technique permettant de s’assurer que les ensembles fournis par les fabricants étaient adaptés au site et aux conditions de pose.
À noter, par ailleurs, que la coordination avec le lot VRD (confiée à l’entreprise Cochery) et la zone touristique environnante ont représenté deux complexités supplémentaires auxquelles s’est ajoutée la rigueur nécessaire lors de l’assemblage des éléments réalisé en 4 étapes.

  • étape 1 : tirage de câbles constituant 2 réseaux d’éclairage public (un mât sur 2) et un réseau d’illumination ;
  • étape 2 : montage des 3 éléments en fonte constituant chaque mât (400 kg au niveau de chaque fût, plus 50 kg sur le chapeau réglable). « Les mâts étaient appairés par des poinçons permettant un assemblage précis, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur », explique Tristan Crossin ;
  • étape 2 : le chapeau du système d’éclairage ornemental est fixé au niveau des tiges intérieures du système. L’étanchéité du luminaire est assurée à ce niveau ;
  • étape 4 : raccordement de l’ensemble. JD

1 Au nom de 8’18”, ont collaboré à ce projet Georges Berne, Claire-Lise Bague, Line Muckensturm, Mégane Collet, Emma Brinson, Solveig Pezin et Tristan Bullier.

2 Contrôlée par la Ville de Paris, la société d’économie mixte PariSeine a pour objet principal l’étude et la réalisation d’opérations d’aménagements.

3 Co-inventeur avec l’ingénieur grec Spiridion Psaroudaki,

4 André Blondel a déposé son brevet, le 30 septembre 1893, sous le nom de Holophane, ensuite commercialisé par Europhane.

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