TRANSITIONS PROFESSIONNELLES
Pour enrichir ce dossier, nous avons interrogé un jeune bureau d’études et un dynamique fournisseur de systèmes d’éclairage fêtant, cette année, son 10e anniversaire. Le premier, Stéphane Armbruster (BULBing), évoque ses relations professionnelles, notamment avec la MOA. Le second, Damien Sipos (Claréo), amorce la transition technologique et économique abordée par la profession.
LUX Les marchés de l’éclairage évoluent, d’abord avec le déploiement de la technologie LED (il reste toutefois encore beaucoup à faire, principalement dans l’existant intérieur et extérieur), et, ensuite avec l’émergence de nouvelles concurrences et de solutions Smart. Quelles conséquences en tirez-vous au niveau de vos relations avec votre environnement « maîtrise d’ouvrage » et « maîtrise d’œuvre » ?
Stéphane Armbruster Depuis plusieurs années, l’émergence de la technologie LED dans les luminaires, associée à la connectivité des systèmes d’éclairage, devient quasiment incontournable quel que soit le domaine d’application. Toutefois, il reste encore à convaincre de l’intérêt apporté par de nouveaux avantages tant économiques qu’environnementaux ! Dans ce contexte, la maîtrise d’œuvre (MOE) se doit de rester informée afin d’assurer sa mission de veille technologique auprès des maîtrises d’ouvrage (MOA) et, ainsi, de proposer des solutions et systèmes d’éclairage conformes aux nouveaux besoins. Ces veilles technologiques passent par une connaissance des produits proposés par les constructeurs à la base des marchés, de la connaissance des besoins actuels et futurs et par de la recherche de nouveautés portant sur tout type de médias d’information (revues spécialisées, salons professionnels, blogs etc.).
Mais comment convaincre une MOA réticente ? Bien que certaines maîtrises d’ouvrage comptent d’anciens maîtres d’œuvre, une MOA, généralement pas sachante, doit donc se reposer sur les conseils du maître d’œuvre. Nous devons leur présenter des solutions en corrélation avec l’expression de leur besoin, tant au niveau technique que d’un point de vue économique et d’exploitation. En effet, c’est au MOE de convaincre un MOA de la pertinence ou non d’une solution. Mieux ! Dans le cas de nouveautés ou d’innovations, nous pouvons être amenés à faire visiter des sites témoins ou à faire participer les fournisseurs ayant une parfaite connaissance de leurs produits. Mais attention, les fournisseurs n’ayant pas une vision complète des projets, le maître d’œuvre doit rester seul juge de la pertinence technique et économique d’une solution.
Il n’empêche, bien sûr, que la maîtrise d’œuvre ne dispose pas du pouvoir de décision au niveau des choix et orientations techniques développés par les fournisseurs. Nous dépendons des produits qu’ils conçoivent ou arrêtent de fabriquer. Nous pouvons les inciter et les orienter sur les nouveaux besoins remontant des marchés ou de retours d’expériences. Mais les choix de conception et la mise sur le marché de leurs nouveaux produits demeurent spécifiques aux politiques de chaque fournisseur. L’échange fournisseur/MOE est donc impératif afin d’évaluer les marchés actuels tout en anticipant les besoins de demain, tant au niveau des systèmes d’éclairage que des services.
Aujourd’hui, il ne suffit plus à l’éclairage de fournir de la lumière. Il contribue, également, à créer des espaces plus durables, plus économiques et plus personnalisés. Comment répondez-vous à ces nouvelles obligations associant, par ailleurs, le meilleur bien-être des usagers ?
Damien Sipos Depuis une dizaine d’années, nous contribuons à l’évolution des nouveaux besoins et des nouvelles attentes, notamment en développant l’intégration de capteurs dans le réseau d’éclairage ou directement dans les luminaires. Ces solutions assurent une utilisation économique de l’énergie électrique. Par exemple, des détecteurs de présence pilotent l’allumage et l’extinction automatiques de la lumière tandis qu’il est possible de réduire la consommation quotidienne en adaptant le flux lumineux en fonction de l’apport de lumière naturelle dans la pièce.
Ces solutions permettent, également, de personnaliser la lumière en fonction du besoin de chaque individu. Elles fonctionnent grâce à la technologie Bluetooth SIG caractérisée par un réseau maillé sans fil, connectant l’ensemble des luminaires. Il devient ainsi possible, via un smartphone, une tablette ou un ordinateur, de programmer, par groupes ou individuellement, les luminaires en fonction des besoins. Qui plus est, ces luminaires « flexibles et connectés », équipés de LED couvrant une plage de températures de couleur allant de 3 000 K jusqu’à 6 000 K, permettent de reproduire le rythme circadien, autrement dit notre rythme biologique, en simulant une luminosité naturelle tout au long de la journée. Ils contribuent, ainsi, au bien être des usagers.