Surfant depuis longtemps sur l’heureuse vague upcycling qui a déferlé sur le monde du design, Julien Recours a initié une collection de mobilier et luminaires donnant une seconde vie à des carlingues d’avion. Sans détournement outrancier, il produit à l’échelle artisanale, en collaboration avec d’autres designers, des pièces uniques et sur-mesure.
N’est pas collectionneur qui veut ; il semblerait que l’ADN commande ce penchant. Julien Recours compte parmi ceux pour qui accumuler des objets pour composer un ensemble cohérent trace une ligne de vie. Plus jeune, sa quête avait pour objet le design moderne et contemporain. Aujourd’hui, il jette également son dévolu sur toute forme de construction modulaire, préfabriquée, telles que les maisons bulles de l’architecte Jean-Benjamin Maneval, icônes de la conception radicale de l’habitat dans les années 1970… mais aussi sur des composants d’avions de ligne, du trolley au réacteur. Dans tous les cas, il dégote ces morceaux choisis par admiration pour leur design qui se suffit à lui-même, hyper fonctionnel, le résultat d’une ingénierie industrielle tournée vers l’usage. De ce rebus inspirant, il imagine, seul ou en collaboration avec des designers, aussi bien des bureaux que des bars, des canapés ou bien encore des luminaires.
Ci-dessus. Le dôme F-Light constitue une démarcation de l’espace et offre une intimité particulière en dessous. Le système est modulable et déclinable à l’infini ; les panneaux de large peuvent être mis bout à bout suivant la dimension souhaitée.
Ci-contre. Le F-Bar redonne vie à des panneaux/hublots d’A340 surmontés d’un plateau en marbre de Carrare, ou granit ou bien en bois. La lumière provenant des hublots évoque les vols de nuit.
COMME EN LÉVITATION
Créée en collaboration avec le surprenant designer Paul Coudamy, F-Light est une suspension monumentale composée de panneaux intérieurs d’Airbus A300. Chaque appareil de ce type en contient 80 qui ne peuvent être recyclés. Pour Julien Recours, « ces éléments ne fonctionne que s’ils sont utilisés en quantité et non pas seuls ». Une fois mises à nu, ces parois courbes sont simplement assemblées grâce à une structure métallique et des tirants, puis peintes au pistolet. La lumière provient à la fois du contour des hublots, évoquant cette lumière intense propre à la navigation en altitude, mais aussi depuis la surface supérieure recouverte d’un film isolant argenté réfléchissant qui habille le plafond et compense la luminosité. Par deux, par quatre, par six ou même plus encore, il est possible de décliner à l’envi, et sur-mesure, ce système modulaire pour habiller un plafond, définir un espace tout en procurant un éclairage de qualité. Embarquement immédiat pour aller faire un tour du côté de chez Flown.
Lucie Cluzan
Des linéaires LED, fournis par Ambiance Lumière, définissent les contours des ouvertures. La luminosité de ceux placés sur la partie supérieure invisible est réfléchie par la surface métallique et procure un éclairage indirect.